Après la tentative de récupération des 4 millions de Vietnamiens installés à l’étranger sous la forme d’une fédération d’un soi-disant peuple Kinh expatrié, réuni symboliquement dans un centre prévu à Boissy St Georges, révélée par une escroquerie montée par des entrepreneurs cantonais aux ordres de Pékin avec l’aide d’une poignée de malhonnêtes Vietnamiens (cf. https://sosvietnam.net/?s=Bussy+Saint+Georges), c’est au tour de Hanoï, également en terre française, d’exploiter cette population d’expatriés dans une coûteuse opération de communication destinée à faire croire à l’adhésion à son régime de la crème de ces mêmes millions de Vietnamiens devenus citoyens d’une centaine de pays différents.

Les 30 et 31 mars 2019 s’est tenu à Paris le premier forum d’une association dénommée Vietnam global leaders (VGL), extension d’une association d’experts et de scientifiques vietnamiens (AVSE, Association of Vietnamese scientists and experts, fondée en 2011 sous l’égide de l’ambassade du Vietnam à Paris pour servir d’organe recruteur d’« idiots utiles » au pouvoir communiste de Hanoï. Pour une simple manifestation culturelle destinée à présenter une association en formation, les organisateurs n’ont pas lésiné sur les moyens en louant un hôtel particulier luxueux pour la réunion avec des agapes fastueuses et en prenant en charge les frais d’avion et d’hôtel des personnalités ciblées et invitées. Pour marquer son intérêt Hanoï a délégué à la réunion un groupe d’apparatchiks du monde universitaire et économique cornaqué par la présidente de l’Assemblée nationale qui y délivre un discours officiel.

Ce ne serait qu’une dépense somptuaire de plus pour une opération de propagande sous couvert économico-culturel dont raffolent les dictatures, si elle n’a lieu au moment où les caisses de l’Etat sont vides, où pour se renflouer les autorités augmentent à tour de bras les taxes et promeuvent la prolifération des postes de péage dénommés BOT installés sur les grands axes routiers contre lesquels les usagers n’en finissent pas de protester, sans compter la vente aux Chinois morceau par morceau du territoire national parmi les plus beaux et les plus stratégiques, laquelle obéit à une autre logique, l’allégeance en vue d‘annexion à la Chine. Pour faire croire à la bonne santé de l’économie vietnamienne, la presse aussi bien vietnamienne qu’étrangère ne cesse de s’extasier sur le fort taux de croissance au Vietnam : 6,8% en 2018 ; mais même si on fait confiance à ce chiffre publié par la Banque mondiale (les taux de croissance qu’elle avait attribués et attribue à la Chine sont très contestés actuellement devant la constatation de la fragilité de l’économie chinoise face à la guerre commerciale déclenchée par les USA), il faut, avant de l’applaudir, comprendre ce que cela signifie : il s’agit d’un indicateur de l’évolution (croissance ou décroissance) du produit intérieur brut (PIB/GDP) d’un pays d’une année à l’autre, lequel PIB se calcule en comptabilisant tous les biens et services produits dans un pays, estimés par leur valeur en argent, c’est-à-dire y compris toutes les sommes déboursées pour des projets inutiles, les dépenses incessantes pour la réparation de routes ou bâtiments mal construits, les gaspillages pour des services déplorables, et bien sûr tous les produits générés par les investissements directs étrangers (IDE/FDI) dont les bénéfices sont destinés à être rapatriés chez les investisseurs (Samsung, dont les produits à eux seuls représentent en 2018 24,9% des exportations totales du Vietnam, a ainsi réalisé en 2017 avec ses 4 usines 5,8 milliards USD de bénéfices qui sont comptabilisés dans le PIB du Vietnam alors que sur cette somme seulement environ 400 millions USD reviennent au Vietnam sous forme de taxe – cf. https://www.bbc.com/vietnamese/forum-46721307 ) ; il ne prend en compte ni l’origine (dette ou vol) de l’argent servant à la production de ces biens, ni les effets néfastes de cette production (sur l’environnement, la qualité de vie).

