SOS Vietnam

STOP à son annexion génocidaire par la Chine Communiste

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Vietnam global leaders forum : coup de pub et escroquerie d’un régime déliquescent


Après la tentative de récupération des 4 millions de Vietnamiens installés à l’étranger sous la forme d’une fédération d’un soi-disant peuple Kinh expatrié, réuni symboliquement dans un centre prévu à Boissy St Georges, révélée par une escroquerie montée par des entrepreneurs cantonais aux ordres de Pékin avec l’aide d’une poignée de malhonnêtes Vietnamiens (cf. https://sosvietnam.net/?s=Bussy+Saint+Georges), c’est au tour de Hanoï, également en terre française, d’exploiter cette population d’expatriés dans une coûteuse opération de communication destinée à faire croire à l’adhésion à son régime de la crème de ces mêmes millions de Vietnamiens devenus citoyens d’une centaine de pays différents.

Les 30 et 31 mars 2019 s’est tenu à Paris le premier forum d’une association dénommée Vietnam global leaders (VGL), extension d’une association d’experts et de scientifiques vietnamiens (AVSE, Association of Vietnamese scientists and experts, fondée en 2011 sous l’égide de l’ambassade du Vietnam à Paris pour servir d’organe recruteur d’« idiots utiles » au pouvoir communiste de Hanoï. Pour une simple manifestation culturelle destinée à présenter une association en formation, les organisateurs n’ont pas lésiné sur les moyens en louant un hôtel particulier luxueux pour la réunion avec des agapes fastueuses et en prenant en charge les frais d’avion et d’hôtel des personnalités ciblées et invitées. Pour marquer son intérêt Hanoï a délégué à la réunion un groupe d’apparatchiks du monde universitaire et économique cornaqué par la présidente de l’Assemblée nationale qui y délivre un discours officiel.

Ce ne serait qu’une dépense somptuaire de plus pour une opération de propagande sous couvert économico-culturel dont raffolent les dictatures, si elle n’a lieu au moment où les caisses de l’Etat sont vides, où pour se renflouer les autorités augmentent à tour de bras les taxes et promeuvent la prolifération des postes de péage dénommés BOT installés sur les grands axes routiers contre lesquels les usagers n’en finissent pas de protester, sans compter la vente aux Chinois morceau par morceau du territoire national parmi les plus beaux et les plus stratégiques, laquelle obéit à une autre logique, l’allégeance en vue d‘annexion à la Chine. Pour faire croire à la bonne santé de l’économie vietnamienne, la presse aussi bien vietnamienne qu’étrangère ne cesse de s’extasier sur le fort taux de croissance au Vietnam : 6,8% en 2018 ; mais même si on fait confiance à ce chiffre publié par la Banque mondiale (les taux de croissance qu’elle avait attribués et attribue à la Chine sont très contestés actuellement devant la constatation de la fragilité de l’économie chinoise face à la guerre commerciale déclenchée par les USA), il faut, avant de l’applaudir, comprendre ce que cela signifie : il s’agit d’un indicateur de l’évolution (croissance ou décroissance) du produit intérieur brut (PIB/GDP) d’un pays d’une année à l’autre, lequel PIB se calcule en comptabilisant tous les biens et services produits dans un pays, estimés par leur valeur en argent, c’est-à-dire y compris toutes les sommes déboursées pour des projets inutiles, les dépenses incessantes pour la réparation de routes ou bâtiments mal construits, les gaspillages pour des services déplorables, et bien sûr tous les produits générés par les investissements directs étrangers (IDE/FDI) dont les bénéfices sont destinés à être rapatriés chez les investisseurs (Samsung, dont les produits à eux seuls représentent en 2018 24,9% des exportations totales du Vietnam, a ainsi réalisé en 2017 avec ses 4 usines 5,8 milliards USD de bénéfices qui sont comptabilisés dans le PIB du Vietnam alors que sur cette somme seulement environ 400 millions USD reviennent au Vietnam sous forme de taxe – cf. https://www.bbc.com/vietnamese/forum-46721307 ) ; il ne prend en compte ni l’origine (dette ou vol) de l’argent servant à la production de ces biens, ni les effets néfastes de cette production (sur l’environnement, la qualité de vie).

D’après les statistiques gouvernementales publiées le 13/10/2018 (cf. http://www.gso.gov.vn/default.aspx?tabid=382&ItemID=18970 ) au 31/12/2017 on compte au Vietnam 56.417 entreprises en activité, réparties dans les services (le secteur majoritaire avec 390.765 entreprises), dans l’industrie et la construction (164.189 entreprises) et dans le domaine forestier-agricole-aquaculture (très minoritaire avec 5463 entreprises). D’après l’origine de leur capital, ces entreprises sont classées en :

entreprises étatiques qui représentent 32% du PIB en 2016 (capital public à 100% et plus de 50%) et comprennent 2486 unités appelées par le décret 12-NG/TW du 3/6/2017 à se réduire progressivement, tant elles sont vouées à l’impéritie et sont percluses de dettes (en tout plus de 1,53 millions de milliards VND ou environ 68,85 milliards USD – cf. https://vnexpress.net/kinh-doanh/doanh-nghiep-nha-nuoc-dang-ganh-no-hon-1-5-trieu-ty-dong-3827001.html ) malgré le monopole dont elles jouissent,

entreprises non étatiques (capital privé : le gros de la troupe avec 541.753 entreprises, pour la plupart des petites et moyennes unités qui ne concourent qu’à 9% du PIB et sont mises en vente, d’ordinaire aux Chinois, dès qu’elles se développent – cf. https://baomoi.com/khi-thu-tuong-yeu-cau-xay-dung-nen-kinh-te-tu-chu/c/28108474.epi ) et

entreprises IDE (à capital à 80% – 100% étranger) qui représentent 20% du PIB.

Ces dernières qui disposent d’un capital de 265 milliards USD (contre 427 milliards pour les entreprises étatiques et 787 milliards pour les entreprises privées) et réalisent un chiffre d’affaires de 256 milliards USD (contre 139 milliards pour les entreprises étatiques et 526 milliards pour les entreprises privées) dont elles tirent un bénéfice avant taxe de 17 milliards USD (contre 9 milliards pour les entreprises étatiques et 13 milliards pour les entreprises privées), ne rapportent au budget de l’Etat que 11,9 milliards USD (contre 12,6 milliards pour les entreprises étatiques et 18 milliards pour les entreprises privées). Bien qu’elles concourent à plus de 72% des exportations du Vietnam, elles contribuent peu à sa richesse.  Elles exercent également peu d’influence sur le relèvement du savoir-faire des entreprises vietnamiennes, du fait, il faut le reconnaître aussi, d’un système éducatif en débâcle et d’une politique sectaire : Les usines de haute technologie installées au Vietnam ne sont que des usines d’assemblage et de montage, aux produits desquels aucune des entreprises vietnamiennes, faute de compétence reconnue par l’investisseur, ne participe à la fabrication. De plus, nombre des entreprises IDE, en particulier les entreprises chinoises qui ont importé au Vietnam leurs industries les plus polluantes, peuvent se permettre de détruire l’environnement du pays grâce au laxisme des autorités et à la corruption généralisée. Le seul avantage des entreprises IDE pour le pays, c’est qu’elles donnent du travail à la population ou plus exactement directement à 3,6 millions de travailleurs (Le seul Samsung emploie 160.000 personnes) et indirectement à 5-6 millions d’autres, ce qui représente 70% de la main d’œuvre totale dans le secteur secondaire estimée à 14,5 millions, les entreprises étatiques ne donnant l’emploi qu’à 1,2 millions de personnes et les entreprises privées non dépendantes des entreprises IDE à 2,8–3,8 millions (= 8,8 – 5-6 ; cf. http://vneconomy.vn/thu-hut-fdi-nhieu-nhung-chuyen-giao-cong-nghe-con-han-che-2018062515110821.htm ). Malheureusement, ces emplois très mal payés ne suffisent pas à faire vivre les familles des ouvriers surexploités (d’ordinaire 10h/jour, 6jours/7, dans des conditions drastiques).  

Quant à l’agriculture qui représente 22% du PIB, dont vivent 64% de la population, elle périclite à vue d’œil à cause de :

– La dégradation des terres agricoles due au manque d’alluvions, le lessivage en saison des pluies, l’aridité en saison sèche provoquée par :  la retenue des eaux en amont des fleuves par les gros barrages chinois et sino-laotiens quand le Vietnam est à sec et leur déversement en trombe quand le Vietnam souffre d’inondation  ; le réchauffement climatique qui accentue les crues et l’ensoleillement ; la salification progressive des terres dans le bassin du Fleuve rouge et surtout dans celui du Mékong (déjà 16% des terres à riz perdues pour la culture) ; l’utilisation massive des engrais chimiques et pesticides importés de Chine ;

–  La politique d’industrialisation à outrance du pays au détriment de l’agriculture qui ne cesse de perdre des surfaces grandissantes de terres arables confisquées par les autorités autant pour les besoins réels de l’industrie que pour des raisons de spéculation immobilière pratiquées par des cadres corrompus dont les exactions fabriquent des milliers de paysans sans terre ;

– La surexploitation des eaux de surface comme des eaux souterraines et leur pollution par une industrie à la technologie obsolète importée de Chine, très gourmande en eau, ce qui cause une pénurie d‘eau douce dans tout le pays et par suite un recours renforcé aux eaux souterraines pour l’agriculture et l’usage domestique avec des perspectives dramatiques en cas de sécheresse comme c’est actuellement le cas dans le Sud.

– La politique dirigiste absurde tournée vers l’exportation à tout prix : d’où l’obligation pour les paysans de faire trois récoltes de riz par an pour augmenter la production et par suite le choix d’une variété de semences de riz traitées en Chine et la nécessité de recourir aux engrais pour amender une terre fatiguée ; ce sacrifice de la qualité au profit de la quantité (fini les multiples variétés d’excellent riz spécifiques au Vietnam) qui rend la culture du riz doublement tributaire de la Chine pour les semences et l’engrais n’enrichit même pas le paysan qui doit trimer 2 à 3 fois plus (avant 1975 ils n’avaient besoin de faire qu’une à deux récoltes par an) pour gagner moins parce que son produit de moindre qualité vaut moins cher alors qu’il doit débourser plus pour payer semences, engrais et pesticides, et aussi parce que les entreprises exportatrices liées à l’Etat le pressurent pour obtenir le prix le plus bas afin qu’elles puissent l’emporter sur les marchés internationaux. De plus, comme 70% des produits agricoles sont exportées vers la Chine et que l’Etat laisse les marchands chinois aller et venir à leur guise et approcher directement les producteurs, les paysans isolés (le syndicat officiel des agriculteurs, composé de fonctionnaires, ne se préoccupant guère de leur prêter aide et conseil) se laissent facilement piéger par les ruses de ces derniers qui les met à leur merci pour les obliger à vendre à perte et même les ruiner afin d’acheter leurs terres. Soit dit en passant, la priorité à l’exportation sans souci de la demande domestique associée à l’ouverture en grand des frontières du nord a pour conséquence paradoxale une importation massive de Chine des mêmes genres de produits agricoles vendus aux Chinois, mais de moindre qualité et surtout préalablement trafiqués et empoisonnés aux produits chimiques toxiques !

Le résultat est qu’à part une minorité de gros agriculteurs, la masse paysanne vit dans l’extrême misère, souvent avec moins de 100 USD par mois, au point que l’agriculture manque de main d’œuvre, les jeunes campagnards préférant émigrer en ville et même à l’étranger et que certaines régions dans le sud-ouest et le centre touchées par la disette se désertifient.    

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Sécheresse et pénurie d’eau

Pour ce qui est de la pêche, activité naguère florissante, elle est en voie d’effondrement à cause de la pollution des eaux côtières par les rejets chimiques des usines chinoises dont la fameuse Formosa, ainsi que du fait de l’appropriation de la ZEE vietnamienne par la Chine qui interdit aux Vietnamiens d’y pêcher sous peine d’être abattus. Quant à l’aquaculture, elle se défend tant bien que mal dans le contexte des eaux polluées dont les substances toxiques se retrouvent souvent dans les crevettes et poissons, les rendant impropres à l’exportation à l’étranger (mais jugés quand même propres à la consommation locale !).    

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Relation entre le taux d’ habitants de plus de 5 ans n’étant jamais allé à l’école (les points) et le taux de familles pauvres (les couleurs) – ex. Trithucvn.net

Par suite, un PIB élevé ne signifie pas automatiquement que le pays se développe ou s’enrichit. Si enrichissement il y a, c’est uniquement celui du Parti et de ses séides, celui de tous les détenteurs du pouvoir et de leurs « arrière-cours ». A l’ombre des grands immeubles modernes et des complexes luxueux (pour la plupart propriétés d’étrangers, en particuliers chinois), la majorité du peuple vit dans la misère : La Banque mondiale qui chiffre (pour 2017) le salaire moyen au Vietnam à 2160 USD/an soit 180 USD/mois, n’y compte cependant que 9% de pauvres, comme si la masse de la population qui ne gagne qu’autour de 200 USD n’est pas déjà pauvre ! Les 9 millions qui n’ont accès à aucun service public (dont aucun n’est gratuit au Vietnam, même dans la santé et l’éducation) et ne disposent même pas d’un revenu minimum (qui se monte, d’après l’arrêté 157/2018/NĐ – cf. https://vanbanluat.pro.vn/157-2018-nd-cp-quy-dinh-muc-luong-toi-thieu-vung-doi-voi-nguoi-lao-dong-lam-viec-theo–468e863b29ef9b5.html , à de 2.920.000 à 4.180.000 VND, soit de 92 à 208 USD, selon les 4 régions de départage gouvernemental déterminées de façon plutôt mystérieuse, lequel arrêté ne règle que les salaires sous contrat, ce qui laisse entendre que les salaires libres qui constituent la grande majorité du travail payant peuvent être beaucoup plus bas) ne sont pas des pauvres, mais des miséreux ! Si encore le coût de la vie y est proportionnel aux salaires ! Certes, beaucoup de prix sont fort bas par rapport aux revenus occidentaux, mais ceux de nombre de produits de première nécessité se rapprochent de ceux des pays riches, comme par exemple l’électricité (actuellement : 1864,49 VND/kwh soit 8 cents/kwh par rapport à 12 cents/kwh aux USA) et l’essence (E5, de moindre qualité, à partir du 16/3/2019 : 17210 VND/litre soit 74 cents/l contre 70 cents/l aux USA pour une essence de meilleure qualité). Et cette misère n’est pas fatale mais causée entièrement par la politique insensée et servile (envers la Chine) du pouvoir de Hanoï

Et le sort du peuple ne risque pas de s’améliorer parce que le gouvernement vietnamien tient à attirer les investisseurs étrangers avec le bas niveau des salaires en empêchant leur relèvement (qui aurait par ailleurs fait gonfler ses frais de fonctionnement administratif qui composent déjà 66,3% du budget national (selon le budget prévisionnel de 2018 publié par le Ministère des finances vietnamien le 25/12/2017), le bas coût salarial étant le seul critère qui puisse les persuader, les autres tels un bon ensemble juridique, une infrastructure étendue et une main d’œuvre qualifiée laissant à désirer. Incompétent et corrompu, ce gouvernement a mis l’économie du pays à plat avec des pertes colossales dans les entreprises étatiques dont les dettes sont si énormes (68 milliards USD) que le pouvoir refuse de les comptabiliser dans les dettes nationales comme c’est l’usage, car additionnées aux 3,1 millions de milliards VND ou 139,5 milliards USD des dettes officielles, le vrai montant des dettes nationales sera de 207,5 milliards USD, c’est-à-dire 92,6% du PIB (223,9 milliards USD en 2017) et non plus 61,3% comme s’en félicite le pouvoir qui s’est fixé une limite critique à 65%. Et encore il s’agit ici des chiffres officiels, les économistes de l’opposition estimant les chiffres officiels non fiables et ce taux à 235% du PIB.

A cause de cet endettement, le budget national de 1.319.200 milliards VND, soit environ 59,3 milliards USD (cf. www.mof.gov.vn/webcenter/portal/btc/r/lvtc/slnsnn/sltn/dutoan/sltn_dutoan_chitiet?dID=30141&dDocName=MOFUCM118693&_adf.ctrl-state=ltbiw6lzb_4&_afrLoop=29692670506211302 ), une fois le remboursement obligatoire d’une partie des intérêts et des dettes à échéance (272.000.342 milliards VND ou environ 12,2 milliards USD) payé, ne suffit même pas à assurer l’entretien d’une bureaucratie débridée (1.180.515 milliards VND ou 53,1 milliards USD), a fortiori pour soutenir le développement et faire face aux problèmes urgents. En outre, près de la moitié des dettes étant contractée à l’étranger en dollars, pour remplir ses obligations internationales le pouvoir vietnamien est obligé de réemprunter de l’argent (16 milliards USD en 2018) sur le marché mondial à un taux d’intérêt fluctuant, la Banque mondiale, la Banque de développement asiatique et les fonds monétaires internationaux ayant retiré au Vietnam le privilège du taux préférentiel depuis 7/2017. La corruption des cadres s’aggravant et les dépenses de l’Etat ne cessant d‘augmenter, ne fût-ce que pour payer les services de police et de propagande (dont le forum VGL est le produit) nécessaires au soutien d’un parti en débandade contre une population de plus en plus désendoctrinée et révoltée, le Trésor se vide de ses réserves :  à l’encontre du gouverneur de la banque du Vietnam qui se félicite d’un record de 57 milliards USD de devises en réserve pour 2018, les statistiques du World Factbook de la CIA estiment ces réserves à 38,75 milliards USD et le journaliste dissident Phạm Chí Dũng à seulement 30 milliards dont 1/3 sous forme de bons du Trésor américain (https://www.voatiengviet.com/a/du-tru-ngoai-hoi-cua-viet-nam-lap-ky-luc-moi/4244946.html ) ; et le chiffre des 57 milliards n’a été avancé que pour faire croire que l’économie se porte bien, puisque ce montant des réserves qui suffit pour pourvoir à trois mois d’importation satisfait au minimum des prescriptions internationales.

C’est dans ce contexte de quasi-faillite de l’Etat qui dure depuis trois ans que le pouvoir communiste de Hanoï s’est mis à courtiser de plus belle les Vietnamiens installés à l’étranger qui lui rapportent chaque année environ 10 milliards USD équivalant à 7% du PIB vietnamien, avec un maximum de 13,5 milliards en 2015, par leurs envois d’argent destinés aux parents restés au pays, leurs dépenses en tant que touristes nostalgiques, et parfois leurs investissements dans des petites entreprises. D’anciens traîtres ou suppôts du capitalisme, les exilés sont devenus dans les discours officiels (mais pas dans la propagande interne) des « tronçons d’intestin d’à mille lieues » (= frères lointains, expression sortie la première fois en 2015 de la bouche du président d’alors M. Trương Tấn Sang lors d’une visite officieuse aux USA) « inséparables de la nation ». Mais malgré les chiffres à la hausse chaque année de la Banque mondiale et des officiels communistes à propos de ces fonds envoyés par les Vietnamiens de l’étranger (dénommés improprement Việt kiều), estimés par eux à 15,9 milliards USD en 2018, la manne des devises gratuites d’outremer baisse inexorablement depuis 2016 selon Phạm Chí Dũng qui ne l’évalue qu’à 8,5 milliards USD cette même année (cf. https://www.voatiengviet.com/a/ngan-hang-the-gioi-kieu-hoi-2018/4710815.html). S’il faut en croire le vice-directeur de la filiale à Saïgon de la Banque nationale Nguyễn Hoàng Minh qui déclare que le Sud du pays reçoit 50% de cette manne et chiffre cette demi-part à 5 milliards USD en 2018 (cf. https://nld.com.vn/kinh-te/kieu-hoi-do-ve-tp-hcm-20190118214803264.htm), le montant de ces fonds s’élève alors à 10 milliards USD et est vraiment sur la pente descendante, loin des rodomontades des dirigeants sur le soutien grandissant des Vietnamiens d’outremer.

Cette baisse du filon venant des exilés à partir de 2016 est un coup dur pour le pouvoir de Hanoï car il coïncide avec le moment où il a un besoin urgent de dollars frais pour s’acquitter des annuités de ses dettes comprenant depuis 2015 celles des 80 milliards USD de prêts APD (aide publique au développement /ODA official development assistance) qui arrivent justement à échéance, lesquels prêts préférentiels à longue durée et à très faible intérêt, ne sont plus renouvelés depuis 2014, vu leur mauvais usage et les rapports mensongers des fonctionnaires vietnamiens dénoncés en premier lieu par le Danemark (2012) et la Norvège (2013), pourtant à l’origine les plus empressés à aider le Vietnam. Si les 80 milliards avaient été utilisés à bon escient pour les infrastructures comme le stipulaient les conditions du prêt, au lieu d’être détournés (20-25%) dans les poches d’une bande d’apparatchiks et d’être déviés de leur but pour renflouer des banques mal gérées et construire bâtiments publics et monuments, etc. (cf. https://www.voatiengviet.com/a/them-bang-chung-xai-tien-oda-sai-muc-dich-o-vn/3673325.html) , le Vietnam serait aujourd’hui pourvu d’un réseau routier et ferroviaire de qualité et d’autres commodités modernes et non d’un chemin de fer vétuste, d’un ensemble clairsemé de routes en mauvais état, d’un système de voirie inefficient, etc.

