Pour ceux qui doutent encore de la domination chinoise au Vietnam, il suffit de voir le comportement des dirigeants de Hanoï face à Donald Trump et Xi Jinping lors du sommet de l’APEC :
Sur invitation du président Trần Đại Quang pour les Etats-Unis et du Secrétaire général du Parti Nguyễn Phú Trọng pour la Chine, Donald Trump comme Xi Jinping ont tous les deux décidé de faire une visite officielle (de 1 jour pour Trump et 2 jours pour Xi) à Hanoï après la clôture du Sommet de l’APEC à Đà Nẵng le 11/11/2017.
Or, alors que les deux invités officiels sont également à la tête d’une grande puissance, seul le président chinois a eu droit aux 21 coups de canon à sa descente d’avion.
Histoire de marquer la position privilégiée de la Chine, autrement dit la sujétion du Vietnam, révélée en plus par la construction d’un grandiose Palais de l’Amitié Vietnam-Chine de 14.000m2 sur 3,3ha à Hanoï inauguré par Xi le 12/11, ainsi que la signature entre Nguyễn Phú Trọng et Xi Jinping de 12 documents et 7 textes portant sur la coopération entre les deux pays (c’est-à-dire en fait l’ingérence plus poussée de la Chine dans les affaires internes du Vietnam), en particulier en matière de défense nationale (contrôle des frontières par l’armée chinoise, document 12), de système bancaire (contrôle des banques vietnamiennes par la Commission de gestion et de contrôle des banques chinoises, doc. 11), de culture (éditions et media officiels vietnamiens sous la supervision du Bureau des éditions et de l’Union de la presse chinois, textes 4,5).
Sans compter une autre inauguration en grande pompe une semaine avant le Sommet de l’APEC, celle d’un autre bâtiment imposant, le Consulat général de Chine à Đà Nẵng, ville d’accueil du Sommet, mais surtout préfecture gérant les îles Paracels et Spratly, qui doit s’interpréter comme une affirmation devant la communauté internationale du pouvoir réel régnant sur le Vietnam et sur ces archipels.
A cette « profonde amitié » sino-vietnamienne vantée dans tous les media officiels et enseignée dans toutes les écoles, le peuple a profité des événements de l’APEC pour lui opposer un démenti formel. D’abord, par les milliers de « like » sur facebook accompagnant la traduction du discours de Donald Trump, en comparaison de l’absence de « like » et de nombreux « angry » concernant celui de Xi Jinping. Ensuite par la venue en masse de la population de Hanoï près de l’aéroport et dans les rues pour accueillir le président américain en visite à Hanoï, certains devant attendre des heures entières pour seulement entrevoir sa voiture, cependant que le convoi du président chinois laisse les Hanoïens indifférents.
Le mépris du peuple vietnamien pour ses dirigeants, qu’il n’ose exprimer qu’en privé, a trouvé dans un faux pas honteux des organisateurs de l’APEC l’occasion de se manifester ouvertement : le choix du costume porté par le personnel féminin désigné au service d’environ 300 participants de l’APEC lors du gala d’ouverture du sommet, un simple couvre-sein à dos nu par-dessus une jupe longue.
Cet accoutrement sexy, très impudique aux yeux d’une nation encore très traditionnaliste avant 1975, porté par des jeunes vietnamiennes en une occasion solennelle, devant des personnalités étrangères, n’a pu que choquer nombre de ceux qui l’ont vu en direct ou sur photo. En fait, ce genre de vêtement sexy a déjà fait son apparition officielle sur le dos d’un groupe de jeunes danseuses présentées au président Obama en 2016, mais son indécence ne fut pas relevée publiquement. Ce silence des media a dû conforter les autorités dans leur goût et leur inculture vulgaire.
Mais cette fois-ci le léger couvre-sein ne passe plus : de nombreuses voix se sont élevées contre l’image désastreuse donnée à la femme vietnamienne en une circonstance aussi importante, sous les caméras du monde entier. Devant l’indignation générale, les organisateurs de l’événement ont refusé de répondre mais leurs partisans ont pris comme justification le fait que c’était un costume traditionnel, argument aussi absurde que stupide : le cache-sein était en effet un vêtement traditionnel, mais une pièce de dessous, toujours couverte par une chemise ou une robe ; dans quel autre pays a-t-on l’idée de faire porter un soutien-gorge sur jupon ou une chemise de nuit à des hôtesses lors des cérémonies officielles sous prétexte de tradition ?
Les hôtesses habillées ainsi existent partout, mais sur des femmes de mœurs légères et confinées dans des bars et lieux de plaisir ! Un tel choix approuvé par les dirigeants vietnamiens ne montre-t-il pas leur vulgarité et leur mentalité de mafiosi ?
Nul étonnement à ce qu’ils vendent allègrement leur pays à Pékin.