D’après les statistiques gouvernementales publiées le 13/10/2018 (cf. http://www.gso.gov.vn/default.aspx?tabid=382&ItemID=18970 ) au 31/12/2017 on compte au Vietnam 56.417 entreprises en activité, réparties dans les services (le secteur majoritaire avec 390.765 entreprises), dans l’industrie et la construction (164.189 entreprises) et dans le domaine forestier-agricole-aquaculture (très minoritaire avec 5463 entreprises). D’après l’origine de leur capital, ces entreprises sont classées en :

entreprises étatiques qui représentent 32% du PIB en 2016 (capital public à 100% et plus de 50%) et comprennent 2486 unités appelées par le décret 12-NG/TW du 3/6/2017 à se réduire progressivement, tant elles sont vouées à l’impéritie et sont percluses de dettes (en tout plus de 1,53 millions de milliards VND ou environ 68,85 milliards USD – cf. https://vnexpress.net/kinh-doanh/doanh-nghiep-nha-nuoc-dang-ganh-no-hon-1-5-trieu-ty-dong-3827001.html ) malgré le monopole dont elles jouissent,

entreprises non étatiques (capital privé : le gros de la troupe avec 541.753 entreprises, pour la plupart des petites et moyennes unités qui ne concourent qu’à 9% du PIB et sont mises en vente, d’ordinaire aux Chinois, dès qu’elles se développent – cf. https://baomoi.com/khi-thu-tuong-yeu-cau-xay-dung-nen-kinh-te-tu-chu/c/28108474.epi ) et

entreprises IDE (à capital à 80% – 100% étranger) qui représentent 20% du PIB.

Ces dernières qui disposent d’un capital de 265 milliards USD (contre 427 milliards pour les entreprises étatiques et 787 milliards pour les entreprises privées) et réalisent un chiffre d’affaires de 256 milliards USD (contre 139 milliards pour les entreprises étatiques et 526 milliards pour les entreprises privées) dont elles tirent un bénéfice avant taxe de 17 milliards USD (contre 9 milliards pour les entreprises étatiques et 13 milliards pour les entreprises privées), ne rapportent au budget de l’Etat que 11,9 milliards USD (contre 12,6 milliards pour les entreprises étatiques et 18 milliards pour les entreprises privées). Bien qu’elles concourent à plus de 72% des exportations du Vietnam, elles contribuent peu à sa richesse.  Elles exercent également peu d’influence sur le relèvement du savoir-faire des entreprises vietnamiennes, du fait, il faut le reconnaître aussi, d’un système éducatif en débâcle et d’une politique sectaire : Les usines de haute technologie installées au Vietnam ne sont que des usines d’assemblage et de montage, aux produits desquels aucune des entreprises vietnamiennes, faute de compétence reconnue par l’investisseur, ne participe à la fabrication. De plus, nombre des entreprises IDE, en particulier les entreprises chinoises qui ont importé au Vietnam leurs industries les plus polluantes, peuvent se permettre de détruire l’environnement du pays grâce au laxisme des autorités et à la corruption généralisée. Le seul avantage des entreprises IDE pour le pays, c’est qu’elles donnent du travail à la population ou plus exactement directement à 3,6 millions de travailleurs (Le seul Samsung emploie 160.000 personnes) et indirectement à 5-6 millions d’autres, ce qui représente 70% de la main d’œuvre totale dans le secteur secondaire estimée à 14,5 millions, les entreprises étatiques ne donnant l’emploi qu’à 1,2 millions de personnes et les entreprises privées non dépendantes des entreprises IDE à 2,8–3,8 millions (= 8,8 – 5-6 ; cf. http://vneconomy.vn/thu-hut-fdi-nhieu-nhung-chuyen-giao-cong-nghe-con-han-che-2018062515110821.htm ). Malheureusement, ces emplois très mal payés ne suffisent pas à faire vivre les familles des ouvriers surexploités (d’ordinaire 10h/jour, 6jours/7, dans des conditions drastiques).  