Loin d’être aussi encourageante que le prétendent les experts internationaux, l’économie vietnamienne bat de l’aile. Pour ses dépenses intérieures en VND, le pouvoir démuni peut toujours imprimer des billets à volonté : A l’approche du nouvel an lunaire (Tết) de cette année 2019 la Banque nationale a fait tourner la machine à billets pour écouler sur le marché 47.500 milliards VND (environ 2 milliards USD) après une même manœuvre au Têt 2018 pour une somme beaucoup plus importante (93.000 milliards VND/4 milliards USD) – cf.  https://www.voatiengviet.com/a/vi-sao-tong-47500-ty-dong-sat-tet/4773363.html ), ce qui a provoqué une grosse inflation d’au moins 30% et non autour de 4% comme le notent les agences internationales, FMI entre autres (leurs experts se sont sûrement contentés de recueillir les données officielles au lieu de se rendre sur place pour écouter les plaintes des ménagères obligées de débourser chaque année près du double pour la même quantité de vivres !). Mais pour le paiement des dettes en monnaie étrangère et des importations, il lui faut trouver des dollars. D’où des campagnes régulières poussant les citoyens à convertir auprès des banques leur bas de laine en or et en dollars (que le pouvoir estime on ne sait par quel moyen à 500 tonnes d’or et 60 milliards USD) en VND pour le dépôt desquels depuis 2018 on leur promet un taux d’intérêt de 4 à 9% au lieu de 0% s’ils gardent l’argent en dollars. Mais ces campagnes ont peu de succès tant la population est méfiante, échaudée par plusieurs banqueroutes légales sans garantie pour les dépôts au-delà de 75 millions VND (environ 3000 USD).

Reste alors l’apport des Vietnamiens de l’étranger flattés plus que jamais par les dirigeants de Hanoï. Or, des 4,5 millions de ces expatriés, 1,5 sont des citoyens du Vietnam communiste en majorité « exportés comme main d’œuvre » inférieure ou servile à l’étranger (surtout les pays d’Asie (Taïwan, Corée du Sud, Japon, Chine, Hong Kong …) dont les envois d’argent au pays ne représentent que 6-7 % de la provende totale, 80 à 90% de cette dernière étant le fait des près de 3 millions vivant dans les pays occidentaux (USA, Canada, France) dont ils sont devenus citoyens (cf. http://nhandan.com.vn/baothoinay/baothoinay-kinhte/item/38394702-on-dinh-nguon-luc-kieu-hoi.html ). Composée pour la plupart des ressortissants de l’ancienne république du Sud-Vietnam et de leurs descendants, cette communauté est fortement anti-communiste, même si nombre d’entre eux comme beaucoup de membres de la jeune génération préfèrent oublier le passé pour mieux jouir de leur nouvelle vie occidentale. Comptant sur cette plage de non activistes opportunistes, le pouvoir vietnamien prend dès 1994 une batterie de mesures destinées autant à les faire revenir en touristes (ces dernières années au nombre de 400.000 à 500.000 par an) ou en investisseurs qu’à neutraliser leur hostilité, les retourner en faveur du régime et exploiter leur position et influence, afin « que notre gouvernement puisse les utiliser comme des têtes de pont à l’étranger », politique explicitée dans l’arrêté n°36 /NQ-TW du Bureau politique du 26/3/2004 (cf. http://nguoiviethaingoai.org/4_8.html ). Parallèlement à des dispositions juridiques permettant aux citoyens étrangers d’origine vietnamienne de revenir s’installer au pays, d’y travailler, d’être exemptés de visa, d’avoir les mêmes droits que les citoyens, des suppôts du régime, anciennement ou récemment émigrés, sont chargés à la fois de noyauter les groupements et associations des Vietnamiens libres ou nationalistes (par opposition aux communistes soumis à la Chine) pour y semer la zizanie et de créer des structures concurrentes dans un but de propagande en s’alliant avec des sympathisants de la gauche locale.  

Pour approcher les Vietnamiens d’outre-mer et susciter leur adhésion, ces organisations d’inspiration gouvernementale s’avancent masquées, se disent souvent apolitiques, font appel au patriotisme ou à l’attachement des exilés envers le pays de leurs ancêtres tout en gommant les aspects dictatoriaux du Vietnam pour le présenter comme un pays en développement normal. Elles n’annoncent jamais leur couleur mais se cachent sous des appellations neutres ou des objectifs nobles pour mieux tromper leur monde : Solidarité, Association des étudiants vietnamiens… Malgré les budgets conséquents qui leur sont attribués, le succès n’est guère au rendez-vous. Depuis l’ouverture du Vietnam aux exilés, sur 4,5 millions seuls 3000 Vietnamiens à passeport étranger, dont environ 400 « intellectuels et experts », sont revenus (au rythme de 200-300 par an) s’installer au pays, apportant avec eux 2 à 4,2 (selon les sources) milliards USD 70% desquels servent à investir dans de petites entreprises et 22% dans l’immobilier, le reste étant distribué à leurs proches (cf. http://www.sggp.org.vn/kieu-hoi-doi-dao-567780.html et https://www.voatiengviet.com/a/ha-noi-tim-cach-chieu-du-kieu-bao-vn/3655470.html ). La grande majorité des Vietnamiens d’outre-mer boycotte ces agences gouvernementales, optant sans le dire à l’instar de la plupart de leurs compatriotes d’Australie (au nombre d’environ 300.000) pour la politique des « trois non » : pas de contact, pas de dialogue, pas de compromission et de réconciliation avec le parti communiste vietnamien (cf. http://vietinfo.eu/viet-nam-que-huong/quan-he-uc-viet-va-chinh-sach-%E2%80%9C3-khong%E2%80%9D-cua-cong-dong-nguoi-viet-hai-ngoai.html).

Parmi les exilés, le pouvoir cible surtout les 500.000 intellectuels, experts et entrepreneurs, c’est-à-dire tous ceux ayant réussi en matière culturelle, scientifique et économique dont le ralliement lui apporterait indirectement de la notoriété, un appoint de matière grise et, ce qu’il convoite le plus, des contributions financières (pour rembourser ses dettes et continuer à payer son énorme appareil répressif). Extrapolant à partir des 10 milliards USD envoyés par an, il estime les revenus des Vietnamiens d’outre-mer à au moins dix fois plus (50 milliards USD), fortune dont l’élite détient forcément la plus forte part et dont il veut tirer profit, ce qu’avoue sans ambages le premier ministre Nguyễn Xuân Phúc en appelant les Vietnamiens de l’étranger à «chercher diverses sources pécuniaires dans leur communauté pour envoyer plus d‘argent au Vietnam » lors d’une réunion avec 100 Vietnamiens de l’étranger revenus fêter le Tết 2019 (cf. https://www.sbtn.tv/thu-tuong-csvn-mong-nguoi-viet-hai-ngoai-tim-nhieu-nguon-tien-khac-nhau-de-gui-ve-nuoc/). Le pouvoir enrobe cependant cette soif d’argent sous le besoin de développement du pays, au nom duquel il demande l’appui des personnalités d’influence étrangères d’origine vietnamienne ou non. D’où ces colloques et conférences sur les thèmes de développement organisés à grands frais, souvent avec des subventions de l’ONU (ceux des programmes Tokten et Umbrella), où des spécialistes sont invités à donner leur avis, avec pour résultats des rapports et actes aussitôt mis au panier, les conseils prodigués n’étant jamais suivis sauf si les projets recommandés sont pris à charge par un pays ou un organisme participant.

Le fait est que toutes les propositions pour une gestion efficiente des ressources, l’amélioration des services, ou une réforme du système se heurtent aux pratiques du régime et à son idéologie. Les dirigeants communistes dont le seul souci est la pérennité du Parti ne peuvent que rejeter toutes les mesures risquant d’affaiblir leur pouvoir même au prix de l’enfoncement de leur pays dans la misère et dans la sujétion à l’ennemi héréditaire. Pour empêcher l’effondrement économique et prolonger leur survie, ils ne peuvent compter que sur l’accroissement des investissements étrangers (autres que Chinois lesquels n’investissent et ne prêtent que pour mieux asservir et détruire) et des subsides des exilés. Ce qui explique leurs efforts pour faire croire à leur nationalisme (id est leur indépendance par rapport à la Chine) et à la bonne santé de l’économie nationale en vue de rassurer les éventuels investisseurs (en particulier ceux qui se détournent de la Chine à cause de sa politique prédatrice), ainsi qu’à leur sincère préoccupation pour le bien du pays afin de se concilier les Vietnamiens d’outre-mer.

Dans la réalité, les seules entreprises étrangères qui trouvent leur avantage en délocalisant au Vietnam sont les grandes compagnies internationales qui cherchent à minimiser leurs coûts salariaux lesquels constituent autrement 50% de leurs frais généraux. Le gouvernement vietnamien, incapable de procurer du travail à ses citoyens, déroule le tapis rouge pour retenir les gros employeurs, non seulement en maintenant le bas niveau des salaires, mais encore en les exemptant de taxes et d’impôts. Les petits et moyens entrepreneurs, négligés par l’Etat, qui jouissent de moins d’avantages fiscaux, sont à la merci des apparatchiks locaux ; ils peuvent jouir d’une certaine tranquillité tant qu’ils sont des gagne-petit et servent de publicité pour le régime, mais dès qu’ils prospèrent, soit ils s’entendent avec les autorités en payant des pots-de-vin conséquents, soit ils finissent par se faire voler leur affaire et plier bagage. Les entrepreneurs d’origine vietnamienne floués retournent en général au pays dont ils sont citoyens en gardant le profil bas par crainte de moquerie à propos de leur naïveté, à l’exception de Trịnh Vĩnh Bình dont les déboires, assez représentatifs sont devenus célèbres grâce à sa réaction audacieuse :  Hollandais d’origine vietnamienne revenu investir avec succès au Vietnam en 1987 dès l’ouverture du pays, il se vit arrêté une dizaine d’années après pour des motifs infondés, dépouillé de son usine, ses terrains et immeubles, puis condamné en 1999 à 11 ans de prison sur instigation des dirigeants locaux (à Vũng Tàu où s’est développée son entreprise d’exportation de crevettes) ;  évadé de prison à l’aide de l’achat de ses geôliers, il fit traîner en 2003-2006 le gouvernement vietnamien devant le tribunal d’arbitrage international de Stockholm obligeant la partie adverse à un compromis constitué par la restitution de ses biens en plus d’un dédommagement de 15 millions USD. Cet engagement n’étant pas observé malgré ses relances, il intenta en 2015 contre le gouvernement vietnamien une nouvelle action auprès du tribunal d’arbitrage international, et le procès tenu à Paris en août 2017 vient d’aboutir à un verdict rendu le 10/4/2019 qui contraint le Vietnam à lui payer 38,51 millions USD pour les pertes et le préjudice subis en plus des 7,9 millions de prise en charge des frais de justice.

A part les Chinois qui considèrent déjà le Vietnam comme une province sujette (la propagande de Pékin l’enseigne ainsi à ses citoyens) et y investissent à tout va, achetant et rachetant tout ce qu’ils peuvent, au point que la Chine devient officiellement (officieusement on la crédite de la possession de 80% des entreprises et au moins de la moitié de l’immobilier du pays) depuis ce premier trimestre 2019 le 1er investisseur du pays (cf. https://congthuong.vn/trung-quoc-la-nha-dau-tu-nuoc-ngoai-lon-nhat-trong-quy-i2019-tai-viet-nam-118253.html ), les entrepreneurs étrangers au Vietnam originaires ou non du pays, autres que les profiteurs de main d’œuvre à bon marché, qui s’attendent, sur la foi des avis optimistes du FMI ou de la Banque mondiale comme de la propagande du Parti, à faire de bonnes affaires dans un pays « normal » à fort potentiel, déchantent tôt ou tard, à force d’être confrontés à la corruption généralisée, à l‘inconsistance juridique, à la bureaucratie tatillonne et à un environnement de plus en plus pollué.  Signe de la débandade généralisée : le retrait des grandes banques internationales du Vietnam depuis 2012 (avec intensification en 2017) sous la forme de vente de leur part d’actions dans les banques vietnamiennes pour un total correspondant à 400 millions USD , alarmées par le montant des créances douteuses de ces dernières ((600.000 milliards VND ou environ 27 milliards USD, auxquels il faut ajouter 300.000 milliards VND confiés à la société vietnamienne de gestion d’actifs ou VAMC (Vietnam asset management company), créée par l’Etat pour soulager les banques, ce qui les fait monter à 40 milliards USD – cf. https://www.nguoi-viet.com/binh-luan/ngan-hang-ngoai-quoc-rut-von-khoi-viet-nam-vi-bat-chinh-tri/ )) et par le vote le 15/1/2018 d’une loi sur la restructuration des banques qui permet la banqueroute sans garantie de l’Etat. Ainsi, à l’instar de la Standard Chartered (de Grande-Bretagne et Hong Kong), de la HSBC (Hong Kong and Singapore banking corporation), de la CBA (Commonweath bank of Australia), de l’ANZ (Australia and New Zealand banking group), le 26/12/2017, après 10 ans de présence au Vietnam, BNP-Paribas l’a quitté en se débarrassant de ses 17 millions d’actions – équivalant à 18,68% du capital – de l’OCB (Orient commercial bank / Ngân hàng đông phương).

Quant aux intellectuels ayant réussi dans le monde académique et scientifique que le régime s’évertue à attirer dans les filets de propagande de ses associations pour qu’ils reviennent faire profiter étudiants, chercheurs et cadres vietnamiens de leur matière grise et leur réseau professionnel, rares sont ceux qui répondent positivement à cet appel. Des 200 qui reviennent chaque année, la plupart ne reste que pour des périodes limitées, ceux qui se réinstallent pour de bon au Vietnam se comptent sur les doigts de la main. Ces derniers, touchés par l’appel à leur patriotisme et assez naïfs pour faire confiance aux promesses de Hanoï, veulent aider leurs compatriotes en servant dans l’enseignement et parfois l’administration. Pétris d’idéalisme, ils ont quitté une position enviée, bien rémunérée, afin de venir travailler au Vietnam comme professeurs ou administrateurs pour un salaire dix fois moindre. Mais leur bonne volonté et leur « sacrifice » s’avèrent vains. Malgré les déclarations d’amour des gouvernants à leur égard, leur présence n’est pas vraiment souhaitée par les autorités et leurs collègues locaux, les premières parce qu’elles redoutent l’influence sur les étudiants et leur entourage de leur esprit libéré sinon libéral acquis durant leur séjour et leurs études dans les pays démocratiques, et les seconds parce qu’ils jalousent leur chance et leur succès et les voient souvent comme des rivaux. En vivant en permanence au pays, à moins de se rendre volontairement sourds, aveugles et muets devant la réalité sociale et trahir ainsi autant le peuple qu’ils veulent aider que leur qualité d’intellectuels, ils ne peuvent que constater les injustices régnantes et l’inanité de leurs efforts d’amélioration du secteur dont ils s’occupent. Mais gare à eux s’ils se mettent à agir selon leur conscience, c’est-à-dire au moins dénoncer les faits négatifs dans leur métier et transmettre des notions de liberté et de démocratie à leurs étudiants. Aussitôt, ils se voient virés de leur poste et obligés de repartir d’où ils sont venus. Tels sont les deux cas typiques suivants, parmi les plus récents : 

Trương Nguyện Thành, de nationalité américaine, professeur de chimie à l’université d’Utah de 1992 à 2002, après de nombreux brefs séjours au Vietnam pour s’occuper de la création et de la direction de l’Institut des sciences et mathématiques de Saïgon sur invitation de la municipalité de la ville (2007-2017), est revenu s’y installer en permanence pour exercer la fonction de vice-président de l’université privée Hoa Sen en fin 2016. Au bout d’un an, comme convenu, il a été élevé au poste de président par le Conseil d’administration de l’établissement en mai 2018, mais le ministère de l’éducation y a mis son veto en invoquant la disposition 2a de l’article 20 de la loi sur les universités qui exige du candidat une expérience de 5 ans dans une fonction administrative similaire, condition que ne remplit pas l’intéressé. Dépité, M. Thành a regagné les Etats-Unis poursuivre ses recherches à l’université d’Utah. Pour les initiés, le prétexte utilisé par le ministère n’est qu’un paravent – la nomination de sa prédécesseuse, peu qualifiée académiquement et ne répondant pas plus à la condition susdite, n’a soulevé aucune objection ministérielle – pour dissimuler les vraies raisons de l’éviction du professeur : dans la querelle de pouvoir entre les actionnaires de l’université, il est la bête noire des conservateurs en phase avec les cadres du ministère ; ses manières anticonformistes et ses discours réformistes en faveur de la créativité ne correspondent pas à la première exigence de la même disposition légale à savoir «  être pourvu des qualités politiques » c’est-à-dire être docile à l’égard du Parti en s’adaptant au système (cf. http://www.viet-studies.net/QuachHaoNhien_VuTruongNguyenThanh.html).

Le centralien français Lê Nguyễn Minh Quang a décidé aussi en 2016 de quitter son poste de Directeur général de l‘entreprise française Bachy Soletanche Vietnam afin de devenir Directeur du Service administratif du chemin de fer urbain de Saïgon (MAUR ou Management authority urban railways), chargé de la construction du métro de la ville dont la première étape est la ligne Bến Thành – Suối Tiên (19,7 km). Plus de deux ans après, en début de janvier 2019, voilà qu’il est débarqué brutalement de son poste avec des poursuites en perspective pour avoir pris l’initiative de réduire l’épaisseur du mur diaphragme de 2m à 1,5m – sans impact sur la sécurité selon lui – pour raison d’économie d’argent et de temps. Son évincement entre en fait dans le cadre d’un règlement de compte entre communistes du nord partisans de la politique fortement prochinoise et les communistes du sud plus méfiants envers Pékin, ce qui explique leur réticence à confier la maîtrise d’œuvre des grands projets au Sud aux Chinois comme c’est l’usage au Nord. Le projet du métro lancé en 2007, financé en grande partie par un prêt APD du Japon et par suite confié pour la réalisation à des entreprises japonaises, devait coûter au départ 17.399 milliards VND (780 millions USD), mais en 2011 des lenteurs et ajustements et certainement aussi des malversations ont fait monter la somme à 47.235 milliards VND (2 milliards USD) que ratifient le président du Comité populaire de Hochiminhville Lê Hoàng Quân et le Vice-directeur du MAUR en même temps Secrétaire délégué du Parti au sein de ce service Hoàng Như Cương. Or, la loi vietnamienne oblige tous les projets dépassant 30.000 milliards VND (1,5 milliards USD) à être soumis à l’approbation du premier ministre. Saisissant ce vice de procédure, le pouvoir central refuse de débloquer une somme redevable aux entreprises de construction (110 millions USD) pour venir en aide à la municipalité de Saïgon à court d’argent – ce qui provoque la colère de l’ambassadeur du Japon – tout en procédant à une enquête gouvernementale sur la gestion du métro. Par peur des sanctions ou ennuis, 52 des 173 cadres gestionnaires et spécialistes (dont M. Quang) donnent leur démission, le dénommé Hoàng Như Cương s’enfuyant même aux Etats-Unis. Le refus de Hanoï de payer pour Saïgon obéit-il à une pression de Pékin ? Toujours est-il que, profitant du mécontentement du Japon, la Chine se met aussitôt sur les rangs, proclamant déjà dans ses journaux sa reprise du projet. Pour ne pas laisser le champ libre à la Chine, le Japon a mis de l’eau dans son vin (cf. https://www.rfa.org/vietnamese/news/blog/metro-benthanh-suoitien-replace-japan-by-china-12312018214442.html ).

Par idéologie, angélisme ou simplement intérêt, les Vietnamiens qui rentrent au Vietnam actuel se voilent l’esprit sur la situation dramatique du pays sous l’emprise de deux pouvoirs totalitaires aussi féroces que mensongers, celles de Hanoï et de Pékin son patron. Les dirigeants communistes vietnamiens sont tellement englués dans leurs compromissions et leurs combines pour s’enrichir et se maintenir aux commandes qu’ils ne changeront jamais d’eux-mêmes le système et empêcheront toujours toute velléité de réforme structurelle, de changement de pensée et de comportement. Ils n’ont rien à faire des intellectuels de l’étranger imbus de leur savoir qui se mêlent de perturber le statu quo. Quel besoin le régime a-t-il des individus de talent étrangers quand ils se font proposeurs de réformes et d’améliorations, alors que les préconiseurs de changement, tous de dangereux fauteurs de troubles avec leur discours sur la liberté, le patriotisme et la démocratie regorgent déjà dans le pays même, où il n’y a pas assez de prison pour les enfermer tous ? L’exemple de Trần Huỳnh Duy Thức (cf. https://tranhuynhduythucofficial.wordpress.com/tieng-viet/tieu-su/ ), ingénieur et entrepreneur de la trempe des Bill Gates si on l’avait laissé faire, précurseur de l’industrie informatique au Vietnam avec sa compagnie EIS (Electronic information system) et de la téléphonie sur internet avec sa compagnie OCI (One connection inc.) dotée de filiales à Singapour et en Californie, qui croupit en prison depuis 2010 pour avoir osé prôner des réformes économiques libérales, devrait pourtant faire réfléchir les VGL ralliés au régime. Derrière le motif politique invoqué pour justifier la peine de 16 ans d’enfermement à son égard, ces intellectuels ne discernent-ils donc pas la jalousie des autorités devant toute supériorité, intelligence et pensée indépendante qui constituent une menace mortelle pour tout pouvoir basé sur l’ignorance et l’abrutissement de ses citoyens tel le pouvoir communiste ? Raison pour laquelle les inventeurs lui portent ombrage et ne sont guère encouragés. Tel est le cas de Trần Quốc Hải ou Hai Lúa paysan imaginatif et féru d’inventions, habitant de la commune de Suối Dây, district de Tân Châu, province Tây Ninh, qui défraie la chronique : constructeur de nombreuses machines agricoles et d’hélicoptère téléguidé pour la pulvérisation dans les champs, dédaigné par les autorités locales et interdit même de continuer ses essais d’hélicoptère, engagé par contre par l’armée cambodgienne d’abord pour développer la culture du manioc avec une machine de son cru, il réussit à réparer pour elle 11 tanks russes que les ingénieurs russes, polonais et aussi vietnamiens ont été incapables de remettre en état et même à lui construire un tank de bien meilleure qualité, à la suite de quoi il a été décoré et promu en 2014, avec son fils et assistant, général de corps d’armée par le roi du Cambodge (cf. https://viettimes.vn/hai-lua-viet-che-tao-xe-boc-thep-nguoi-campuchia-ne-phuc-236036.h

L’invitation à revenir contribuer au développement du Vietnam adressée aux VGL par le gouvernement vietnamien n’est donc en réalité qu’une « invitation du bout de langue » utilisée hypocritement au Vietnam envers les indésirables. Des intellectuels dignes de ce nom devraient se montrer sagaces et ne pas se laisser abuser par les flatteries et mensonges. Qu’ils se renseignent auprès des divers media officiels et officieux afin de s’éclairer sur la situation réelle du pays ! Ils comprendront alors que tant que sévit le régime actuel, ils ne peuvent en rien contribuer au développement du pays de leurs ancêtres et influer sur le sort de son malheureux peuple. S’ils ont vraiment à cœur l’intérêt de leurs anciens compatriotes, qu’ils les aident plutôt à prendre conscience de leurs droits et à dépasser leur peur des répressions pour se lever contre le régime et sauver le Vietnam de la mainmise chinoise ! Et qu’ils gardent leur argent pour l’après-communisme, quand il faudra reconstruire tout ce que près d’un siècle de dictature basse et incompétente a détruit !

La prolifération des « Dân oan » (peuple victime d’injustice) ou expropriés indûment sans compensation convenable, spécificité inédite du régime communiste vietnamien


La non-reconnaissance de la propriété individuelle, en particulier foncière, un des principes fondateurs du communisme, est devenue, avec l’accession des communistes au pouvoir, une justification commode pour les pillages en vue d’enrichissement personnel des apparatchiks ainsi qu’une épée de Damoclès pour tous les citoyens menacés de perdre tous leurs biens du jour au lendemain.

Au Vietnam, l’habitude des expropriations qui commençait avec celle des ennemis du pouvoir (bourgeois, réactionnaires, partisans de l’ancienne république du Sud) pour des raisons surtout politiques s’est développée depuis l’ouverture du pays au capitalisme en s’exerçant sur de simples citoyens pour cause officielle de développement économique. Tout projet d’urbanisme, d’industrialisation … nécessitant l’utilisation d’un terrain donne lieu aussitôt au déplacement de la population qui y vit, parfois depuis plusieurs générations, d’ordinaire sans concertation ni ménagement ; et les familles chassées de leurs maisons et de leurs terres sont déjà bien chanceuses si on leur procure en retour un lopin bien plus petit et plus ingrat pour s’y reloger ; quant au dédommagement matériel, elles doivent s’estimer contentes s’il se monte à la somme fixée légalement, toujours beaucoup plus faible que le prix du marché.

Depuis une dizaine d’années, le rythme d’expropriation s’intensifie avec l’expansionnisme chinois : Non seulement la Chine se fait céder par le Vietnam de plus en plus de terres pour ses usines et son personnel, les citoyens chinois poussés par leur gouvernement à s’installer en masse au Vietnam, y  achètent à tour de bras de l’immobilier, opération qu’ils peuvent payer avec de la monnaie de singe – les billets de banque vietnamiens étant imprimés par la Chine qui ne se gêne pas pour inonder le pays en faux vrais billets – excepté une commission en dollars pour les cadres corrompus.

En théorie, la loi vietnamienne interdit aux étrangers d’acquérir des biens fonciers. Pour les aider à contourner la loi, cadres et dirigeants corrompus ferment les yeux sur la pratique des prête-nom vietnamiens puis trouvent une faille de la loi pour permettre auxdits prête-nom, après avoir converti la maison ou le terrain en part d’actions d’une entreprise conjointe bidon avec le vrai acheteur chinois, de céder cette part à leur partenaire qui devient alors propriétaire à 100% de l’entreprise et donc du bien immobilier en question (cf. https://www.rfa.org/vietnamese/in_depth/does-china-hidden-undercover-vietnam-companies-to-grab-lands-and-property-11022018160101.html ) ; et les autorités ont même sorti une disposition en vigueur depuis 2015 permettant aux promoteurs immobiliers de vendre 30/% de leur immeuble aux étrangers, ouverture dans laquelle les Chinois se sont aussitôt engouffrés, d’autant plus que le prix de l’immobilier au Vietnam est, au maximum à 6000 USD/m2, de 14% moins cher qu’à Hong Kong et 18% qu’à Singapour. En 2018, après avoir investi les diverses localités du nord et du centre du Vietnam, les nouveaux colonisateurs chinois se ruent vers le sud, marquant de leur présence agressive toutes les grandes villes du delta, et détenant 31% (contre 24% des acheteurs vietnamiens) des appartements mis en vente à Saïgon pendant les 9 premiers mois de 2018. Ce chiffre, donné par la société de conseil en immobilier d’entreprise CBRE, ne compte que les Chinois du continent, si on y ajoute les Chinois de Hong Kong, le pourcentage se monte à 41% (cf. https://dantri.com.vn/su-kien/nguoi-trung-quoc-mua-nha-dat-tang-cao-lo-ngai-nhat-la-viec-dung-ten-ho-201812180643279.htm ).

La revente aux Chinois des terrains confisqués via des sociétés bidons ou complices puis des promoteurs immobiliers s’est avérée tellement lucrative que tous les détenteurs d’autorité, même au niveau des communes, se mettent à rendre des arrêtés d’expropriation de leurs administrés vivant sur des sites convoités, à l’encontre de la loi qui ne concède ce droit qu’aux chefs de province au moins. Et avec l’accélération des expropriations s’allonge la cohorte des dân oan dont l’union, si elle se réalise, ébranlera sûrement le régime, vu leur nombre qui atteint des centaines de mille, voire des millions. Dernièrement, les 4-8/1/2018, la destruction et le rasage des habitations et jardins de 200 familles sis sur 4,8 ha dans le quartier de Lộc Hưng dans le 6e arrondissement de Saïgon, sous un faux prétexte, sans préavis et donc sans possibilité pour les concernés de mettre en sécurité leurs pauvres biens matériels, et dans la plus grande brutalité, a suscité une vive émotion internationale, d’autant plus que les victimes sont toutes chrétiennes avec lesquelles l’Occident chrétien se sent en empathie. Devant la réprobation générale, les autorités de la ville et de l’arrondissement, embarrassées, promettent une indemnisation plus substantielle que pour d’autres (7 millions de đồng ou environ 43,5 USD au lieu de 2 millions le m2) cependant toujours bien plus basse que le prix du marché (40 – 50 USD/m2).

Photo des nouveaux dân oan dans le quartier de Lộc Hưng, tirée de
https://baotiengdan.com/2019/01/08/ban-tin-ngay-8-1-2019/

Dans un petit pays à forte densité de population (160 personnes/km2 en moyenne) trouver de l’espace pour y construire usines, logements… n’est pas facile car immanquablement il faudra sacrifier forêts, terres cultivées et habitations : avant de trancher, la moindre des choses qu’un gouvernement doit faire est d’étudier sérieusement la faisabilité du projet, de peser les avantages et les inconvénients de l’implantation, tout comme ses conséquences sur les habitants et leur environnement. Malheureusement au Vietnam, les dirigeants ne se fient qu’à leur tête ou leurs intérêts (dont fait partie leur sujétion à Pékin) faisant fi de l’avis des experts et de l’opinion ; souvent même leur décision se prend dans le plus grand secret, la population n’étant informée qu’au moment du fait accompli comme l’est le cas de la concession du territoire de Vân Đồn à la Chine.

C’est ainsi que sans tenir compte des dommages causés au pays et à la population, le pouvoir vietnamien a procédé depuis une vingtaine d’années à des confiscations de centaines de milliers d’hectares de terrain et à des milliers d’expropriations musclées. Les indemnisations, quand elles ont lieu (dans les coins reculés les exactions sont nombreuses), sont dérisoires, nettement inférieures à la valeur du bien perdu – bien souvent précieux, acquis depuis plusieurs générations -, ne permettant pas à l’exproprié de racheter un bien équivalent ni même convenable. Si la terre ou l’habitation était leur seul bien ou leur unique instrument de travail (cas des paysans et boutiquiers), les dépossédés se retrouvent brusquement sans toit, sans travail et par suite sans ressources.

Devant les sombres perspectives d’une vie de sans abri décent, ces dân oan s’accrochent et en viennent aux pires extrémités contre les autres ou eux-mêmes. L’année 2018 a été marquée par deux cas de ce genre : Le 18/4/2018, Đỗ Thị Lăng, une habitante du quartier de Đống Đa (Quy Nhơn), s’est enfermée dans sa chambre pour s’immoler par le feu à l’arrivée des forces de l’ordre venues raser sa maison, mais a pu heureusement être sauvée à temps (pour avoir une idée, voir ce clip daté du 24/12/2015 d’un autre cas d’immolation par le feu d’une dân oan désespérée https://www.youtube.com/watch?v=5pQwU1rYFBo ) ; le 12/7/2018 a été condamné à mort Đặng Văn Hiến, un ex-militaire devenu paysan coupable d’avoir tué au fusil le 23/10/2016 trois employés de la société Long Sơn, bénéficiaire d’une concession de terrain comprenant ses champs, venus en force avec les sbires de ladite société détruire ses plantations et le déloger.

Leur famille décimée par la misère qui pousse leurs membres à se séparer pour une recherche plus aisée d’un moyen de vivre (les hommes sont souvent poussés à émigrer, laissant leurs femmes s’occuper seules des enfants), ces expropriés sont condamnés à mener une vie de squatters sans domicile fixe, vivant de petits trafics souvent avec l’aide leurs jeunes enfants déscolarisés que l’on voit dans tous les quartiers animés se démener pour vendre des billets de loterie. Avec la meilleure intention du monde, comment pourraient-ils envoyer leurs enfants à l’école quand l’instruction au Vietnam n’est plus publique mais payante, même l’enseignement primaire, pourtant censé gratuit, étant grevé de multiples frais fantaisistes mais obligatoires ?

Les nouvelles victimes d’expropriation (celles d’après 1990), parce qu’elles se sentent innocentes et injustement traitées, à la différence des anciens expropriés tout de même coupables de faire partie des réactionnaires honnis du régime, se dénomment « dân oan » c’est-à-dire peuple victime d’injustice. Si la majorité d’entre elles est révoltée, perd sa confiance dans le régime et en vient à rejoindre les opposants, un bon nombre reste persuadé de la justesse du Parti et, amené par la propagande à imputer les défauts du régime seulement à l’action individuelle des cadres corrompus, s’obstine à réclamer justice auprès du pouvoir central, certains depuis près de vingt ans.

Ces derniers plaignants, si opiniâtres, constituent une fraction des 60.000 personnes, membres de 15.000 familles expulsées manu militari entre 1996 et 2008 puis entre 2009 et 2018 des 650 ha du quartier « d’or » de Thủ Thiêm dans le 2e arrondissement de Saïgon, pour cause de rénovation urbaine : en fait d’urbanisme, depuis près de 20 ans le terrain dégagé demeure à l’état d’abandon, à part une route à 4 embranchements de 11,8 km dont la réalisation est confiée à trois entreprises conjointes (Vietnam-Chine), laquelle reste toujours inachevée au bout de 5 ans, malgré son coût exorbitant (12.000 milliards VND ou environ 516 millions USD, soit environ 43 millions USD/km, à comparer aux 6,2 millions €/km d’autoroute en France) qui en fait la route la plus chère de la planète. Pendant que la majorité des expropriés, non relogée selon les promesses de la ville, mal indemnisée et donc incapable de se payer un nouveau logement correct, végète dans l’amertume, les édiles et leurs complices se partagent une manne de plusieurs milliards USD (6 selon certains calculs) provenant de la différence entre le montant total de l’indemnisation et le prix de la vente du terrain confisqué à de multiples sociétés au prix du marché. L’affaire de Thủ Thiêm, longtemps balayée par le pouvoir, est revenue sur le tapis des media depuis septembre 2018, pas tellement parce que la justice enfin se réveille, mais parce qu’elle sert d’arme contre les partisans de Nguyễn Tấn Dũng dans les mains du Président-Secrétaire général Nguyễn Phú Trọng dans sa politique d’épuration du Parti.

S’est donc constitué à Hanoï un rassemblement permanent de dân oan originaires de tous les coins du pays dans le parc Mai Xuân Thưởng – Lý Tự Trọng, venus manifester ou supplier les plus hautes autorités de se pencher sur leur cas. De temps en temps chassés par la police, ils reviennent y camper et ceux qui repartent fatigués et déçus sont vite remplacés par de nouveaux venus gonflés d’espoir. Touristes qui visitez Hanoï, allez- y faire un tour pour juger de l’état où sont tombés des citoyens victimes d’un pouvoir mafieux dont certains étaient et veulent rester les soutiens.

Car beaucoup de dân oan demeurent (pour un temps au moins) fidèles au Parti malgré leurs déboires, s’habillent de maillot rouge à l’étoile jaune (couleurs du drapeau communiste vietnamien), appellent au secours le Parti et l’oncle Hồ sur leur pancarte et banderole, écrivent supplique sur supplique aux dirigeants, sollicitent en vain une entrevue avec le chef du Parti Nguyễn Phú Trọng ou à la rigueur un de ses ministres (de la police, de la justice ou du plan). De voir et d’entendre sur les clips montrés sur le Net certains de ces fanatiques devenus victimes protester contre l’expropriation en se prévalant de leurs dizaines d’années au service du parti ou dans l’armée populaire, brandissant médailles et certificats de félicitation comme preuves, on ne sait s’il faut en rire ou pleurer, surtout quand le terrain en question leur a été distribué par le Parti après spoliation des « mauvais éléments ».

Dans le phénomène des dân oan se manifeste un terrorisme d’Etat devenu tellement fou et dégénéré qu’il dévore ses propres enfants. Il mobilise contre ses citoyens démunis non seulement police à pied, police motorisée et armée, mais aussi voyous de tout acabit, et la brutalité de ses serviteurs zélés dépasse tout commentaire : on les voit sur des clips et photos volés (l’interdiction de les photographier est plus rigoureusement appliquée depuis la manifestation générale du 10/6/2018) violenter femmes et enfants suppliants, et même un vieillard qui les implore à genoux, toute résistance à l’expulsion étant suivie de tabassage et d’arrestation. Si l’affaire de Lộc Hưng choque tellement, c’est parce que l’opération a eu lieu sur une grande échelle, dans la plus grande ville du pays, au vu et au su de possibles touristes étrangers.

L’existence des dân oan, quoique scandaleuse, n’émeut au Vietnam qu’une minorité des autres citoyens, habitués aux exactions arbitraires des autorités. Les dân oan eux-mêmes, avant de le devenir, n’étaient-ils pas indifférents envers les autres expropriés, surtout quand ce sont des réactionnaires que certains pensent même mériter leur sort ? Obligés de réfléchir à leur malheur et grâce à l’action de contre-propagande sur internet, la quasi-totalité a fini par comprendre que leur bourreau-ennemi est le pouvoir communiste vietnamien dont l’instrument est en dernière analyse l’article 4 de la loi foncière (lequel ne fait que répéter les articles 53 et 54 de la Constitution de 2013) : « La terre appartient au peuple entier dont l’Etat est le représentant pour la possession et la gestion unitaire », article qui permet aux dirigeants de ne reconnaître aux citoyens que le droit d’utilisation de la terre, droit révocable à volonté par eux-mêmes au nom de l’Etat. Pour que cesse le phénomène des dân oan, destiné à se développer avec le temps, doit être renversé le régime communiste ou tout au moins doivent être retirés les articles cités.  

Le Vietnam prêt pour l’invasion des troupes chinoises facilitée grâce à la traîtrise du pouvoir de Hanoï


Nous donnons ci-dessous la traduction d’un témoignage concret sur la situation catastrophique du Vietnam (catastrophique bien entendu pour seulement le peuple vietnamien, tétanisé par les mensonges et la répression). Pour comprendre les faits, il faut savoir que la collusion de Hanoï et Pékin pour une annexion en douceur du Vietnam n’écarte pas par prudence de la part de Pékin une intervention militaire. Car, fort de l’expérience des anciennes guerres avec le Vietnam, en particulier celle de 1979-89, et déterminé à garder définitivement le Vietnam dans le giron de la Chine, Pékin veut empêcher tout revirement ou rébellion en préparant la voie à une rapide et facile invasion militaire avec la complicité des vendus de Hanoï.

Cet article ne parle que d’une éventuelle invasion chinoise par la voie maritime. Il faut savoir que la situation est pire à la frontière terrestre grandement ouverte depuis une vingtaine d’années à tous les Chinois civils et militaires, et surtout à tous les produits mortels dont ils inondent le marché vietnamien

Le territoire vietnamien tout entier est arrangé pour tomber aux mains de la Chine

 (article de Phan Châu Thành publié dans Dân làm báo et repris dans STBN le 8/4/2018 – https://www.sbtn.tv/toan )

Photo d’une réunion de militaires vietnamiens et chinois. Sans les drapeaux indicatifs, qui peut les distinguer?

J’ai un ancien condisciple actuellement général dans la marine vietnamienne auquel j’avais demandé lors d’un repas entre copains il y a quelques années à Hanoï :

« Si aujourd’hui la Chine nous attaque par la voie maritime, combien de temps résistera ton armée ? » « Pas tout à fait trois jours », dit-il en riant.

« Pourquoi mourrez-vous si vite ? » m’étonnai-je.  Il rit de nouveau : « Il ne s’agit pas de mourir, mais de s’enfuir. En ces temps personne n’est assez sot pour mourir pour un autre ».

« Tu parles des soldats ou de vous autres les officiers ? »

« Des deux, mais les officiers sont les premiers à s’enfuir, ensuite seulement les soldats. Les soldats n’osent pas s’enfuir les premiers, ils se cachent seulement d’abord. Ce sont les officiers qui s’enfuient. »

Je m’inquiétai : « Pourquoi donc ? Les officiers n’ont-ils pas un mental plus élevé et ne doivent-ils pas donner l’exemple aux soldats ? »

« Si, mais les officiers savent qu’ils mentent du tout au tout et voient que leurs supérieurs mentent aussi du tout au tout, et chacun sait que la mort c’est à lui de la subir, alors que la victoire appartient aux chefs, quelle idiotie serait-ce de mourir en ce cas ! »

Nous rîmes de concert, considérant cette conversation comme une plaisanterie, étant donné que mon ami qui travaille à l’Etat-Major à Hanoï n’a pas à aller au combat. Mais il n’avait pas nécessairement plaisanté avec moi, car la plupart de ce qu’il me dit est vrai. C’est pourquoi je ne peux oublier [cette conversation].