Quant à l’agriculture qui représente 22% du PIB, dont vivent 64% de la population, elle périclite à vue d’œil à cause de :

– La dégradation des terres agricoles due au manque d’alluvions, le lessivage en saison des pluies, l’aridité en saison sèche provoquée par :  la retenue des eaux en amont des fleuves par les gros barrages chinois et sino-laotiens quand le Vietnam est à sec et leur déversement en trombe quand le Vietnam souffre d’inondation  ; le réchauffement climatique qui accentue les crues et l’ensoleillement ; la salification progressive des terres dans le bassin du Fleuve rouge et surtout dans celui du Mékong (déjà 16% des terres à riz perdues pour la culture) ; l’utilisation massive des engrais chimiques et pesticides importés de Chine ;

–  La politique d’industrialisation à outrance du pays au détriment de l’agriculture qui ne cesse de perdre des surfaces grandissantes de terres arables confisquées par les autorités autant pour les besoins réels de l’industrie que pour des raisons de spéculation immobilière pratiquées par des cadres corrompus dont les exactions fabriquent des milliers de paysans sans terre ;

– La surexploitation des eaux de surface comme des eaux souterraines et leur pollution par une industrie à la technologie obsolète importée de Chine, très gourmande en eau, ce qui cause une pénurie d‘eau douce dans tout le pays et par suite un recours renforcé aux eaux souterraines pour l’agriculture et l’usage domestique avec des perspectives dramatiques en cas de sécheresse comme c’est actuellement le cas dans le Sud.

– La politique dirigiste absurde tournée vers l’exportation à tout prix : d’où l’obligation pour les paysans de faire trois récoltes de riz par an pour augmenter la production et par suite le choix d’une variété de semences de riz traitées en Chine et la nécessité de recourir aux engrais pour amender une terre fatiguée ; ce sacrifice de la qualité au profit de la quantité (fini les multiples variétés d’excellent riz spécifiques au Vietnam) qui rend la culture du riz doublement tributaire de la Chine pour les semences et l’engrais n’enrichit même pas le paysan qui doit trimer 2 à 3 fois plus (avant 1975 ils n’avaient besoin de faire qu’une à deux récoltes par an) pour gagner moins parce que son produit de moindre qualité vaut moins cher alors qu’il doit débourser plus pour payer semences, engrais et pesticides, et aussi parce que les entreprises exportatrices liées à l’Etat le pressurent pour obtenir le prix le plus bas afin qu’elles puissent l’emporter sur les marchés internationaux. De plus, comme 70% des produits agricoles sont exportées vers la Chine et que l’Etat laisse les marchands chinois aller et venir à leur guise et approcher directement les producteurs, les paysans isolés (le syndicat officiel des agriculteurs, composé de fonctionnaires, ne se préoccupant guère de leur prêter aide et conseil) se laissent facilement piéger par les ruses de ces derniers qui les met à leur merci pour les obliger à vendre à perte et même les ruiner afin d’acheter leurs terres. Soit dit en passant, la priorité à l’exportation sans souci de la demande domestique associée à l’ouverture en grand des frontières du nord a pour conséquence paradoxale une importation massive de Chine des mêmes genres de produits agricoles vendus aux Chinois, mais de moindre qualité et surtout préalablement trafiqués et empoisonnés aux produits chimiques toxiques !

Le résultat est qu’à part une minorité de gros agriculteurs, la masse paysanne vit dans l’extrême misère, souvent avec moins de 100 USD par mois, au point que l’agriculture manque de main d’œuvre, les jeunes campagnards préférant émigrer en ville et même à l’étranger et que certaines régions dans le sud-ouest et le centre touchées par la disette se désertifient.    

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Sécheresse et pénurie d’eau

Pour ce qui est de la pêche, activité naguère florissante, elle est en voie d’effondrement à cause de la pollution des eaux côtières par les rejets chimiques des usines chinoises dont la fameuse Formosa, ainsi que du fait de l’appropriation de la ZEE vietnamienne par la Chine qui interdit aux Vietnamiens d’y pêcher sous peine d’être abattus. Quant à l’aquaculture, elle se défend tant bien que mal dans le contexte des eaux polluées dont les substances toxiques se retrouvent souvent dans les crevettes et poissons, les rendant impropres à l’exportation à l’étranger (mais jugés quand même propres à la consommation locale !).    