Une autre fois, il y a environ un semestre, dans le train de nuit Saigon – Nha Trang, j’étais allongé à côté d’un jeune soldat revenant de permission à Cam Ranh. Je l’interrogeai sur la vie des soldats en service en ces lieux, et il me répondit sincèrement :

« Je ne suis conscrit que depuis quelques mois ; grâce au « concours » d’une connaissance je n’ai pas dû partir pour un poste lointain ou pour les îles [des Spratly], j’ai dû partir seulement pour Cam Ranh ; j’ai des permissions régulières, et si je sais offrir des cadeaux aux officiers je pourrai prolonger mes périodes de permission… »

« Les officiers ont-ils aussi des permissions régulières ? »

« Nos officiers sont tous des officiers de carrière, leurs familles habitent en permanence à Cam Ranh et Nha Trang, ils n’ont pas besoin de permission et peuvent rentrer chez eux quand ils le veulent, ils sont très heureux ! »

« Prennent-ils les repas avec vous ? »

« Non, ils ont des standards à eux, beaucoup plus élevés que ceux de nous autres les soldats ! Ils mangent séparément. »

« Quels sont donc les standards des soldats ? »

« Nous percevons 35.000 đồng [ environ 1,5 USD] par jour. C’est beaucoup, oncle, parce que nous vivons près du Commandement de la Région. Mes copains qui tiennent garnison au loin se plaignent énormément, ils n’ont que 28.000 đồng [1,2 USD] »

« Pourquoi seulement 28.000 ? » Je calcule mentalement, le cœur serré : mes soldats (mes ouvriers et ingénieurs) au chantier du port de Vân Phong peuvent manger pour 80.000 đồng [3,2 USD]/jour ces dernières années, somme augmentée l’année-ci pour s’élever à 100.000 [4,35 USD]/jour à cause de la hausse des prix, pourtant je m’apitoie de les voir souffrir, maigrir et brunir, je les oblige à se forcer à manger et m’inquiète de les voir quitter le chantier pour revenir à Saïgon, cependant que nos soldats …

Je m’égare encore hors de mon sujet. Mon idée est que, rien qu’en matière des repas, nos soldats manquent déjà de force combattante, sans parler de l’esprit combatif et de la confiance envers les gradés.

Revenons maintenant au sujet principal, la défense du territoire. Permettez-moi de raconter une troisième histoire. Il y a quelques mois, nous avons organisé un voyage de groupe de tourisme et d’exploration à l’extrême est continental de notre pays dans le but de vivre une journée au point méridien le plus proche des Paracels et Spratly.

Y aller est très difficile par la route ; nous ne soupçonnions pas que tout un secteur d’une vaste presqu’île avec un littoral de plusieurs dizaines de kilomètres ne comporte aucun habitant (ils ont été tous chassés) mais seulement un poste de frontière près du point extrême-oriental à l’abandon du fait que l’unité a été déplacée pour se rapprocher de la route nationale n°1, cependant que de larges routes construites pour le joindre du temps du « grand projet » de Vinalines sont désertées sans l’ombre d’un humain. Après renseignement, nous sûmes que c’est le sort d’une série de postes de frontière situés sur le littoral et les presqu’îles du nord et du sud de Vân Phong (dépendant de Khánh Hòa et Tuy Hòa) : Ces unités se sont retirées pour aller vivre parmi la population et la contrôler, sans surveiller la mer. De centaines de kilomètres du littoral sont laissés sans garde, mais avec de larges routes rejoignant la route nationale… Autrefois, elles y étaient postées pour seulement attraper ceux qui voulaient quitter le pays [boat-people]… Les gardes de frontière vietnamiens ne pointent pas leurs fusils vers la mer mais les tournent contre le peuple !

Quatrième histoire :  Notre unité participe à beaucoup de grands ouvrages le long du littoral du Centre, afin d’assembler des équipements techniques modernes (rarement des produits chinois). De Dung Quất à Vũng Áng, Vân Phong… Mais partout nous voyons des chinois participer aux appels d’offres et les remporter pour réaliser la partie ponts et ports. Ils ne s’intéressent qu’à cela et mettent n’importe quel prix pour se faire confier ces travaux quoique nombre d’entrepreneurs vietnamiens peuvent les réaliser, mais ces derniers doivent tirer la langue parce que le prix proposé par les Chinois est trop bas…Ensuite, toujours, ces derniers enclosent toute une région maritime et tout un long littoral, empêchant les autres d’y accéder afin d’y réaliser les travaux des années entières.

Et souvent ces Chinois traînent les projets sans que personne puisse agir contre eux. Lorsque les travaux sont finis, alors seulement nous y allons assembler les équipements et personne ne sait ce qui peut être enfermé en dessous et à l’intérieur des blocs de béton des ponts et ports. Nous plaisantons souvent entre nous : le premier jour où la Chine attaque le Vietnam, ils feront sauter tous les ponts et ports d’une valeur de dizaines à de centaines millions de dollars (pouvant accueillir des bateaux de 150.000 à 300.000 dwt)… ou alors ils en prendront le contrôle pour en faire des super-points  de débarquement militaire à Dung Quất, Vân Phong, Vũng Áng et bien d’autres endroits au nord et au sud, particulièrement à Kiên Giang prêt aussi à cet effet.

Cinquième histoire : Je rentre du village natal de ma mère à Quảng Ninh ; à Hạ Long je rencontre quelques vieux amis, parmi lesquels un gros ponte spécialisé dans le nivelage de terrain et le remplissage de la mer pour vendre la plate-forme, riche à ne pas savoir où mettre son argent, qui se vante toujours de posséder une escouade de bulldozers archi-nombreuse ayant détruit on ne sait combien de collines et montagnes, rempli on ne sait combien de bord de baies de corail et de mangroves pour les vendre sur papier, depuis Quảng Yên à Hải Hà… Le voyant, je lui dis :

« Ton crime de destruction de l’environnement de la baie d’Along et de la plage de Tử Long mérite la fusillade ! »

Il ricane : « C’est difficile de me fusiller ! Tu dois d’abord fusiller tous les secrétaires, présidents et vice-présidents de la province et des districts de cette province de Quảng Ninh ! » Puis il entoure l’épaule de son voisin : « Eh, celui-ci aussi, qui est directeur du service des ressources et de l’environnement … » Je grimace et pense : C’est vrai, si je veux protéger l’environnement de la baie de Hạ Long et de la plage de Tử Long que je chéris, je dois fusiller presque tous mes anciens condisciples, parce qu’ils pullulent aux postes officiels de cette province natale de ma mère…

Je décrète ensuite : « Tu es encore coupable d’un autre crime ! Tu as amené tes bulldozers jusqu’à Tiên Yên et Ba Chẽ (deux districts frontaliers montagneux) pour y construire des routes descendant de la frontière pour que les Chinetoques puissent venir nous attaquer de nouveau. Lors de la dernière attaque, il n’y avait pas de route descendante et nos miliciens ont pu les arrêter. Cette fois-ci, il suffit de quelques heures pour que leurs voitures roulent jusqu’à Hạ Long ; de plus il y a le pont de Bãi Chấy. Vos mérites [envers la Chine] sont trop grands ! »

Le gros ponte se dégonfle nettement et murmure : « Qu’ils niquent leur mère les Chinetoques ! Ils ne veulent plus me payer mon travail ! Cela fait trop mal !  (Il injurie là les entreprises taïwanaises qui ont la concession des forêts pour 50 ans et l’ont engagé pour construire des routes permettant de monter « planter des bois ». Une fois les routes montant jusqu’aux sommets des montagnes terminées, elles n’ont payé ni pour son travail ni naturellement pour les bois).

Une dernière histoire : J’ai emmené tout récemment mon fils en visite sur les Hauts plateaux (Tây Nguyên), pour qu’il puisse connaître cette région. Certains tronçons de route passant par la piste Hồ Chí Minh venant d’être construits en grand mais étant extrêmement déserts, l’enfant me demande étonné : « Papa, pourquoi construisons-nous de grandes, belles et longues routes si personne ne l’emprunte, c’est pour quoi faire alors ? » Je soupire, amer : « Je donne ma langue au chat ! » Je ne peux quand même pas donner ma réelle opinion : « J’ai peur que l’on construise les routes pour que lorsque les Chinois attaqueront le Vietnam, ils pourront facilement s’emparer des Hauts plateaux et en prendre le contrôle puis s’emparer et prendre le contrôle de tout ce pays.

De retour de ce voyage sur les Hauts plateaux, je plaisante avec mon fils : « Fiston, apprends bien l’anglais pour aller étudier à l’étranger puis reste-s-y, comme c’est pour ta sœur. Sinon, apprends le chinois ! Notre pays va changer de langue nationale ! »

Oui, c’est ce que je pense. Le Vietnamien, le pouvoir vietnamien actuel a préparé le terrain et toutes les portes d’entrée dans le territoire pour que les Chinois l’envahissent le plus facilement possible. Le moral de l’armée et sa force combative sont déjà très déficients, sur-le-qui-vive elle … tourne les fusils sur le peuple. Les combattants chinois peuvent venir l’esprit tranquille !…

Ce pays semble avoir reçu des directives pour une douce passation de pouvoir en vue de son annexion à la Chine.

Reste un seul point : Notre peuple Việt consent-t-il à cela ?

La France complice des menées annexionnistes de la Chine contre le Vietnam ?

Une avancée sournoise dans l’annexion avec l’invention d’un peuple Kinh lancé par le couple Pékin-Hanoï, soudain mise en lumière avec l’affaire Bussy Saint-Georges

C’est avec consternation puis colère que la communauté des internautes vietnamiens a pris connaissance d’une vidéo relatant une réunion le 21/5/2018 entre le Maire de Bussy Saint-Georges, une petite municipalité d’Ile-de-France (77) et une délégation sino-vietnamienne chapeautée par des officiels chinois. ( Cf. https://www.youtube.com/watch?v=Gm7JnvTo4Yo&feature=share ).

On y apprend que cette réunion suit la signature d’un projet consistant en la vente par la mairie de Bussy Saint-Georges de 85 ha (dont 35 ha dans un premier temps) de terrain à des financiers chinois (de Guangzhou/Canton) dans le but pour la Chine d’y ouvrir des organismes culturels (30 ha pour la promotion des arts chinois dont les arts martiaux de Shaolin et une école internationale avec enseignement du chinois depuis la maternelle jusqu’à la fin du secondaire ; 1 ha pour la construction d’un « Parc de la paix des peuples et des nations dans le monde » construit par le peuple Kinh ; les 4 ha restants étant réservés à des universités chinoises et une école supérieure française de géopolitique que les promoteurs comptent faire venir ainsi qu’un centre de recherche et d’administration du peuple Kinh).

C’est cette mention d’un peuple Kinh et la composition de la délégation avec une représentation sino-vietnamienne de ce peuple qui fait problème. Pour la bonne raison qu’il n’existe en réalité aucun peuple ou ethnie Kinh. C’est une fable de fraîche date propagée par Pékin, du même tonneau que la ligne U en Mer d’Asie orientale au service de sa politique expansionniste.

Le terme « Kinh », un mot vietnamien et non chinois, dont le premier sens est « capitale » ne prit une nouvelle acception dans le langage vietnamien qu’au début du 19e siècle sous les premiers empereurs Nguyễn pour désigner les habitants proches de la capitale, puis par extension tous les Vietnamiens des plaines ou basses terres quelle que soit leur origine ethnique ( Việt venant du sud de la Chine, fondateurs historiques de la nation, qui donnent leur nom au Vietnam, Muong autochtones du Tonkin et du Centre Vietnam, Cham, Khmers, Malais, immigrés chinois, indiens etc.) par opposition aux  Thượng (= haut, en hauteur), les Vietnamiens des hautes terres (montagnes et hauts plateaux) qui étaient pour la plupart des membres d’ethnies minoritaires à culture spécifique.. Kinh n’a jamais été le nom d’une ethnie quelconque, et encore moins celui d’une ethnie majoritaire vietnamienne. Le Vietnam, comme la France, est un creuset de populations de diverses origines lesquelles, au fil des siècles, se sont mélangées de façon inextricable, et parler d’une ethnie majoritaire Việt ou Kinh pour désigner le peuple vietnamien actuel est aussi faux et ridicule que prétendre que la majorité du peuple français d’aujourd’hui est composée d’une ethnie franque ou gauloise ! Cependant, depuis une vingtaine d’années, à l’imitation de la politique de discrimination ethnique de Pékin, au lieu de parler du peuple Việt, le pouvoir de Hanoï s’est mis à imposer la notion d’appartenance des Vietnamiens majoritaires à une ethnie dénommée Kinh (traduction ci-dessous du témoignage de deux citoyens vietnamiens), raison pour laquelle on trouve la mention de cette ethnie « officielle » dans tous les textes récents (Wikipedia ou autres) d’auteurs ayant des rapports directs ou indirects avec le régime. Vous ne trouverez aucune mention d’ethnie Kinh ni même d’ethnie majoritaire Việt (sauf en référence à l’ethnie primitive des Việt), mais seulement de population ou peuple Việt dans les textes antérieurs à 1990 comme dans les écrits actuels de tout historien ou ethnographe digne de ce nom.

Il n’existe pas non plus d’ethnie Kinh en Chine avant que le pouvoir communiste chinois ne se mette à en inventer une de toute pièce pour nommer Jing (équivalent chinois de Kinh) le groupe d’environ 20.000 Vietnamiens piégés en 1887 en Chine à l’issue d’un nouveau tracé des frontières vietnamo-chinois décidé entre la Chine et la France après le traité de Tien Tsin (Tianjin), tracé par lequel leurs terres (Tam Đảo) passèrent du côté chinois (dans le Guangxi). Des Vietnamiens immigrés en Chine, il y en a toujours eu le long des siècles au hasard des événements historiques, et ils étaient appelés du nom que prenait le Vietnam à l’époque et finissaient par se fondre dans la masse chinoise. Mais les Kinh/Jing de Tam Đảo, immigrés relativement récents (malgré eux) avec toute leur communauté, ont su garder des traditions et coutumes vietnamiennes qui leur permettent de ne pas être complètement sinisés, ce qui fait d’eux une sorte d’ethnie au sein de la nation chinoise.

Carte de la région où vivent les Jing/Kinh en Chine (presqu’île montrée par la flècheVị trí Tam Đảo mà người Kinh sinh sống

Logiquement cette minorité devrait être appelée Việt puisqu’elle est composée de Vietnamiens, d’autant plus qu’à l’origine le groupe ethnique des Việt vivait dans les territoires de l’actuelle Chine du Sud, mais les différents régimes chinois ont toujours été allergiques au peuple Việt opposé depuis des millénaires au pouvoir des Han (ethnie dont la majorité des Chinois se réclament) qui n’a cessé de les combattre puis de les assimiler, les plus récalcitrants, établis sur les terres de l’actuel Nord-Vietnam (vers les derniers siècles du 1er millénaire avant JC), étant les seuls à avoir su résister à cette sinisation en leur infligeant maintes fois des branlées mémorables.

Pourquoi donc cette soudaine invention d’un peuple Kinh ? Parce que depuis 1990, les dirigeants communistes de Hanoï se sont rendus à la Chine et ont fomenté avec le pouvoir de Pékin une annexion programmée du Vietnam qui doit être rendue officielle dans un avenir proche. Dans ce projet annexionniste qui réalise le rêve millénaire de Pékin, le Vietnam sera gommé de l’histoire pour devenir une simple province chinoise rattachée à celle de Guangzhou (Canton) et les Vietnamiens, englobés dans un peuple Kinh imaginaire partagé entre les deux pays, perdront autant leur identité que leur nom.  Dans le but de faire accepter par la communauté internationale ce coup de force, la Chine, par le biais de ses agents chinois et vietnamiens (aux ordres de Pékin) lance une vaste entreprise de propagande consistant à faire croire que le Vietnam était un territoire chinois avant l’occupation française, que presque tous les Vietnamiens sont d’origine chinoise et forment avec les Chinois du Sud une même entité, dont le « retour à la mère patrie chinoise » est somme toute normale. Plus ou moins le même genre d’assertion que celle tenue à propos du Tibet.

Pour faire croire à des édiles français peu au courant de l’histoire ancienne autant que contemporaine du Vietnam, la délégation chinoise a procédé à une mise en scène grossière qui choque par les mensonges et les contre-vérités proférés que l’assistance gobe complaisamment (cf. commentaires ci-dessous de la vidéo en question). L’argent et les promesses chinois ont-ils donc le pouvoir de faire perdre tout esprit critique ?

En choisissant la France pour y installer une sorte de siège du soi-disant peuple Kinh, Pékin veut faire cautionner par un grand pays européen une audacieuse opération mystificatrice, prélude à une criminelle annexion du Vietnam accompagnée du génocide insidieux aussi bien physique que spirituel de ses ressortissants. Le grand projet culturel proposé à Bussy Saint-Georges, certes utile pour la propagande et l’espionnage (danger dont la France n’a pas assez conscience alors que des pays comme le Canada et la Suède commencent à s’en protéger) a surtout pour objet de masquer ce vrai but : préparer l’opinion internationale à la conquête d’un pays voisin et à l’effaçage d’un peuple qui jouit encore d’un capital de sympathie mondiale de par ses malheurs successifs. Les autorités françaises que nous avons alertées vont-elles accepter le fait accompli et laisser la mairie de Bussy les rendre complices d’un crime odieux contre l’humanité ?

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Nous donnons ici la traduction d’extraits de deux articles sur l’imposition d’un peuple Kinh imaginaire à la place de peuple Việt par le gouvernement communiste vietnamien :

Article de Vương Sinh paru en 2003 dans « Hùng sử việt », Journal de l’association d’histoire et des arts culturels vietnamiens » (http://www.hungsuviet.us/lichsu/Dantockinhlagi.html ), intitulé :

Qu’est-ce que c’est que le peuple Kinh ?

 Au Vietnam il n’existe que le peuple Việt, homogène au point de vue de la culture, du langage et des coutumes, qui représente la majorité (87%) des 54 peuples. Au Vietnam il n’existe pas de peuple Kinh.

Le peuple Kinh est une minorité ethnique (environ 15.000 personnes) parmi les 56 peuples de Chine.

A la lecture des documents relatifs au peuple vietnamien diffusés récemment sur internet, nous ne pouvons nous empêcher d’être étonnés au sujet de l’expression « peuple Kinh » servant à désigner le peuple vietnamien.

Qu’est-ce donc que ce peuple Kinh ? Pourquoi le peuple Việt s’est -il transformé en peuple Kinh ?

Cherchons à comprendre l’origine des termes « Kinh » et « Thượng »

Avant 1975, dans le Sud nous avions coutume de dire « Kinh et Thượng, même maison » pour exprimer la solidarité entre compatriotes vivant dans les basses régions (plaines, villes, capitale) et compatriotes vivant sur les hauts plateaux (montagnes, hautes régions). « Kinh » est l’appellation usitée par les montagnards pour désigner les Vietnamiens (la majorité) habitant dans les plaines, les villes et la capitale… En retour, les habitants des plaines appellent ceux qui vivent sur les hauts plateaux « Thượng », englobant sous ce mot de nombreuses ethnies minoritaires telles que les Thổ, Mán, H’Mông, BaNa, Gia Rai, Ê Đê…

Dans la langue vietnamienne, l’expression « les gens vivant dans telle ou telle localité » se comprend « les gens de cette localité ». Par exemple, les gens vivant à Hanoï sont dits gens de Hanoï. Si quelqu’un habite Saïgon, il est appelé personne de Saïgon.

Ainsi, l’expression « les gens vivant dans telle ou telle localité » ne désigne pas une ethnie du Vietnam, autrement dit, notre pays ne comporte nullement un peuple Hanoï, un peuple Saïgon, un peuple Kinh, un peuple Thượng, mais seulement des gens de Hanoï, des gens de Saïgon, des gens des (régions) Kinh (la majorité qui appartient au peuple Việt ou Lạc Việt), des gens des (régions) Thượng (qui comprennent de nombreuses ethnies ou peuples).

Origine du peuple Việt

Beaucoup de thèses existent. Acceptons provisoirement que « le peuple Việt a pour origine les Lạc Việt, du groupe ethnique des Bách Việt (ndt = les Cent Việt) qui vivaient au Lĩnh Nam (au Sud des montagnes Ngũ Lĩnh et du lac Động Đình) de l’ancienne Chine. A rappeler qu’avant que les Qin n’envahissent le pays, le Lĩnh Nam ne faisait pas partie de la Chine. Evidemment, les Bách Việt qui comprenaient de nombreuses ethnies Việt n’étaient pas des Chinois et le Nam Việt ultérieur n’était pas non plus chinois. Si le Nam Việt était chinois ou appartenait à la Chine, comment se fait-il que les Han durent envoyer Lộ Bác Đức avec une armée envahir le Nam Việt ? »

Le peuple Kinh est une ethnie minoritaire parmi les 56 ethnies chinoises

Au Vietnam il n’existe que des gens Kinh (à la différence des gens Thượng) qui vivent dans les plaines, il n’y existe pas de peuple Kinh. Mais en Chine il y a un peuple Kinh qui est une ethnie minoritaire d’environ 15.000 personnes parmi les 56 ethnies chinoises. Ce sont des Vietnamiens originaires de la région de Đồ Sơn au Vietnam qui s’étaient établis sur trois petites îles Vạn Vĩ, Vu Đầu et Sơn Tâm dépendant de la province Guangxi près de la frontière sino-vietnamienne du fait que « par malchance » ces trois îles furent allouées à la Chine [par la France après le traité de Tien Tsin …]

Ceci est-il une manigance chinoise dans l’esprit Grand Han ?

Les Vietnamiens que nous sommes savons que les Cours chinoises dans l’esprit Grand Han pensent toujours « que le Vietnam n’est qu’un district chinois et que les Vietnamiens descendent des Chinois. Ils exècrent Triệu Đà et le Nam Việt parce que ce roi, originaire du nord avait osé s’opposer à l’empire céleste (en fait auparavant Triệu Đà venait du pays des Triệu que Qin Shi Huang anéantit pour l’annexer à la Chine), et abominent particulièrement Lữ Gia, un natif du Nam Việt, qui osa résister ouvertement contre les armées des Han du Sud. Depuis la destruction du Nam Việt en 111 AD par Lộ Bác Đức sur ordre des Han, les pouvoirs chinois successifs n’appellent jamais notre peuple du nom de « Việt », et n’acceptent point de nommer notre pays sous les noms « Đại Cồ Việt », « Đại Việt », « Việt Nam » … donnés par nos rois. Ils ne désignent notre peuple que par le nom « Giao chỉ » puis « An Nam », et ne concèdent à nos souverains que le titre de « prince de Giao Chỉ » ou de « roi d’An Nam ». Les colonialistes français aussi se sont concertés avec les Chinois pour appeler les Vietnamiens Annamites. Cela parce qu’à certaines époques notre peuple a dû courber la tête et a été asservi pendant près de mille ans d’occupation chinoise et près d’un siècle d’occupation française.

C’est seulement pendant des périodes d’indépendance que nous pouvons être droit debout pour nous reconnaître comme des Việt, que nous sommes fiers que le peuple Việt soit un peuple héroïque.

En changeant le « peuple Việt » en « peuple Kinh » – une ethnie minoritaire parmi les 56 peuples chinois -ceux qui s’occupent de la culture dans notre pays ont-ils involontairement ou volontairement agi de connivence avec les Chinois « Grand Han » pour transformer notre peuple Việt en une minorité chinoise ?

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Article de  Nguyễn Văn Mỹ publié le 27/11/2017 dans la revue « Chúng ta »(= Nous autres)  (http ://www.chungta.com/nd/tu-lieu-tra-cuu/khong-co-dan-toc-kinh.html ) intitulé :

Il n’existe pas de peuple Kinh

Le plus tragi-comique est la déclaration d’état-civil. A l’époque des subventions (ndt : terme pour les temps d’économie complètement dirigiste), il y avait des années où il fallait faire des dizaines de déclaration, on ne sait pour quoi faire.  Les enfants entrant en maternelle doivent aussi présenter une déclaration d’état-civil avec des renseignements sur la période d’avant 1975 alors que leurs parents ne sont pas encore nés à cette date. Et le vocabulaire (des formulaires) est tout à fait vague. Le plus dur est la partie de déclaration des « Qualités et défauts ». On ne sait pas comment s’évaluer justement afin de ne pas nuire à son emploi. Pour ce qui est du « Niveau culturel », comment le mesurer, le déterminer ? Généralement on ne parle que de niveau d’instruction. On se raconte la plaisanterie sur la question relative au « Lieu de naissance », selon laquelle un membre d’une ethnie minoritaire a donné cette réponse : « Qui donc ne naît pas de ce lieu, pourquoi interroger là-dessus ? ». Et puis il y a des questions sur les « Relations familiales », les « Relations sociales ». Ce terme de relations ne serait-il pas pareil que « relations illégitimes » ?

La partie de déclaration de l’ethnie est encore plus incompréhensible. Tous les Vietnamiens sont obligés de déclarer de façon absurde qu’ils sont d’ethnie Kinh. Que veut dire Kinh ? En cherchant à comprendre par moi-même, j’ai vérifié qu’il n’existe aucune ethnie Kinh. Seulement des « personnes Kinh » dans la langue parlée. Cette notion Kinh remonte à l’époque des Nguyễn.  […]

L’expression « personne Kinh » désignait les habitants de la capitale. Progressivement, cette notion de « personne Kinh » s’est élargie pour désigner les habitants des basses régions, y compris les Chinois, les Cham… Opposés à eux sont les personnes « Thượng » c’est-à-dire les habitants des montagnes, des hautes régions. Si nous déclarons que nous sommes d’ethnie Kinh, tous les habitants des hautes régions devraient-ils alors se déclarer appartenir à une même ethnie « Thượng » ? Dans ce cas le peuple vietnamien se partage entre deux ethnies « Kinh » et « Thượng » et non pas entre 54 ethnies comme actuellement.

Les Việt devraient se déclarer d’« ethnie Việt » dans la communauté des Vietnamiens qui comprend 54 ethnies sœurs dont les Việt forment l’ethnie majoritaire. […] Certains disent : « C’est une mince affaire, qu’importe le terme par lequel on nomme le peuple pourvu que le pays soit riche et puissant. Restent tellement de grands sujets de société embrouillés ». Il est vrai que notre pays a plein de problèmes pressants mais je ne considère pas une fausse appellation de notre peuple comme une mince affaire qui n’a pas besoin d’être redressée. Une mince affaire dont l’effet est énorme sur l’entendement et l’action ? Si on ne peut résoudre une mince affaire, comment peut-on s’attaquer à une grande ?

Je souhaite que cette bévue soit vite réparée. Je ne veux appartenir qu’au peuple Việt, je n’aime pas faire partie du peuple Kinh.

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Observations à propos de la video concernant une rencontre entre la municipalité de Busy St Georges et une délégation sino-Jing/King le 25/5/2018 (https://www.youtube.com/watch?v=Gm7JnvTo4Yo&feature=share )

Sur les participants :

1/ Du côté chinois :

  • Le projet concerne en premier lieu un « peuple Kinh » mais ce dernier n’est vraiment représenté que par une soi-disant princesse Kinh. L’ethnie Jing/Kinh en Chine ne comprend qu’environ 20.000 personnes, descendants de pêcheurs vietnamiens habitants de 3 îles appelées Tam Đảo transférées par la France à la Chine après le traité de Tien Tsin en 1884. Quoiqu’ayant gardé quelques coutumes qui les différencient d’autres ethnies, ils sont très sinisés et peu parlent encore vietnamien. Cette communauté de paysans et pêcheurs (et maintenant aussi commerçants) n’a jamais formé une royauté quelconque, alors d’où vient cette princesse qui en plus ne parle pas la langue de ses ancêtres vietnamiens ? Tout au plus, elle peut être la fille d’un chef élu de la petite communauté.

Quant à la famille royale vietnamienne, les seules princesses reconnues ayant droit à ce titre sont les trois filles de feu l’empereur Bảo Đại, des dames déjà très âgées. Faire donc passer pour une « princesse d’Annam » une Chinoise inconnue et sans classe évidente c’est commettre une pure escroquerie.

  • Les Kinh/Jing de Chine vivent dans le GuangXi mais le chef de la délégation représente le Guangzhou. Cela se comprend seulement si l’on sait que la Chine a le dessein d’annexer le Vietnam pour en faire une province dépendant du gouverneur de Guangzhou qui donc a pleine autorité sur tous les Kinh (auxquels elle assimile les Vietnamiens avec la complicité du pouvoir de Hanoï).
  • La Chinoise qui agit comme porte-parole de la délégation chinoise grâce à son trilinguisme (français-chinois-vietnamien) est en réalité une Chinoise émigrée du Vietnam (Saïgon-Chợ Lớn). Bien qu’elle parle plusieurs langues, elle ne les maîtrise guère et fait des traductions ou explications plus qu’approximatives.

2/ Du côté des soi-disant Kinh de France :

  • D’abord ces participants sont des Vietnamo-français originaires du Vietnam, un pays distinct de la Chine. Ils ne représentent qu’eux-mêmes, aucune organisation ou association vietnamienne de France ayant pignon sur rue n’étant au courant de l’élaboration du projet et encore moins ne les a délégués.
  • En venant à cette réunion, implicitement ils reconnaissent faire partie de l’ethnie imaginaire Kinh décrétée par le Parti communiste vietnamien au pouvoir, et agissent donc dans l’intérêt de ce dernier ainsi que dans celui de la Chine dont dépend le PCVN contre leur propre peuple d’origine, les Việt.
  • La personnalité du « bonze » qui sert d’intermédiaire entre la mairie et les autres pose problème. En Asie l’habit ne fait pas le bonze, étant donné que dans le milieu bouddhiste, il n’existe pas d’institution organisée et hiérarchique qui nomme et contrôle ses ministres du culte comme dans l’Eglise catholique. C’est par une conduite exemplaire et la renommée bouche-à-bouche que l’on reconnaît un bonze authentique. En principe un homme de religion ne s’occupe pas de lobbying surtout quand elle concerne une politique aussi tortueuse que celle de Pékin et Hanoï. Les propos évasifs sur les Kinh et le suivisme à l’égard des Chinois du bonze MT le classent comme un opportuniste et un traître envers son pays natal.

Sur le projet :

1/ Nous ne discutons ici que des points concernant le Vietnam, même si nous avons des sérieux doutes sur le bien-fondé des promesses de rentabilité (les 100.000 emplois !) et de rayonnement culturel que les Chinois font miroiter aux autorités françaises.  

2/ Le clou du projet est un « Parc de la paix des peuples et des nations du monde », expression ronflante et plus est mensongère puisque ce projet loin d’être pacifique constitue une machination agressive contre le peuple vietnamien et sert de tremplin à la reconnaissance par la France d’une future annexion ou tibétisation du Vietnam.

3/ Le parc sera construit aux frais du peuple Kinh. Lequel ? La seule ethnie Kinh en tant que groupe humain homogène de même culture et de même origine est celle des Jing/Kinh de Chine, une communauté de quelques 20.000 paysans, pêcheurs et commerçants modestes. Comment peut-elle avoir l’argent nécessaire pour financer ce projet ? Les Vietnamiens auxquels Pékin et Hanoï veulent appliquer le terme Kinh rejettent quasi (car il y a toujours une minorité de collabos et traîtres) unanimement cette appellation qui ne correspond à aucune réalité, et donc ne voudront jamais s’associer à une manœuvre contre leur identité. Derrière le peuple Kinh se profile en fait le gouvernement chinois à travers la province de Guangzhou et ses capitalistes rouges.

3/ Dans le projet est prévu un organisme éducatif et culturel qui s’occupe en même temps de « l’administration du peuple Kinh ». Quèsaco ? L’administration d’un peuple est affaire de gouvernement. Comment des Chinois osent-ils envisager installer un gouvernement officiel en France et pourquoi les autorités françaises n’ont-elles pas tiqué devant une telle visée ? Et puis de quel peuple Kinh s’agit-il, puisque les Kinh/Jing vivent en Chine ? Restent les Vietnamiens que les Chinois veulent assimiler aux Kinh contre toute vraisemblance malgré la complicité servile du pouvoir de Hanoï. Qui donc va s’arroger le droit de les administrer ? Les financiers du projet, c’est-à-dire les Chinois ? Au Vietnam ils ont déjà un gouvernement. Les auteurs du projet visent donc les Vietnamiens émigrés à l’étranger, en particulier ceux vivant en France. Or, pour la plupart ils sont devenus citoyens des pays qui les accueillent. Les Chinois prétendent-ils administrer des citoyens français, à supposer qu’ils l’acceptent ?

Sur la réunion elle-même :

1/ 15.25 – : Selon le bonze la réunion marque « la célébration de la renaissance du peuple Kinh ». Ces quelques mots qui énoncent deux contre-vérités dévoilent cyniquement le dessein maléfique de Pékin :

  • Pour qu’un peuple renaisse il faut d’abord qu’il ait existé et soit en voie de disparition. Or le seul peuple Kinh existant est l’ethnie Jing/Kinh en Chine qui y prospère et donc n’est pas mourant. Et même cette ethnie Kinh est une invention chinoise pour désigner une minorité de Vietnamiens immigrés malgré eux en Chine en 1887 ; la désignation exacte pour cette minorité doit être Việt, mais le terme Việt est tabou pour le pouvoir chinois car il évoque trop d’humiliation infligée par les Vietnamiens aux armées chinoises
  • Quand les participants parlent des qualités et du nombre des Kinh, ils parlent en réalité des Vietnamiens mais sans jamais les nommer comme tels et sans jamais citer leur pays, le Vietnam. Ils profitent du fait que le pouvoir de Hanoï, soumis à Pékin, s’est mis à appliquer depuis les années 1990 une politique discriminatoire de division de la population par ethnies à l’imitation du pouvoir chinois, et à imposer par suite l’appartenance des Vietnamiens à une ethnie Kinh imaginaire. Ce décret du pouvoir ne change pas au fait qu’historiquement il n’existe aucune ethnie Kinh, seulement une ethnie Việt ou plus précisément Lạc Việt dont tout le peuple se réclame. Peuple qui brille par son dynamisme et n’a pas à renaître, à moins que la Chine ne réussisse à le génocider comme c’est son intention et que montrent ses manigances.
  • Pourquoi vouloir faire renaître un peuple qui n’a pas réellement existé ? Le but de Pékin n’est-il pas plutôt au contraire de faire naître ce qui n’a jamais existé (les Kinh) dans le but d’effacer ce qui a existé (les Việt) au moins officiellement sur le papier ?

2/ 15.26 – : Le bonze se pare de l’autorité de l’Unesco pour appuyer ses dires. Qu’a dit ou fait exactement l’Unesco, il ne le précise pas.

  • S’il s’agit de « l’ethnie Kinh du Vietnam, il faut savoir que l’Unesco n’a pas à approuver ou non le changement de nom d’un pays ou d’un peuple quand c’est décidé par son propre gouvernement, il n’en commente pas la justesse et se contente d’en prendre acte, comme par exemple quand le Dahomey devient le Bénin. Cependant, pour désigner les ressortissants du Vietnam, aucun organisme international ne les désigne par » Kinh » mais par « Vietnamiens ».
  • S’il veut parler du « Parc mondial de la paix des peuples et des nations » soi-disant « construit par le peuple Kinh », l’avis de l’Unesco est a priori positif dès qu’un projet se pare d’un but pacifique. Parions que si l’Unesco a vent de la mystification et des arrière-pensées politiques chinoises, cet organisme se tiendrait à l’écart du projet s’il ne le dénonce pas.

3/ 16.21 – : Le projet comporte un bâtiment réservé à « l’étude et à l’administration du peuple Kinh » :

  • L’ethnie Kinh proprement dite, les Jing/Kinh ne comporte que 20.000 personnes et est déjà le sujet de nombreuses études, et les recherches à leur sujet doivent avoir lieu chez eux, en Chine et non pas en France. Quant aux Vietnamiens, les institutions qui les prennent comme objet d’études abondent au Vietnam et de par le monde, en particulier en France qui n’a pas besoin d’un autre organisme pour cela, et encore moins d’un organisme dont l’objectif est trompeur et mensonger.
  • L’administration d’un peuple est affaire de gouvernement. En acceptant sur son territoire un terrain consacré à une telle activité, la France admet la création d’un Etat dans son propre Etat, une concession de type HongKong autrefois. Comment une proposition aussi extravagante peut-elle passer sans réaction de la mairie ?
  • De plus quel est ce peuple que l’on veut administrer ? Les Kinh/Jing vivent dans le Guangxi en Chine où ils sont sous la dépendance de Pékin via les autorités provinciales. Quel besoin de leur administration en France loin de chez eux ? Vise-t-on les Vietnamiens assimilés contre toute vraisemblance aux Kinh ? ils ont un pays (le Vietnam) qui s’occupe d’eux et des ambassades pour ce faire quand ils séjournent à l’étranger. S’ils ont pris la nationalité de leur pays d’accueil, ils dépendent des seules autorités de ce dernier. Que cache alors le projet insolite proposé ?

4/ 19.30 – : Remise des 3 premiers « drapeaux » :

  • D’abord, les ethnies en Chine n’ont pas le droit d’avoir des drapeaux spécifiques, genre drapeau national. On n’a qu’à voir comment les grands peuples comme les Tibétains et les Ouighours sont réprimés dès qu’ils veulent brandir leur emblème. C’est une tromperie de présenter des panneaux-étendards comme des drapeaux du peuple Kinh.
  • Les soi-disant drapeaux ne symbolisent rien du tout et ne sont que des banderoles de tissu sur lesquels sont inscrites des phrases indicatives, en l’occurrence pour 3 panneaux : « ancêtres à travers les âges (époques – le bonze a mal transcrit en vietnamien le caractère correspondant qui est đại et non  triều ) de l’ethnie Kinh » ; d’après cette phrase indicative ils doivent servir non au culte qui est interdit en Chine mais à la commémoration des ancêtres des Kinh/Jing que l’on déploie certainement lors des fêtes folkloriques de l’ethnie. Or, ces ancêtres sont des Vietnamiens puisque les Kinh/Jing venaient du Vietnam. Veulent-ils remonter plus loin dans la nuit des temps, qu’ils honorent les Việt dont il ne reste rien en Chine mais des traces dans une histoire mythifiée au Vietnam. S’ils ont tellement de vénération pour leurs ancêtres, qu’ils viennent bâtir un monument au Vietnam pour leur rendre hommage, mais pas en France !
  • La phrase en petits caractères à gauche est expliquée comme « le symbole des hautes autorités en Chine et dans le monde » ! Du n’importe quoi ! Les phrases en marge d’un panneau décoratif n’ont aucune valeur symbolique ou autre, et ne font que donner d’un côté le nom ou le titre de la personne qui reçoit le panneau et de l’autre côté celui de la personne qui en est le donateur. Ainsi la mairie de Bussy St Georges qui reçoit le panneau-étendard est notée à droite du panneau ; à gauche c’est par exemple dans le 1er panneau la mention du « chef de secteur » de l’ethnie Kinh/Jing, c’est-à-dire l’administrateur des 20.000 Kinh/Jing de Chine, qui n’est donc qu’un fonctionnaire et non pas un personnage à l’égal du pape comme le vante la porte-parole.