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Relation entre le taux d’ habitants de plus de 5 ans n’étant jamais allé à l’école (les points) et le taux de familles pauvres (les couleurs) – ex. Trithucvn.net

Par suite, un PIB élevé ne signifie pas automatiquement que le pays se développe ou s’enrichit. Si enrichissement il y a, c’est uniquement celui du Parti et de ses séides, celui de tous les détenteurs du pouvoir et de leurs « arrière-cours ». A l’ombre des grands immeubles modernes et des complexes luxueux (pour la plupart propriétés d’étrangers, en particuliers chinois), la majorité du peuple vit dans la misère : La Banque mondiale qui chiffre (pour 2017) le salaire moyen au Vietnam à 2160 USD/an soit 180 USD/mois, n’y compte cependant que 9% de pauvres, comme si la masse de la population qui ne gagne qu’autour de 200 USD n’est pas déjà pauvre ! Les 9 millions qui n’ont accès à aucun service public (dont aucun n’est gratuit au Vietnam, même dans la santé et l’éducation) et ne disposent même pas d’un revenu minimum (qui se monte, d’après l’arrêté 157/2018/NĐ – cf. https://vanbanluat.pro.vn/157-2018-nd-cp-quy-dinh-muc-luong-toi-thieu-vung-doi-voi-nguoi-lao-dong-lam-viec-theo–468e863b29ef9b5.html , à de 2.920.000 à 4.180.000 VND, soit de 92 à 208 USD, selon les 4 régions de départage gouvernemental déterminées de façon plutôt mystérieuse, lequel arrêté ne règle que les salaires sous contrat, ce qui laisse entendre que les salaires libres qui constituent la grande majorité du travail payant peuvent être beaucoup plus bas) ne sont pas des pauvres, mais des miséreux ! Si encore le coût de la vie y est proportionnel aux salaires ! Certes, beaucoup de prix sont fort bas par rapport aux revenus occidentaux, mais ceux de nombre de produits de première nécessité se rapprochent de ceux des pays riches, comme par exemple l’électricité (actuellement : 1864,49 VND/kwh soit 8 cents/kwh par rapport à 12 cents/kwh aux USA) et l’essence (E5, de moindre qualité, à partir du 16/3/2019 : 17210 VND/litre soit 74 cents/l contre 70 cents/l aux USA pour une essence de meilleure qualité). Et cette misère n’est pas fatale mais causée entièrement par la politique insensée et servile (envers la Chine) du pouvoir de Hanoï

Et le sort du peuple ne risque pas de s’améliorer parce que le gouvernement vietnamien tient à attirer les investisseurs étrangers avec le bas niveau des salaires en empêchant leur relèvement (qui aurait par ailleurs fait gonfler ses frais de fonctionnement administratif qui composent déjà 66,3% du budget national (selon le budget prévisionnel de 2018 publié par le Ministère des finances vietnamien le 25/12/2017), le bas coût salarial étant le seul critère qui puisse les persuader, les autres tels un bon ensemble juridique, une infrastructure étendue et une main d’œuvre qualifiée laissant à désirer. Incompétent et corrompu, ce gouvernement a mis l’économie du pays à plat avec des pertes colossales dans les entreprises étatiques dont les dettes sont si énormes (68 milliards USD) que le pouvoir refuse de les comptabiliser dans les dettes nationales comme c’est l’usage, car additionnées aux 3,1 millions de milliards VND ou 139,5 milliards USD des dettes officielles, le vrai montant des dettes nationales sera de 207,5 milliards USD, c’est-à-dire 92,6% du PIB (223,9 milliards USD en 2017) et non plus 61,3% comme s’en félicite le pouvoir qui s’est fixé une limite critique à 65%. Et encore il s’agit ici des chiffres officiels, les économistes de l’opposition estimant les chiffres officiels non fiables et ce taux à 235% du PIB.