5/  29.20 – : Remise des 4 autres « drapeaux »

  • Les quatre banderoles à un seul gros caractère signifient dans l’ordre de la présentation : « La patrie ordonne à l’ethnie », phrase plutôt vague et ambiguë.
  • Les caractères « ancêtres » et « pays » sur les 4e et 5e banderoles forment ensemble le mot patrie, la patrie étant étymologiquement le pays des ancêtres. Dans le contexte, de quelle patrie les auteurs du projet parlent-ils ? Là réside leur duplicité et leur intention mensongère. Si l’on prend le mot dans son sens originel, cette patrie doit être le Vietnam où reposent les ancêtres reculés des Kinh/Jing. Si c’est le pays où ils vivent depuis quelques générations et où reposent leurs proches aïeux, c’est la Chine. Or, la porte-parole parle d’une patrie à venir. Qu’est-ce donc ? Rêverait-elle de transformer la France en pays des Kinh puisqu’elle demande à une municipalité française de garder en gage les étendards « patrie » des Kinh comme symbole ?
  • Le bonze parle de la création d’une patrie Kinh à l’exemple d’Israel. Mais les Juifs n’avaient pas de pays à eux, alors que les Vietnamiens (que Pékin-Hanoï veulent assimiler aux Kinh) en ont un, le Vietnam, où il y a de la place pour accueillir les Jing/Kinh s’ils veulent revenir au pays de leurs ancêtres. Pourquoi vouloir créer une autre patrie ? Pour qui et où ?
  • La porte-parole et le bonze vantent l’existence de 3 millions de Kinh vivant de par le monde et cite l’ONU pour appuyer leurs dires. Il s’agit en réalité des réfugiés vietnamiens qui ont fui le communisme après la chute de Saïgon (1975), en particulier les boat people des années 1980, comptabilisés par l’Organisation internationale pour les migrations des Nations Unies qui se réfère à eux comme des Vietnamiens et non des Kinh (invention récente de Pékin-Hanoï). Avec leurs descendants et en comptant aussi les émigrés économiques dont font partie les travailleurs envoyés à l’étranger par le pouvoir vietnamien pour résoudre le chômage et récolter les devises qu’ils envoient au pays, la diaspora vietnamienne compte actuellement environ 4,5 millions de personnes dont 1,8 million aux Etats-Unis et 300.000 en France. La plupart ont pris la nationalité du pays d’accueil ; ils restent attachés au Vietnam, se considèrent comme d’origine Việt et nullement Kinh. Leur affubler le terme Kinh constitue une idiotie sinon une injure. Même le pouvoir de Hanoï qui l’impose doit parler du peuple Việt et ne se sert du terme Kinh que pour les différencier des autres ethnies.
  • En déclarant que « 27 nations qui ont des peuples Kinh sont venus rejoindre le peuple Kinh à Bussy », le bonze profère moins un mensonge qu’une ânerie ou une absurdité. Comment des nations peuvent-elle rejoindre un peuple ? Et dans une petite ville française ?
  • En présentant la 6e banderole dont le caractère inscrit dessus signifie « ordre ou ordonner » la porte-parole falsifie l’histoire du Vietnam : elle vante l’esprit irréductible des Kinh sans préciser que c’est celui des Việt, et déclare que les Kinh ont toujours « accompagné » la Chine, alors qu’en fait d’accompagnement, c’est une lutte continuelle contre ce puissant voisin. Elle fait croire que les Kinh/Vietnamiens ont toujours été pour la Chine, que la Chine n’a accordé l’indépendance au Vietnam (qu’elle s’obstine à appeler de ses vieux noms Giao Chỉ et An Nam (des noms donnés au Vietnam par les conquérants Han et Tang) qu’en 1884 (traité de Tien Tsin). Sachez qu’au cours de ses 4 millénaires d’existence, à part des périodes d’occupation chinoise (la dernière s’arrêtant en 1428) lesquelles additionnées durèrent certes mille ans, et une occupation française de près d’un siècle, le Vietnam était un pays indépendant, et les Vietnamiens sont d’autant plus chatouilleux sur cette question d’indépendance qu’ils en connaissent le prix.
  • L’ordre de la patrie, dans l’explication de la porte-parole, c’est « l’ordre à tous les Kinh de se rassembler » à Bussy Saint-Georges (comment ?) en attendant d’avoir une patrie ( ?) pour le développement du peuple ( ?). Encore une phrase ou une idée absurde. Et quelle est donc cette patrie qui donne l’ordre puisqu’au dire de la porte-parole elle n’existe pas encore ? Comme les Kinh/Jing sont citoyens chinois et que leur patrie est donc la Chine (laquelle d’ailleurs finance le projet), l’ordre de la patrie n’est-il pas en réalité l’ordre de la Chine ? Laquelle, faisant croire que les Vietnamiens sont des Kinh parents d’une ethnie chinoise Kinh/Jing, a l’intention de les rassembler sous un pays des Kinh imaginaire qui se concrétiserait en 2020 (selon un traité secret – mais éventé – entre les deux pouvoirs communistes) par la dissolution du Vietnam dans une province autonome englobant la petite communauté Jing/king, placée sous la domination de Pékin avant son annexion définitive 20 ans après. Il va sans dire qu’un gouvernement vietnamien non inféodé à Pékin comme le pouvoir communiste actuel pourrait facilement retourner l’argument en sa faveur : puisque les Kinh/Jing venaient du Vietnam et que la majorité des Kinh/Việt vivent au Vietnam, c’est plutôt à Hanoï de les rassembler sur un même territoire englobant donc une portion du GuangXi.
  • Dans l’« allocution » de la soi-disant princesse lors de la présentation de la 7e banderole, il est à souligner la phrase « we hope a new government in the future ». Que veut-elle dire par là ? Les Jing/King de Chine dont elle est la représentante ne sont qu’une poignée infime (20.000) par rapport à la masse des 1,4 milliards de Chinois, et ont déjà un gouvernement qui siège à Pékin. La petite communauté voudrait-elle faire sécession ? ou plutôt, se prétendant fille du roi ( ?) des Kinh, elle entend représenter un peuple Kinh élargi comprenant 85% de la population vietnamienne et voudrait régner sur tout le Vietnam avec l’appui de la Chine ?

6/ 43.25 Discours du chef de la délégation chinoise :

  • Ce représentant de la province de Guangzhou répète les désinformations historiques sur le Vietnam de la porte-parole et vers la fin souhaite que les Kinh « accompagnent le Guanzhou dans son développement ». Cette phrase ambiguë lève en fait le voile sur le sort que la Chine réserve au Vietnam après l’annexion programmée : être rattaché à la province de Guangzhou.
  • C’est d’ailleurs cette province via ses capitalistes qui financent le projet. Pourquoi le Guanzhou et non le Guangxi où vivent les Jing/Kinh ? ¨Parce que la frontière entre le Guangzhou et le Vietnam sont plus perméables et facilitent l’annexion.

Bref, tout le projet est une mise en scène qui a pour but d’installer dans l’esprit des Français et du monde entier l’idée d’un peuple Kinh imaginaire, de l’assimiler au peuple vietnamien puis d’effacer les mots Viêt, Vietnam et Vietnamien du vocabulaire des nations, ensuite de faire croire que les Kinh (du Vietnam) ne sont qu’une ethnie chinoise pour un temps séparée de la mère patrie chinoise, et enfin de faire accepter sans protestation internationale (en particulièrement de la France, complice avec l’approbation de ce projet) l’annexion du Vietnam baptisée alors retour de l’ethnie à la mère-patrie.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sinisation et annexion en marche : Eradication en cours de la langue vietnamienne au profit du chinois

Le jour du fonctionnement à l’essai de la voie ferrée aérienne Cát Linh – Hà Đông à Hanoï  (11/8/2018) – une voie de 13 km dont les travaux réalisés par un entrepreneur général chinois ont duré près de 10 ans et ont coûté au pays 868 millions USD (alors qu’une ligne de type hyperloop bien plus sophistiquée est estimée en Europe à environ 20 millions de dollars le km, soit 260 millions USD pour 13 km) -, les Vietnamiens se sont aperçus avec stupeur et indignation que les billets de train sont rédigés en deux langues, vietnamien et chinois avec le chinois en plus gros caractère et en première position (cf. https://www.bbc.com/vietnamese/vietnam-45167800  ).

Même la presse gouvernementale s’en est émue, et s’est mise à rappeler que depuis un an tous les panneaux et pancartes d’indication dans les nouvelles gares desservies par le train urbain comportent aussi du chinois en plus gros caractères que le vietnamien (cf. http://baotreonline.com/hang-loat-be-boi-tu-duong-sat-cat-linh-ha-dong ) Sommé de s’expliquer, le directeur du projet de la ligne ferroviaire urbaine a déclaré que le billet n’est valable qu’un seul jour, et que sa rédaction relève d’une maladresse de l’entreprise de construction chinoise qui voulait se faire comprendre des 40 (sur 200) invités chinois – réponse insatisfaisante qui en plus élude l’insultante primauté du chinois sur le billet – et a assuré que seuls le vietnamien et l’anglais seront en usage officiellement en ce qui concerne la ligne. Quant aux panneaux, ils servent, proteste-t-il, à l’usage interne des ouvriers chinois, argument que la direction du projet trouve elle-même peu convaincante puisqu’elle les a fait enlever.

Dans la foulée, nous apprenons grâce aux internautes (photos à l’appui dans clip du facebooker Huy Đức https://www.youtube.com/watch?v=PcqNbPM4IMk , de 1.05.53 à 1.12.26) que : les poteaux  frontaliers marquant la séparation entre la Chine et le Vietnam et plantés sur le territoire vietnamien sont gravés en chinois avec du vietnamien en bien plus petits caractères, et surtout comportant l’indication «  Chine, Province Vietnam » ! Cela au su et au vu de tout le monde frontalier sans que les autorités s’offusquent. Nul étonnement à ce que les millions de touristes Chinois se conduisent après au Vietnam comme chez eux ou plutôt comme en un pays conquis. Sur des routes du Vietnam apparaissent maintenant des panneaux de mise en garde (contre des nids de poule par exemple) en chinois au-dessus de la phrase en vietnamien en petites lettres. Idem pour des bornes kilométriques !

Insidieusement, le pouvoir vendu de Hanoï laisse ainsi cours à une éradication de la langue vietnamienne au profit du chinois. Des millions de smartphones chinois sont vendus avec explication uniquement en chinois. Déjà les distributeurs de billets de banque avec formules indicatives en vietnamien sont remplacés au fur et à mesure par des distributeurs avec des instructions en chinois (adoptés déjà par au moins 3 banques d’Etat dont la BIVD et Agribank).

Toujours dans les provinces frontalières, le pouvoir projette d’enseigner aux élèves des écoles primaires à la prochaine rentrée scolaire la nouvelle écriture vietnamienne calquée sur le pinyin (voir l’article à ce sujet dans ce blog) en attente de la suppression complète du vietnamien (depuis 2017, la langue chinoise est introduite comme première langue étrangère dès le primaire, en classe élémentaire), ce qui suscite une rébellion de la population qui parle de boycottage de l’ école et de confier collectivement leurs enfants à des instituteurs privés à domicile (cf. https://www.youtube.com/watch?v=ANd6QRBjcHI  à partir de 1.48). Autre projet mijoté : un nouveau passeport où le chinois figure parallèlement avec le vietnamien, dont un exemplaire modèle a fuité à l’étranger (cf. https://www.youtube.com/watch?v=pv9a25mVIuY&t=799s, à 2.45 ).

En même temps, dans les entreprises appartenant aux Chinois (60% des entreprises du pays selon une estimation officieuse), la direction pousse les employés à apprendre le chinois en leur promettant actuellement une augmentation de salaire en contrepartie ; mais à l’avenir, ce ne sera sûrement plus une incitation mais une obligation avec le choix entre sinisation ou renvoi.

La plate soumission du pouvoir de Hanoï à Pékin et la mainmise de plus en plus ostensible de la Chine sur le Vietnam sont enfin perçues par la population vietnamienne, suscitant une vaste révolte de la part de tous les citoyens inquiets pour l’existence même de leur pays) : depuis deux mois les esprits s’échauffent et les appels (par de nombreux internautes vivant au Vietnam même et pas seulement à l’étranger) à des manifestations générales et continues (à partir du 2-4/9/2018) bruissent sur le net. Le mot d’ordre ne sera plus halte à telle ou telle loi, mais « à bas le communisme » et « à bas le pouvoir vendu ». Espérons que leur patriotisme l’emporte sur leur peur d’une sanglante répression.

 

 

Inondations 2018 : Hanoï sous les flots

Tous les ans, de juin à septembre s’abattent sur le Vietnam des pluies diluviennes causant inondations et malheurs. En même temps, depuis une dizaine d’années, les centrales hydrauliques, peu prévoyantes dans leur gestion, choisissent toujours ces périodes pour déverser en aval les eaux de leur bassin de retenue, par peur de voir leur barrage s’écrouler sous la pression des flots, aggravant ainsi les crues et redoublant de la sorte les dégâts causés aux habitants et à leurs biens.

Cette année, les inondations au Nord du pays sont particulièrement dévastatrices à cause du déversement en plus exprès des eaux des barrages chinois en amont du Fleuve rouge, lesquelles s’ajoutant aux eaux de pluie, pèsent davantage sur les barrages vietnamiens et donc les poussent à ouvrir plus largement et plus longtemps leurs vannes, provoquant ainsi la rupture de nombreuses digues. Rien que pour les crues du 22 au 26/6/2018 le bilan des dommages s’élève à 15 morts, 11 disparus, 7 blessés, 1500 habitations démolies et emportées par les flots, 1200 ha de rizières et plantations diverses détruites, 5500 animaux de ferme et de basse-cour décimés, de nombreuses routes effondrées.

L’événement remarquable est que les fortes pluies quasiment ininterrompues du 18/7/2018 au 5/8/2018 dans la région de Hanoï ont causé une inondation spectaculaire dans la capitale. L’urbanisation sauvage de la ville depuis 10 ans sans aucun plan pour l’écoulement des eaux a rendu Hanoï sujet à inondation dès que la pluie dépasse 100mm. Les pluies torrentielles du mois dernier ont ainsi transformé de nombreuses rues en fleuves (voir http://dantri.com.vn/xa-hoi/khu-dan-cu-ha-noi-thanh-oc-dao-hinh-ca-giua-bien-nuoc-ngap-20180803100421402.htm ) qui mettent du temps à tarir, les lacs et étangs servant à l’épanchement des eaux étant pour la plupart comblés pour y construire des immeubles. Il est à noter que plusieurs quartiers particulièrement touchés par l’inondation étaient auparavant des banlieues campagnardes que le pouvoir a rattachées à la capitale et fait bétonner à tout va sans se préoccuper des infrastructures, faisant subir à ces villages naguère riants les mêmes problèmes sanitaires que la ville (cf. clip de Lê Dũng Vô Va https://www.youtube.com/watch?v=1di_PZDqW2w&t=1456s ).

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Car avec la crue les eaux des rivières et fleuves polluées par toutes sortes de rejets industriels et ménagers se mêlent aux eaux de pluie pour envahir maisons et lieux publics, avec pour conséquence la contamination des habitants par les bactéries et produits chimiques dangereux (arsenic, antibiotiques …) au point qu’au bout de deux semaines tous ceux qui y ont barboté se retrouvent avec des maladies de la peau. Pire encore, ces eaux entraînent avec elles des milliers de tonnes d’ordures que citoyens et entreprises déposent sauvagement dans divers endroits, à défaut de système de voirie efficient : actuellement chaque jour Hanoï produit 6500 tonnes de déchets solides dont seulement 70% sont enlevés pour être non pas incinérés mais entassés et enfouis dans un champ de 83,5 ha dans la région, le reste étant accumulé partout où il y a un espace plus ou moins libre (cf. http://daidoanket.vn/do-thi/ha-noi-truoc-van-nan-rac-thai-tintuc398855 ).

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Les quartiers périphériques de la capitale étant les derniers servis par la voirie, c’est là que les habitants souffrent en premier de la dispersion des ordures par les flots ; celui de Chương Mỹ qui abrite sur son territoire le plus de dépotoirs avec 15.000 tonnes de déchets entassés est complètement plongé dans des eaux devenues, avec les ordures, les cadavres d’animaux et les déjections humaines qui y flottent, d’immenses soupes aux microbes, bactéries et poisons chimiques, menaçantes pour la santé de ses habitants. (cf. . http://dantri.com.vn/xa-hoi/ngap-lut-o-chuong-my-thon-xom-ngap-chim-trong-bien-rac-20180806103203977.htm). Les médecins redoutent une série d’épidémies après la décrue.

Tricheries dans la notation au bac : une éducation en déroute

 

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Le 11/7/2018, après la proclamation des résultats de l’examen de fin d’études secondaires (trung học phổ thông, équivalent du baccalauréat, que nous appellerons bac par commodité) quantité de doutes et d’interrogations se sont exprimés sur la performance exceptionnelle des élèves de la province de Hà Giang (à l’extrême nord), qui représentent à eux seuls 43% des meilleurs lauréats ayant obtenu plus de 27 points sur 30 aux trois épreuves principales (mathématiques, vietnamien et langue étrangère). Sous la pression de l’opinion publique, le Ministère de l’Education et de la Formation a dû se concerter avec le Ministère de la Police pour procéder à une enquête à la suite de laquelle il reconnaît l’existence d’une majoration frauduleuse des notes (relevées de 1 à 8,5 points) de 330 copies d’examen appartenant à 114 candidats dans la province de Hà Giang lors d’une conférence de presse tenue en commun avec le Comité populaire de la province de Hà Giang le 17/7.

Le coupable désigné est le vice-directeur du Bureau des examens et de la gestion de qualité du Service provincial de l’Education et de la Formation Vũ Trọng Lương qui aurait sorti les 330 copies de leur enveloppe scellée pour en corriger les réponses et les notes en seulement deux heures (c’est-à-dire 6 secondes par copie). L’opinion sceptique ne croit donc guère qu’il a agi seul et encore moins de sa propre initiative. Le fait est que les candidats bénéficiaires de la fraude sont quasiment tous des enfants de la noklamentura provinciale, en particulier la fille du Secrétaire général du parti à Hà Giang, Trịnh Tài Vinh, connu d’ailleurs pour son népotisme, pour avoir placé neuf membres de sa famille aux postes les plus juteux de la province. Devant les critiques, les autorités ont arrêté le 23/7 le supérieur direct de M. Lương, le Directeur du Bureau des examens Nguyễn Thanh Hoài.

La fraude à l’examen est un mal récurrent dans un pays à l’administration aussi corrompue que le Vietnam, mais elle n’a jamais atteint un niveau aussi scandaleux. Par le nombre de cas concernés Hà Giang est l’arbre qui cache la forêt des provinces fautives. Ainsi à Sơn La (autre province à l’extrême nord du pays) où, selon la déclaration devant la presse le 23/7 du Directeur du Département de gestion de qualité du Ministère de l’Education-Formation, la fraude est plus grave et plus complexe à cause de la négligence dans la procédure de maniement des copies et de l’implication dans le forfait de cinq cadres chargés des examens, on compte au moins 42 candidats aux notes falsifiées. L’opinion et la presse notent aussi des résultats anormaux au bac dans d’autres provinces, Lạng Sơn, Điện Biên, Lai Châu, Hòa Bình au nord et Bạc Liêu au sud, et réclament des enquêtes dans toutes les provinces.

Pourquoi cette recrudescence de la fraude aux notes d’examen de fin d’études secondaires ? Pour comprendre il faut savoir que jusqu’en 2015 le bac ne permettait pas l’entrée directe aux grandes universités et écoles, les bacheliers devaient encore se soumettre à une sélection spécifique pour s’inscrire à l’établissement de leur choix et la concussion se portait sur cet examen sélectif, de façon relativement limitée. Depuis, cet examen de sélection dans les universités est supprimé et remplacé par l’exigence de certaines notes au bac, d’autant plus élevées que l’établissement est plus coté, lesquelles deviennent du coup l’objet de malversations. Et c’est dans les provinces les plus reculées où les cadres locaux s’érigent en potentats comme à Hà Giang que la fraude est la plus considérable.

Mais quelles sont donc ces universités si recherchées mettant si haut leur condition d’entrée (note supérieure à 27/30) ? Les universités de la Police ! Vous n’avez pas mal lu ; dans le Vietnam communiste du 21e siècle, le premier rêve des étudiants (si ce n’est pas seulement celui de leurs parents) n’est pas de devenir médecin ou ingénieur… comme partout ailleurs, mais de devenir policier en intégrant les 7 écoles supérieures de police : Institut politique de la Police populaire ; Institut de  Sécurité populaire ; Institut de Police populaire ; Université de Sécurité populaire ; Université de Police populaire ; Université de Prévention et d’extinction des incendies ; Université de techniques et de logistique de la Police populaire.

Comment se fait-il que les meilleurs élèves veuillent faire carrière dans un métier vilipendé par la population, lequel peut, dans le contexte politique actuel, les amener à commettre les pires atrocités (cf. les vidéos des exactions et tabassages barbares des policiers de diverses unités contre des citoyens sans défense) ? Entrent en jeu plusieurs facteurs :

Les frais de scolarité : Paradoxalement, sous le régime communiste de Hanoï censé être au service du peuple, l’instruction publique est payante. Depuis 1992, en même temps que se diffuse un nouveau discours mercantile sur le savoir comme une marchandise comme une autre et que l’éducation s’ouvre au privé, c’en est fini de la gratuité scolaire sauf pour les cinq années du primaire. Certes, les frais scolaires en maternelle et dans le secondaire restent minimes (moins d’un dollar par mois), mais pour permettre aux enseignants d’arrondir leur salaire, très bas (en moyenne de 100 à 200 dollars par mois), le gouvernement donne le feu vert aux diverses écoles publiques pour la perception de nombreux frais annexes du genre : heures d’études complémentaires, hygiène, boisson, etc. ; malgré un arrêté de 2011 limitant ces contributions supplémentaires, les écoles, quasiment autonomes, ne cessent d’inventer de nouvelles cotisations : pour l’embellissement ou la réfection de la classe, pour des plantations, pour remercier le corps enseignant, etc. Et le total des sommes versées par les parents pour chaque enfant peut atteindre 100 fois les frais officiels de scolarité, ce qui explique l’abandon de l’école de nombreux enfants de famille pauvre après le primaire.

Pour ce qui est des frais universitaires – toujours dans le public et non dans le privé, laissé à la discrétion des propriétaires – ils sont fort élevés par rapport au salaire mensuel moyen de la population (3 millions đồng  soit 145 USD) , le coût des études (année scolaire 2017-2018)  équivalant chaque mois à la moitié de ce montant pour les établissements les moins cotés et le dépassant pour les écoles les plus chères (médecine et pharmacie ; ajoutez à ces frais les dépenses de gîte, couvert et fournitures diverses et vous comprenez que pour la majorité des parents vietnamiens entretenir un enfant étudiant demande un énorme sacrifice.

Les écoles de police sont les seules, non seulement à être exemptes de frais scolaires, mais encore à rémunérer ses étudiants, considérés déjà comme des agents de l’Etat.

Le débouché : Alors qu’au Vietnam le taux de chômage général est de 2,3% (selon un rapport de Bloomberg de 2017), celui des diplômés de l’université atteint 17%. D’après le Ministère de l’Education et de la Formation, le nombre des étudiants dans les universités et écoles supérieures en 2017 est d’environ 1,1 million dont environ 300.000 sortent avec un diplôme (de licence, un peu moins de 200.000, 4 ans d’études, de maîtrise 105.801, 5 ans et de doctorat, 15.112, 6 ans). Mais 200.000 d’entre eux ne trouvent pas d’emploi, et parmi les 100.000 qui en trouvent ce sera souvent dans une branche n’ayant aucun rapport avec leur diplôme (par exemple en tant que chauffeur de voiture pour Grab et Uber), ce qui en résulte que seulement 15% des diplômés ont un emploi correspondant à leurs études. Gâchis colossal pour l’Etat comme pour les familles ! Au lieu de réformer le programme universitaire complètement inadapté et abrutissant (sachez que les deux premières années universitaires sont surtout consacrées à la pensée Hồ Chí Minh et à l’histoire du parti communiste !), le gouvernement préfère pousser les jeunes chômeurs à émigrer (chaque année environ 100.000 Vietnamiens – 134.751 en 2017 – quittent le pays pour aller travailler à l’étranger).

Les étudiants des écoles de police n’ont pas de souci à se faire quant au chômage. Devenus les bras armés du parti, ils sont assurés d’un emploi à vie, avec des avantages supérieurs à ceux des autres fonctionnaires.

Le retour sur investissement : Sauf s’ils ont des qualités particulières, les employés diplômés ne touchent pas plus que des employés sans diplôme. Il faut dire qu’à de rares exceptions, à cause d’un enseignement obsolète, les diplômes universitaires vietnamiens n’assurent aucune compétence certaine, ne sont guère reconnus à l’étranger et aucune université vietnamienne, (sur 235, y compris les universités privées, selon le chiffre officiel ou sur 450 selon le chiffre officieux ; pourquoi une telle différence entre ces deux comptages, nous n’avons pas trouvé d’explication) n’est classée par THE (Times higher education rankings) parmi les meilleurs établissements asiatiques. Pourtant, les cadres du parti prisent ces bouts de papier car ils sont indispensables à leur promotion. Et comme nombre d’entre eux ont été de mauvais élèves mais sont recrutés par népotisme ou par concussion, pour mériter leur position, ils se livrent à l’achat de ce que l’on appelle des faux vrais diplômes, dénoncés de temps en temps à l’occasion d’une disgrâce. Et face à l’état lamentable des universités locales, tous ceux qui peuvent se le permettre envoient leurs enfants étudier à l’étranger (dans les autres pays d’Asie aussi bien qu’en Occident), pratiquant ce que l’on appelle « l’exil éducatif » (qui concerne actuellement 64.000 étudiants).

Certains des jeunes déçus n’hésitent pas à déchirer leur diplôme en public (via internet) en guise de protestation contre l’insignifiance de leur formation. Ils ne peuvent que se révolter en constatant que leurs parents ont investi en vain dans leurs études, surtout si ces derniers ont dû vendre maison ou terre pour les financer. En plus, à moins de disposer de relations opportunes, avec la corruption généralisée des cadres, aucune embauche ne peut se faire au Vietnam sans « enveloppe » remise aux décisionnaires petits et grands. Et le salaire, plutôt bas au Vietnam, permet difficilement aux nouvelles recrues d’amortir les investissements consentis avant plusieurs années de travail.

Pour les diplômés des écoles de police, à l’exception des élèves dont l’admission a été « achetée », le problème de retour sur investissement ne se pose pas puisque les études sont gratuites et même rémunérées. De plus, avec le pouvoir qui leur est dévolu, ils peuvent rapidement s’enrichir sur le dos de leurs concitoyens, avec un brin de malhonnêteté ou de mauvaise foi.

Or, depuis des dizaines d’années le système éducatif vietnamien institué dans un but purement politique : « former des enfants sages de l’oncle Hồ » et des « citoyens fidèles au parti au pouvoir » entré en collision avec la nouvelle valeur sociale de l’argent roi, ne cesse de se détériorer. Les jeunes, passés pendant de 5 à 12 ans à la moulinette d’une propagande intense basée sur des manuels officiels dont il est interdit de s’écarter, deviennent pour la plupart passifs, sans réflexion critique et esprit d’initiative, et donc inaptes à construire une économie moderne. En outre, habitués à l’injustice et au double langage de leurs enseignants qui prêchent le sacrifice au nom du bien commun mais mettent leur profit personnel avant l’intérêt de leurs élèves ou leur devoir professionnel en les obligeant, par exemple, à prendre des cours de soutien payants auprès d’eux s’ils veulent la transmission d’un savoir plus fourni, nécessaire au passage en classe supérieure, ils finissent par trouver le mensonge et l’hypocrisie normaux, d’autant plus qu’ils les retrouvent dans leur entourage, même chez leurs parents.

Par ailleurs, le manque de probité des enseignants les porte facilement à l’amoralité et même à l’immoralité qu’ils communiquent à leurs élèves. Violence et sexe s’introduisent dans l’école à tel point que journaux et vidéos ne cessent d’évoquer des cas de viols d’élèves perpétrés par des enseignants pédophiles, de punitions barbares infligées aux élèves par les institutrices de maternelle et de primaire, de bagarres sauvages entre élèves, garçons comme filles, pour des motifs les plus futiles… On voit même dans les vidéos des lycéens et lycéennes se livrer en récréation à des jeux de mime d’actes sexuels explicites et vulgaires.

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C’est cette accoutumance à l’injustice, au mensonge et à l’immoralité donnés en exemple dès l’âge tendre qui encourage l’indifférence au malheur d’autrui, à la malhonnêteté et la corruption dans tout le pays, de haut en bas, pour toutes les relations humaines impliquant un intérêt et un semblant de pouvoir. Et comme l’emploi est ce que tout un chacun vise pour gagner sa vie, on assiste à la vénalité générale des offices, même dans les postes les plus modestes comme celui d’éboueur. Ceux d’enseignants n’échappent pas à cette règle. En mars dernier a éclaté à Krông Pak (province Dak Lak) un scandale sur la résiliation du contrat de plus de 500 instituteurs en surnombre, qui a mis en lumière cette pratique de vente et d’achat de poste (de 60 millions đồng pour chaque instit dont le salaire n’est que de 1,5 million đồng soit 67 USD par mois) tellement avantageuse que les services concernés n’avaient pas hésité à recruter à tout va alors qu’il n’est prévu que 83 postes pour ce district.

Les enseignants sont si mal payés que les meilleurs bacheliers rechignent à s’inscrire dans les facultés de pédagogie (écoles normales supérieures), ce qui dissuade ces dernières de se montrer exigeantes pour les notes requises, lesquelles sont tellement basses (9 points) que tous les candidats peuvent être admis, avec ce résultat que les transmetteurs du savoir sont cependant les moins savants. Pour remédier à cette médiocrité du corps enseignant, le gouvernement veut que ces écoles relèvent leurs conditions d’entrée, mais si les salaires ne suivent pas, le problème ne fera que se changer en celui du manque de candidats admissibles.

La déliquescence de l’éducation nationale et le peu d’empressement du gouvernement à la remettre en question fait le jeu de Pékin qui ne demande pas mieux que de voir la jeunesse vietnamienne décérébrée, égotiste et ignare, et donc prête à accepter le joug chinois. En même temps, pour se procurer de futurs bons collabos, Pékin distribue largement des bourses aux étudiants pour des études (non pas en sciences exactes, utiles au développement du pays, mais en sciences sociales et en langue chinoise) en Chine sans exiger de niveau préalable. Heureusement que la contre-propagande des amis de la liberté de l’intérieur comme de l’extérieur du pays diffusée largement grâce à Internet depuis deux ans commence à porter ses fruits en éveillant la conscience des jeunes Vietnamiens à la situation de leur patrie et donc à la nécessité d’une révolution pour changer la donne.

Manifs et répressions

Par DANG PHUONG NGHI

Le matin du 10/6/2016, en réponse à l’appel à une manifestation générale contre les deux lois sur les zones économiques spéciales (ZES, considérées comme des concessions chinoises déguisées) et sur la sécurité sur internet (en fait sur le déni de la liberté d’opinion et d’information), des centaines de milliers de Vietnamiens (400.000 selon l’estimation du facebooker Hoàng Ngọc Diêu), certains avec famille et enfants sont descendus dans les rues de diverses villes du pays : avec moins d’affluence au nord où la population mise au pas depuis plus longtemps et plus surveillée (à Hanoï, quelques centaines de personnes n’ont pu s’assembler que deux heures avant d’être dispersées manu militari par la police) est restée craintive sauf dans les paroisses chrétiennes du centre-nord, en masse dans le sud, de Đà Nẵng à Phú Quốc en passant par les villes du delta du Mékong, en particulier à Saïgon. Leur nombre, impressionnant dans un régime communiste où le peuple est bombardé de propagande prônant l’obéissance absolue envers le parti, a frappé de stupeur les autorités qui ont mis du temps à réagir.

A Saïgon, les policiers, pris par surprise, n’ont pas pu empêcher la foule des manifestants de forcer les barrages pour déambuler pendant des heures (de 8h à 17h) sur les grands axes en hurlant des slogans contre lesdites lois certes, mais surtout contre la Chine et aussi contre le communisme et le parlement vendu aux Chinois, se bornant à frapper et dépouiller les manifestants à l’écart ou en queue de la foule compacte. Mais vers la fin, profitant du relâchement des rangs et de la fatigue des marcheurs, les policiers et leurs nervis en civil et masqués se sont jetés au hasard sur les manifestants quel que soit leur sexe ou leur âge pour les battre sauvagement et les traîner dans le panier à salade (ce qui a causé un incident diplomatique avec les Etats-Unis, l’un des plus de 200 battus et emmenés au poste étant un citoyen américain d’origine vietnamienne). S’il n’y a pas de confirmation sur quelques cas de tabassage à mort, le facebooker Đinh Quang Tuyến cite le cas d’un ami, Trịnh Toàn, battu au point d’être saisi de commotion cérébrale et hospitalisé et la journaliste Phạm Đoan Trang décrit le calvaire d’un jeune homme de sa connaissance battu et torturé par 20 policiers 6h de suite jusqu’à perte complète de connaissance.

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Les manifestants ont partout défilé pacifiquement malgré les provocations des « propagandistes » et même quand certains ont été enlevés par la police. Cependant, dans la province de Bình Thuận des phénomènes de violence de la part des habitants des villes Phan Thiết (préfecture), Phan Rang et Phan Rí ont éclaté en réponse à celle des policiers, surtout quand la police a refusé de relâcher les personnes enlevées. A Phan Thiết, la foule furieuse a forcé les barrages policiers pour s’introduire dans le siège du Comité populaire (alias hôtel de la préfecture) et l’occuper. Délogés le lendemain matin (11/6) par un renfort de policiers qui ont arrêté dans la foulée plus de cent personnes,  ils sont revenus dans l’après-midi s’attaquer au siège de la police provinciale à coups de jets de pierres et de cocktails molotov, mettant le feu à une dizaine de voitures officielles et à genoux une centaine de policiers en déroute ; mais au lieu de les garder prisonniers pour s’en servir comme otages, les manifestants se sont contentés de les obliger à enlever leurs uniformes et à déposer des armes avant de leur permettre de s’enfuir par-dessus le mur de l’immeuble. En même temps, des jeunes de Phan Rí ont fait subir le même sort aux policiers de la caserne des pompiers de la ville. Le calme n’est revenu que le 12/6 avec l’intervention de l’armée et des tanks et l’arrestation d’une centaine de supposés casseurs. Pour intimider les autres, la police vient dans chaque maison interroger ses habitants. Les autorités ayant promis de sévir fermement, la population se déclare déterminée à se révolter si la vengeance étatique se fait sanglante. Or, si la mort non confirmée de deux personnes a eu lieu lors de la manifestation, vient d’être dénoncé (le 19/6) le décès d’un jeune homme de 18 ans pour côtes cassées et blessures internes à la suite d’un tabassage en règle dans le poste de police.

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Si les habitants de Bình Thuận ont été moins patients qu’ailleurs, c’est parce que de toutes les provinces ils ont le plus souffert récemment de la politique pro-chinoise du gouvernement : Depuis près de deux ans, l’air qu’ils respirent et la mer dont ils vivent (pêche, saline et fabrique de nước mắm) sont pollués par quatre grosses centrales thermiques à charbon (Vĩnh Tân dont au moins deux chinoises) qui rejettent directement leurs déchets dans la nature avec la bénédiction du gouvernement. L’eau dont ils ont besoin pour leur activité quotidienne et leur culture est accaparée par 5 entreprises chinoises de titane qui puisent jusque dans la nappe phréatique, causant outre la pénurie d’eau et la destruction des forêts, la pollution terrestre. Les pêcheurs, obligés d’aller au large pour trouver des poissons, se heurtent en mer aux bateaux chinois qui les canardent et coulent leurs embarcations sans que les autorités pipent mot. Leur manifestation contre cet état de fait l’année dernière ayant été fortement réprimée dans l’indifférence générale, ils voient leur vie se détériorer et leur avenir bouché inexorablement. Sans tenir compte de leur désespoir, le pouvoir profite de leur violence pour les présenter comme des terroristes et discréditer du coup tous les manifestants comme des naïfs dont le patriotisme est exploité à mauvais escient par des forces hostiles, justifiant de la sorte la future répression contre toute manifestation qualifiée dans les media officiels d’attroupement illégal.

Il est à remarquer que le droit de manifester ses opinions est reconnu aux citoyens dans la constitution vietnamienne de 2013 en vigueur, rédigée pour être conforme aux réquisits libéraux des organisations internationales auxquelles Hanoï a adhéré. Mais malgré ses promesses, le pouvoir n’a jamais voulu promulguer une loi ou un texte d’application sur ce droit de manifester, parce que la dictature communisme nie par nature ce droit et un texte qui transcrit ce refus et réduit à presque néant le droit de manifester fermerait au pays la porte des dites organisations. Voilà que le 19/6, dans une réunion avec des électeurs, le président Trần Đại Quang déclare la nécessité d’une loi sur les manifestations et promet d’en faire une requête au parlement. Mais les journaux (dont le populaire Tuổi trẻ) ont à peine sorti cette nouvelle que trois heures après, ils ont dû, sur ordre du Bureau de propagande, réimprimer leur numéro pour effacer le contenu de l’information et le remplacer par un autre dénonçant les manifestations à Saïgon et Bình Thuận comme des actes motivés par les incitations d’éléments hostiles. En pays communiste, même le président peut être censuré quand il parle en faveur de la liberté !

Grâce à l’effet catalyseur des 2 lois liberticides , les Vietnamiens prennent conscience que s’ils ne se lèvent pas maintenant pour contrer le régime et changer la donne, le pays tombera fatalement sous peu dans les mains des Chinois dont ils deviendront des esclaves à l’égal des Tibétains et Ouighours (déjà avec un gouvernement soi-disant indépendant, ils sont citoyens de deuxième zone par rapport aux immigrés chinois qui jouissent de facto de l’immunité administrative, judiciaire et fiscale, les autorités osant rarement les inquiéter pour leur comportement et action). Pour faire plier le pouvoir communiste ils n’ont que leur courage et leur nombre, à condition de les montrer chaque jour plus grands et dans la plus grande ténacité. Par suite ils ne peuvent laisser refroidir le feu du patriotisme réveillé en eux. C’est ainsi que des appels à des manifestations continuelles sont transmis de bouche à oreille et à travers les réseaux sociaux (que le gouvernement veut justement contrôler sinon fermer avec sa loi de sécurité sur internet). Aussi voit-on les habitants d’autres villes et d’autres localités manifester à leur tour les jours suivant le 10/6 (tels le 11/6 avec les 30.000 ouvriers de l’usine Pouyuen à Bình Chánh et le 12/6 avec ceux des usines de Long An).

Un mot d’ordre de remettre la partie étant lancé pour les samedi et dimanche 16-17/6, pour empêcher une nouvelle démonstration de force dans les rues surtout dans le sud, le pouvoir de Hanoï a envoyé 25.000 policiers nationaux armés (chính quy) à la rescousse des polices provinciales. Selon la rumeur, ces unités comprennent des militaires chinois dépêchés par Pékin déguisés en policiers vietnamiens, chargés de mater la population afin de sauver le régime, instrument indispensable de l’annexion du Vietnam à la Chine. Les policiers locaux n’étant jusqu’ici munis que de pistolet à gaz lacrymogène, de matraque et de fouet électrique, pour les rendre plus efficaces contre la population révoltée, le pouvoir vient de décider dans la précipitation de leur confier à l’instar de la police nationale des armes létales (fusils et grenades). Au spectacle de barrages et barbelés comme d’une multitude de soldats et de policiers menaçants déployés dans les endroits les plus stratégiques des grandes villes depuis le 15/6, on se croirait en temps de guerre, et guerre il y a, mais du pouvoir communiste contre son propre peuple.

Parallèlement à des mises en garde contre tout attroupement dans les media et par voie des tracts, une rafle générale est organisée contre tout citoyen susceptible de participer à une manifestation : Le week-end des 16-17/6, tout groupe d’au moins trois personnes marchant dans la rue, debout dans une librairie ou attablé dans un café dans les quartiers « sensibles » est interpellé et obligé de montrer sa carte d’identité, celui ou celle ne l’ayant pas sur lui/elle étant frappé(e) d’une forte amende, et si une personne déplaît pour une raison ou une autre aux policiers, elle est aussitôt appréhendée ; de même pour des personnes isolées mais avec un sac à dos douteux ou photographiant avec un smartphone. C’est ainsi qu’à Saïgon rien qu’en la seule journée du 16 /6 près de 200 personnes sont arrêtées. Au poste de police les malchanceux sont soumis à un interrogatoire musclé sur leurs intentions politiques, battus et torturés des heures (par exemple, sous les coups, la facebooker Võ Thị Tuyết Lê a perdu plusieurs dents qu’elle a dues avaler) et parfois des jours durant. Ils finissent par être renvoyés chez eux ou hospitalisés en cas de blessure grave, sauf une minorité, considérée peut-être comme fortement rebelle, qui reste détenue sous le chef d’inculpation « atteinte à l’ordre et à la sécurité ».

A cause donc de la surveillance accrue et de la répression, les Vietnamiens ne sont pas descendus dans la rue le week-end dernier, à l’exception des dizaines de milliers de chrétiens des provinces centrales Nghệ An et Hà Tĩnh, victimes des Chinois de Formosa, conduits par leurs prêtres et bonnes sœurs (le 17/6) ainsi que de milliers d’habitants de Chợ Gạo à Mỹ Tho, forts du statut de berceau de révolutionnaires de leur petite ville, venus assiéger le QG militaire de la province Tiền Giang (siège de la 9e circonscription militaire) aux cris de l’unique slogan  « A bas le communisme qui vend le pays » (le 18/6). Les revendications du peuple n’évoquent plus les lois sur les ZES et l’internet, car la population comprend désormais qu’elles ne sont que secondaires, car c’est sa liberté et son existence en tant que vietnamienne, c’est-à-dire la survie du Vietnam, qui sont en jeu face à l’ambition dévorante de la Chine et la traîtrise éhontée de ses gouvernants. Des appels à d’autres manifestations ce 24/6 et à tous les week-ends futurs quand c’est possible ainsi qu’à la désobéissance civile et même à l’insurrection continuent à circuler sur le net. Les Vietnamiens seront-ils assez nombreux pour avoir la volonté de s’engager dans ce bras de fer avec les autorités sachant qu’ils le paieront avec beaucoup de sang et de larmes ?  

Loi de sécurité sur internet ou loi d’entrave des internautes ?

Par DANG PHUONG NGHI

L’appel à une manifestation générale le 10/6/2018 contre le projet de loi sur les ZES (plus justement contre toute implantation chinoise au Vietnam comme c’est écrit sur certaines pancartes : « nous sommes contre toute location de terre aux Chinois, même pour un seul jour » a été massivement suivie dans toutes les villes vietnamiennes, en particulier à Saigon et Nha Trang, où les citoyens se sont déversés par centaines de milliers dans les rues, une première dans le Vietnam communiste.

Parmi les slogans écrits et scandés figure une protestation « non à la loi de sécurité sur internet ». Pourquoi cette formule au milieu des phrases anti-chinoises ?