A cause de cet endettement, le budget national de 1.319.200 milliards VND, soit environ 59,3 milliards USD (cf. www.mof.gov.vn/webcenter/portal/btc/r/lvtc/slnsnn/sltn/dutoan/sltn_dutoan_chitiet?dID=30141&dDocName=MOFUCM118693&_adf.ctrl-state=ltbiw6lzb_4&_afrLoop=29692670506211302 ), une fois le remboursement obligatoire d’une partie des intérêts et des dettes à échéance (272.000.342 milliards VND ou environ 12,2 milliards USD) payé, ne suffit même pas à assurer l’entretien d’une bureaucratie débridée (1.180.515 milliards VND ou 53,1 milliards USD), a fortiori pour soutenir le développement et faire face aux problèmes urgents. En outre, près de la moitié des dettes étant contractée à l’étranger en dollars, pour remplir ses obligations internationales le pouvoir vietnamien est obligé de réemprunter de l’argent (16 milliards USD en 2018) sur le marché mondial à un taux d’intérêt fluctuant, la Banque mondiale, la Banque de développement asiatique et les fonds monétaires internationaux ayant retiré au Vietnam le privilège du taux préférentiel depuis 7/2017. La corruption des cadres s’aggravant et les dépenses de l’Etat ne cessant d‘augmenter, ne fût-ce que pour payer les services de police et de propagande (dont le forum VGL est le produit) nécessaires au soutien d’un parti en débandade contre une population de plus en plus désendoctrinée et révoltée, le Trésor se vide de ses réserves :  à l’encontre du gouverneur de la banque du Vietnam qui se félicite d’un record de 57 milliards USD de devises en réserve pour 2018, les statistiques du World Factbook de la CIA estiment ces réserves à 38,75 milliards USD et le journaliste dissident Phạm Chí Dũng à seulement 30 milliards dont 1/3 sous forme de bons du Trésor américain (https://www.voatiengviet.com/a/du-tru-ngoai-hoi-cua-viet-nam-lap-ky-luc-moi/4244946.html ) ; et le chiffre des 57 milliards n’a été avancé que pour faire croire que l’économie se porte bien, puisque ce montant des réserves qui suffit pour pourvoir à trois mois d’importation satisfait au minimum des prescriptions internationales.

C’est dans ce contexte de quasi-faillite de l’Etat qui dure depuis trois ans que le pouvoir communiste de Hanoï s’est mis à courtiser de plus belle les Vietnamiens installés à l’étranger qui lui rapportent chaque année environ 10 milliards USD équivalant à 7% du PIB vietnamien, avec un maximum de 13,5 milliards en 2015, par leurs envois d’argent destinés aux parents restés au pays, leurs dépenses en tant que touristes nostalgiques, et parfois leurs investissements dans des petites entreprises. D’anciens traîtres ou suppôts du capitalisme, les exilés sont devenus dans les discours officiels (mais pas dans la propagande interne) des « tronçons d’intestin d’à mille lieues » (= frères lointains, expression sortie la première fois en 2015 de la bouche du président d’alors M. Trương Tấn Sang lors d’une visite officieuse aux USA) « inséparables de la nation ». Mais malgré les chiffres à la hausse chaque année de la Banque mondiale et des officiels communistes à propos de ces fonds envoyés par les Vietnamiens de l’étranger (dénommés improprement Việt kiều), estimés par eux à 15,9 milliards USD en 2018, la manne des devises gratuites d’outremer baisse inexorablement depuis 2016 selon Phạm Chí Dũng qui ne l’évalue qu’à 8,5 milliards USD cette même année (cf. https://www.voatiengviet.com/a/ngan-hang-the-gioi-kieu-hoi-2018/4710815.html). S’il faut en croire le vice-directeur de la filiale à Saïgon de la Banque nationale Nguyễn Hoàng Minh qui déclare que le Sud du pays reçoit 50% de cette manne et chiffre cette demi-part à 5 milliards USD en 2018 (cf. https://nld.com.vn/kinh-te/kieu-hoi-do-ve-tp-hcm-20190118214803264.htm), le montant de ces fonds s’élève alors à 10 milliards USD et est vraiment sur la pente descendante, loin des rodomontades des dirigeants sur le soutien grandissant des Vietnamiens d’outremer.