Le fait est qu’en même temps que la loi sur les ZES, le pouvoir veut faire passer ce 12/6/2018 une « loi de sécurité sur internet » destinée en principe à la protection de l’espace internet contre les activités « nuisibles à la sécurité nationale, à l’ordre, à la sécurité sociale, aux droits et aux intérêts des organisations et des individus », mais visant en réalité à museler l’opinion, en empêchant la population d’accéder aux informations défavorables au parti et aussi bien sûr de les diffuser et de communiquer pour une action commune, surtout maintenant que, sous la pression de Pékin, Hanoï doit accélérer les transferts de souveraineté du Vietnam à la Chine suivant l’accord secret entre les partis communistes des deux pays.

Ce projet de loi, calquée sur la loi chinoise « Management regulations on internet forum and community » promulguée l’année dernière (25-8-2017, fait fi comme chez les Chinois, des droits les plus élémentaires de l’homme que sont la liberté de parole, la liberté de s’informer et de s‘instruire, le droit à une vie privée. Emue par la teneur de cette loi, le 7/6 l’organisation Human Rights Watch a sonné l’alarme et émis son inquiétude auprès du gouvernement vietnamien, suivie le 8/6 dans cette démarche par le Canada et les Etats-Unis qui rappellent à Hanoï que cette loi contrevient à ses engagements lors de son entrée dans l’organisation du commerce international (OMC).

Comme mesures liberticides dans le projet de loi citons par exemple : l’article 2.9 qui assimile tout « franchissement volontaire » « de la muraille de feu » à un acte d’espionnage ; les articles 8 &15 interdisant tout écrit et toute diffusion des informations « hostiles à la république socialiste du Vietnam » et « offensantes envers … les dirigeants ». Selon l’article 26 les opérateurs d’internet sont obligés de garder toutes les données concernant leurs abonnés, de les communiquer à la police dès réception d’une lettre d’icelle (sans besoin d’ordre de la Justice), d’effacer les informations incriminées dans les 24h suivantes, et, à la demande du Ministère de la police ou de celui de l’information et de la communication, de fermer le compte de l’abonné (particulier ou organisation) et ne plus lui fournir le service d’internet. Les fournisseurs d’internet étrangers (sous-entendus Google, Facebook, Microsoft…) étant inclus dans cet article, nous aimerions connaître leur réaction.

L’organisme FireEye, spécialisé dans la protection des données et de la sécurité des ordinateurs, révèle en 2015 que tous les sites web et le réseau d’ordinateurs du Vietnam sont surveillés et piratés par les Chinois du groupe APT30 depuis une dizaine d’années. Après tergiversation, Vncert, le Centre de secours des ordinateurs dépendant du Ministère de l’information et de la communication a reconnu que toutes les attaques informatiques (quasiment permanentes puisqu’en seulement 2 mois, 7-8/2015 plus de 1000 serveurs et environ 2500 sites furent attaqués – cf. https://www.voatiengviet.com/a/an-ninh-mang-google-facebook/4430229.htm ) sont l’oeuvre de pirates chinois. Les incursions chinoises sont d’autant plus faciles que 6/7 des équipements informatiques utilisés dans les entreprises et les services publics vietnamiens sont de fabrication chinoise (Huawei et ZTE, compagnies connues de surcroît pour l’habitude de cacher des virus espions dans leurs produits). Un problème aussi important pour la sécurité nationale que le contrôle de l’internet vietnamien par les Chinois devrait donc un sujet de préoccupation pour le gouvernement, pourtant le pouvoir de Hanoï ne s’en soucie guère.

Ainsi la future loi, loin de donner des moyens pour se prémunir contre les menées de piratage de la Chine, ne cherche qu’à chercher noise aux citoyens par crainte de leur opposition au régime. En voulant mettre internet sous tutelle et serrer l’accès à l’information, le pouvoir nuit non seulement au développement des entreprises (en informatique en premier) mais aussi à celui de l’éducation nationale. Les Vietnamiens, dont l’esprit s’est ouvert au monde grâce aux livres et articles publiés sur le net, ne peuvent que se révolter contre un projet qui les renvoie aux heures sombres d’avant internet où le parti leur faisait gober les pires âneries et mensonges.

Comme la nouvelle sur le vote de la loi leur est parvenue trop tard et qu’elle coïncide avec celle plus urgente sur la création des ZES, il n’est pas étonnant qu’à défaut d’en faire l’objet d’une action spéciale, les manifestants ont inclus leur refus de la loi de sécurité sur internet dans leurs réclamations pour la défense du pays.   

Zones économiques spéciales : des terres d’occupation chinoise déguisée

 

Trois nouvelles concessions de territoire à la Chine pour 99 ans en des lieux stratégiques bientôt ratifiées par le Parlement vietnamien sous prétexte de création de zones économiques spéciales  

Par DANG PHUONG NGHI

Du 23 au 28/5/2018 dernier, le Parlement vietnamien s’est réuni pour discuter d’un projet de loi sur la création de trois zones économiques et administratives spéciales « appelée Loi sur les unités administratives et économiques » à concéder pour 99 ans aux entreprises étrangères, situées en trois points côtiers stratégiques du pays : au nord Vân Đồn (2.200 km2, dont 551,33 km2 sur terre et 1620 km2 sur mer, province Quảng Ninh) dans la baie de Hạ Long près de la frontière chinoise, au centre Vân Phong Nord (11.000 ha dont 56.000 sur terre et 55.000 en mer, province Khánh Hòa) à 30 km de Nha Trang, face aux Spratly, particulièrement dotée d’un port aussi large et fonctionnel que celui de Cam Ranh sis tout près, et au sud l’île Phú Quốc  (58.923 ha, Kiên Giang) au large de Hà Tiên dans le golfe de Thaïlande. La loi devait être soumise au vote le 12/6/2018 prochain, mais sous la pression populaire la date du vote a été remise à la fin de l’année.

En effet, à peine la nouvelle a-t-elle paru dans les media officiels au début de juin qu’une énorme vague de protestation contre le projet gagne la population, relayée dans la presse officieuse et les réseaux sociaux, avec des appels à une manifestation générale ce 10/6/2018. Alors que contre la catastrophe Formosa en 2016, hors les quatre provinces centrales concernées, le pays ne bougea guère, cette fois-ci, comme en 2014 lors de l’arrivée dans la plate-forme de forage chinoise Hai Yang dans les environs des Spratley, des voix s’élèvent de toutes les 63 provinces du pays. Car pour les Vietnamiens, zone économique spéciale n’est qu’une métaphore destinée à tromper le peuple pour désigner annexion progressive du Vietnam à la Chine via une concession territoriale, car comme le montrent les exemples flagrants du complexe Formosa et des usines de bauxite sur les hauts plateaux, les vastes superficies « louées » aux entreprises chinoises pour 70 ans (maximum d’années permises jusqu’ici par la loi vietnamienne) sont devenues des mini-Chines jouissant de prérogatives d’exterritorialité, strictement interdites aux Vietnamiens, même aux représentants de l’ordre, où vivent par milliers des « ouvriers » chinois importés de Chine qui échappent à tout contrôle des autorités, qui prennent femme dans les familles pauvres de la région et  engendrent des petits métis chinois destinés à repeupler le Vietnam dont les autochtones sont l’objet d’un plan diabolique de génocide (dont nous reparlerons) de la part de Pékin.

Le modèle de zone économique spéciale (ZES), forme moderne de zone franche, dont le but est de créer une dynamique économique dans la région concernée, désigne un espace géographique dans lequel les lois nationales sont plus libérales que dans le reste du pays, où les entreprises se voient accorder des facilités administratives ainsi que des privilèges en matière fiscale et douanière. Il est surtout adopté par les pays en voie de développement dans le but d’attirer des investissements étrangers qui apportent de l’emploi à leurs citoyens tout en les ouvrant aux gestions et aux technologies nouvelles. A l’imitation de la Chine dont le succès de la première ZES à Shenzen est partout cité, alors qu’il est dû plutôt à d’autres raisons que les exemptions légales, comme par exemple l’attrait d’un marché potentiel de plus d’un milliard de consommateurs, le Vietnam a voulu pareillement ses ZES. Formule appliquée par nombre de pays en manque de capitaux depuis les années 1960, la ZES a eu du temps pour démontrer son peu d’efficience, malgré quelques réussites, mais le pouvoir vietnamien ne veut pas voir les échecs.

Des zones économiques (ZE) dotés de privilèges, il en existe au Vietnam : La première, à Vũng Tàu – Côn Đảo, ne dura que quelques années de 1979 à 1991, mais l’idée fut reprise en 2003, (sur instigation de Pékin ?) avec la création de celle de Chu Lai (province Quảng Nam), et à ce jour le pays en compte 18 qui ne sont pas tellement des réussites.  Malgré les déclarations optimistes des dirigeants, à part les deux ZE situées dans les provinces relativement riches de Đà Nẵng et Khánh Hòa, les autres non seulement n’ont suscité aucun essor dans la région, mais encore les provinces où elles se trouvent périclitent au point de réclamer de l’aide à l’Etat. Mais pour les dirigeants si elles ne donnent pas satisfaction c’est parce qu’ils ne sont pas allés assez loin dans les exemptions. Avec plus de faveurs les trois ZES qu’ils établissent rapporteront, selon eux, 50 milliards de dollars par an de taxes et bénéfices divers et entraîneront l’amélioration de la main d’œuvre locale. Quant aux accusations à propos de la Chine, il les rejette sous prétexte que nulle part dans le texte de loi il n’est fait mention de ce pays. Mais les Vietnamiens ne sont pas dupes, car leurs yeux ont fini par s’ouvrir sur la présence chinoise dans tout le pays et l’infamie des gouvernants.

Ils voient bien que les Chinois se sont engouffrés dans les zones économiques en tant qu’entrepreneurs pour finir par s’en rendre maîtres par le rachat des entreprises déficitaires. Au vu de la présence de plus en plus nombreuse des Chinois dans les ZE dont la superficie totale s’étend sur 7.305 km2, soit 2,2% du territoire national, et leur présence exclusive dans certaines comme celle de Vũng Áng (province Hà Tĩnh) où s’est installée l’entreprise Formosa, il est permis de penser qu’il s’agit d’une astuce pour Pékin et Hanoï de faire avaler par les Vietnamiens l’annexion progressive du pays à la Chine. D’ailleurs quel gouvernement sinon complètement vendu alloue-t-il à des ressortissants d’un pays étranger, qui plus est un pays ennemi héréditaire, de vastes portions du territoire national dans les points les plus stratégiques du pays pour s’y installer, et encore plus sans subir aucune contrainte de la part des autorités ?

Déjà, là où la Chine a réussi à arracher au pouvoir communiste de Hanoï de vastes terrains, et pas seulement dans les ZE, pour s’y implanter « économiquement » comme autour de l’usine de bauxite Nhân Cơ sur les hauts plateaux, les Chinois y migrent par milliers et dizaines de milliers grâce à une décision (non publiée mais appliquée) permettant aux Chinois d’entrer au Vietnam sans visa (chaque jour arrivent plus de de 10.000 « touristes chinois » mais on ignore combien repartent), sans limite de séjour, sans risque d’être contrôlés et poursuivis s’ils contreviennent à la loi vietnamienne (même la presse officielle fait état de nombreux cas de « touristes » coupables de grivèlerie, de violence et de vol envers les gens du pays sans que la police, appelée à l’aide, n’intervienne).

Les trois ZES qui font actuellement parler d’elles sont déjà en fait créées en 2007-2014 en tant que ZE, puis élevées au rang de ZES en 2017.  Ce qui fait débat ou plutôt la goutte qui fait déborder le vase est que (sûrement à la demande chinoise) le parlement s’apprête à leur conférer un statut spécial qui prolonge la durée de la « location » du terrain jusqu’à un siècle (99 ans) et leur accorde des privilèges administratifs et l’autonomie juridique : en plus d’énormes exemptions fiscales, les entreprises y ont le droit de créer leur propre banque et leur propre monnaie ou utiliser la monnaie de leur choix, et surtout d’instituer leur propre tribunal ; et, passe-droit tout aussi troublant, elles peuvent disposer d’armes pouvant y être fabriquées. Bien qu’elles soient censées attirer les entreprises de toute nationalité, tout le monde comprend que les Chinois sont les plus intéressés et y ont d’ailleurs déjà acheté directement ou via des prête-nom une bonne partie du terrain sur lequel des constructions sont en train de se faire. Même si au début quelques entreprises autres que chinoises s’y implantent, tôt ou tard les Chinois avec leur force de frappe financière, les auront rachetées, comme ils l’ont déjà fait dans tout le pays au point de devenir le plus gros employeur du Vietnam, ce qui les met dans la position d’exiger des candidats à l’emploi la connaissance de la langue chinoise (un des moyens les plus efficaces de la sinisation).

Dans les trois ZES situées dans de très belles régions, le pouvoir veut y promouvoir le tourisme, mais un tourisme de riches dépravés en y encourageant l’ouverture de casinos et la légalisation de la prostitution. Il faut que les dirigeants de Hanoï soient bien dénaturés pour vouloir introduire dans un pays déjà en proie à de tas de maux sociaux un facteur de déchéance sociale et un foyer virtuel de criminels. Car si le citoyen lambda ne pourra pas y venir s’amuser, jeunes Vietnamiens et jeunes vietnamiennes y seront recrutés pour servir de main d’œuvre servile et d’esclaves sexuels. Ce projet leur est probablement soufflé par Pékin qui cherche entre autres desseins à délocaliser les entreprises les plus polluantes (au sens physique et moral) tout en affaiblissant ses partenaires-rivaux. Il suffit de voir l’exemple de la ZES de Bokea au Laos, près du Triangle d’or, prise en main par la compagnie hongkongaise Kings Romans où sévissent les vices (jeux, sexe et drogue) autour de ses salles de jeux et de ses hôtels de luxe sous la férule d’une loi mafieuse privée, où ne circule que le renminbi et non le kip laotien, où la langue chinoise est de rigueur, sur laquelle le Comité pour le quadrangle économique censé la chapeauter n’a d’autre pouvoir que l’estampage d’un timbre sur le passeport des visiteurs.

Aucune loi n’a paru jusqu’ici nécessaire au pouvoir pour céder de la terre vietnamienne aux Chinois. Le secret entoure toujours les abandons de territoire à la Chine dans le traité de 1999 sur les frontières. La cession aux Chinois de plus de 300.000 ha ou 30.000 km2 de terre abritant des précieuses forêts primaires dans les provinces frontalières du nord n’a été connue que grâce à la dénonciation de deux généraux en 2010 et a entraîné après complète déforestation l’établissement d’une population immigrée chinoise incontrôlée estimée à des millions aux portes du pays, qui serviront sûrement d’argument à Pékin pour s’approprier carrément la région et redessiner ainsi la frontière en sa faveur. La plupart des projets industriels dévolus sans tambour ni trompette aux Chinois comportent toujours la « location » d’une surface importante de terrain dont les habitants sont expropriés manu militari au nom du développement pour venir grossir la masse des sans logis ou « dân oan (peuple victime d’injustice) et être remplacés par des immigrés chinois. D’ailleurs, en ce moment même, se poursuit l’expropriation des familles vivant dans les zones destinées à devenir des ZES.   

La durée consentie aux ZES n’apporte aucun changement à leur statut autonome de fait dès que les Chinois y mettent les pieds. Aucune durée n’était annoncée comme limite à la concession des 110 ha entourant l’usine de bauxite Nhân Cơ et pourtant elle est devenue une chasse gardée chinoise complètement clôturée et fermée aux Vietnamiens fût-ce des agents de l’autorité, où vivent un grand nombre de Chinois dont personne ne sait ce qu’ils y font exactement, ce qui laisse soupçonner qu’il s’agit de militaires camouflés. Elle constitue autant un espace extraterritorial que le complexe Formosa, beaucoup plus étendu (3300 ha dont 2.025 ha sur terre et 1.239 ha sur mer comprenant le port en eaux profondes de Sơn Dương), dûment concédé aux Chinois pour 70 ans avec possibilité de faire venir la main d’œuvre de Chine (estimée actuellement au moins à 10.000 employés, soupçonnés aussi d’être des militaires) pour lesquels ils construisent des logements sur des surfaces supplémentaires que leur loue le pouvoir local. D’ailleurs, dans les trois zones concernées à Vân Đồn, Vân Phong et surtout Phú Quốc une bonne partie du terrain est déjà « achetée » par des Chinois et leur constitution en ZES déjà signée par le premier ministre en 2017. Dans la réalité le projet des ZES est déjà en train de se réaliser.

Pourquoi donc vouloir entériner par une loi leur établissement et prolonger la durée de concession à 99 ans ? Certainement, les dirigeants de Hanoï préfèrent de beaucoup agir avec dissimulation, en laissant les Chinois s’emparer au fur et à mesure du pays mais sans proclamer cet état de fait, c’est-à-dire sans réveiller la fibre patriotique du peuple endormi par la propagande. Le problème est que Pékin a besoin d’asseoir une domination relativement légitime sur la Mer orientale à la fois pour contrer les critiques internationales et pour se prémunir d’une volte-face vietnamienne. Les trois ZES choisies exprès pour leur importante situation géographique, une fois entièrement dans ses mains grâce à sa mainmise sur tous les projets prévus et devenant alors une concession chinoise légale semblable à celle de Hong Kong pour les Anglais, pourront être transformées aisément en bases militaires, étant toutes les trois prévues pour accueillir un port et un aéroport. De ces bases installées sur la côte du Vietnam, la Chine pourra exercer une surveillance plus accrue sur la Mer orientale et la pousser jusqu’au golfe de Thaïlande à partir de Phú Quốc en même temps que de Sihanoukville où elle possède une base navale depuis 2010.

Quant à la durée de 99 ans, elle a été choisie pour son caractère symbolique, qui rappelle l’humiliation chinoise avec Hong Kong, à la fois pour tester la réaction des Vietnamiens que pour la satisfaction revancharde des Chinois. Au sortir de la monarchie mandchoue, la Chine républicaine puis communiste qui se relève difficilement de l’oppression mandchoue (parlant de l’empire des Qing, on oublie souvent que c’est une dynastie étrangère qui y règne et considère les Chinois comme des sujets de deuxième zone, obligés de porter une coiffure à nattes pour les distinguer des maîtres mandchous) et des mortifiantes ingérences internationales, n’a cessé de rêver à une revanche éclatante en redevenant une puissance économique et militaire (projet « Rêve de Chine » officiellement déclaré et enseigné au milliard et demi de citoyens chinois), ce qui est somme toute un désir respectable, mais afin de pouvoir dominer tous les autres, de leur infliger les mêmes humiliations que celles qu’elle avait subie, ce qui est inquiétant et exécrable. La divine surprise de la manne de capitaux apportée après son intégration dans l’ONU en 1971 par les capitalistes occidentaux dans leurs illusions de profits mirifiques a apporté à Pékin les moyens nécessaires à la réalisation de ses folles visées : Grâce aux délocalisations étrangères et aux transferts de technologie, la Chine a pu s’industrialiser, développer l’instruction publique, renforcer et moderniser son armée et surtout accumuler une réserve colossale d’argent qui lui permet de s’étendre à l’étranger en y achetant mines, terres cultivables, ports, entreprises, politiciens et agents d’influence, etc. pour y exploiter les ressources locales et y faire migrer ses ressortissants.

Le gros problème pour les pays qui s’ouvrent aux investissements chinois dans le cadre ou non des zones économiques est justement cette volonté de Pékin de régler son problème de surpopulation par l’imposition d’une abondante main d’œuvre chinoise constituée d’êtres frustes, difficilement assimilables, destinés à faire souche dans le pays endetté, par le biais des projets financés par les banques chinoises. Où qu’ils s’installent, leur présence et leur comportement suscitent des heurts avec la population locale. A cause de ce facteur humain, les implantations chinoises deviennent des colonisations de peuplement, autrement plus pernicieuses que les colonisations pour le seul profit. C’est ainsi que des centaines de milliers, voire des millions de Chinois vivent déjà plus ou moins ouvertement dans toutes les provinces vietnamiennes. L’ hostilité à l’immigration chinoise fait craindre à l’opinion que dans les ZES où leur est concédé un siècle de présence autonome, où ils peuvent vivre comme chez eux sans avoir à s’adapter à la société vietnamienne, forts de leur nombre au bout de plusieurs générations, ils risqueront de faire sécession à la façon de la Crimée de Poutine.

L’inquiétude et la colère des Vietnamiens n’a jamais été aussi forte et partagée ces jours-ci. Sauront-ils dans leur révolte manifester assez de résolution pour réclamer non pas seulement le retrait du projet de loi lequel, même accordé, n’influe guère sur le cours des événements, mais un véritable changement de politique et dans la foulée le renversement du régime, afin de sauver le pays d’une annexion programmée ?

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