Cette baisse du filon venant des exilés à partir de 2016 est un coup dur pour le pouvoir de Hanoï car il coïncide avec le moment où il a un besoin urgent de dollars frais pour s’acquitter des annuités de ses dettes comprenant depuis 2015 celles des 80 milliards USD de prêts APD (aide publique au développement /ODA official development assistance) qui arrivent justement à échéance, lesquels prêts préférentiels à longue durée et à très faible intérêt, ne sont plus renouvelés depuis 2014, vu leur mauvais usage et les rapports mensongers des fonctionnaires vietnamiens dénoncés en premier lieu par le Danemark (2012) et la Norvège (2013), pourtant à l’origine les plus empressés à aider le Vietnam. Si les 80 milliards avaient été utilisés à bon escient pour les infrastructures comme le stipulaient les conditions du prêt, au lieu d’être détournés (20-25%) dans les poches d’une bande d’apparatchiks et d’être déviés de leur but pour renflouer des banques mal gérées et construire bâtiments publics et monuments, etc. (cf. https://www.voatiengviet.com/a/them-bang-chung-xai-tien-oda-sai-muc-dich-o-vn/3673325.html) , le Vietnam serait aujourd’hui pourvu d’un réseau routier et ferroviaire de qualité et d’autres commodités modernes et non d’un chemin de fer vétuste, d’un ensemble clairsemé de routes en mauvais état, d’un système de voirie inefficient, etc.

Loin d’être aussi encourageante que le prétendent les experts internationaux, l’économie vietnamienne bat de l’aile. Pour ses dépenses intérieures en VND, le pouvoir démuni peut toujours imprimer des billets à volonté : A l’approche du nouvel an lunaire (Tết) de cette année 2019 la Banque nationale a fait tourner la machine à billets pour écouler sur le marché 47.500 milliards VND (environ 2 milliards USD) après une même manœuvre au Têt 2018 pour une somme beaucoup plus importante (93.000 milliards VND/4 milliards USD) – cf.  https://www.voatiengviet.com/a/vi-sao-tong-47500-ty-dong-sat-tet/4773363.html ), ce qui a provoqué une grosse inflation d’au moins 30% et non autour de 4% comme le notent les agences internationales, FMI entre autres (leurs experts se sont sûrement contentés de recueillir les données officielles au lieu de se rendre sur place pour écouter les plaintes des ménagères obligées de débourser chaque année près du double pour la même quantité de vivres !). Mais pour le paiement des dettes en monnaie étrangère et des importations, il lui faut trouver des dollars. D’où des campagnes régulières poussant les citoyens à convertir auprès des banques leur bas de laine en or et en dollars (que le pouvoir estime on ne sait par quel moyen à 500 tonnes d’or et 60 milliards USD) en VND pour le dépôt desquels depuis 2018 on leur promet un taux d’intérêt de 4 à 9% au lieu de 0% s’ils gardent l’argent en dollars. Mais ces campagnes ont peu de succès tant la population est méfiante, échaudée par plusieurs banqueroutes légales sans garantie pour les dépôts au-delà de 75 millions VND (environ 3000 USD).

Reste alors l’apport des Vietnamiens de l’étranger flattés plus que jamais par les dirigeants de Hanoï. Or, des 4,5 millions de ces expatriés, 1,5 sont des citoyens du Vietnam communiste en majorité « exportés comme main d’œuvre » inférieure ou servile à l’étranger (surtout les pays d’Asie (Taïwan, Corée du Sud, Japon, Chine, Hong Kong …) dont les envois d’argent au pays ne représentent que 6-7 % de la provende totale, 80 à 90% de cette dernière étant le fait des près de 3 millions vivant dans les pays occidentaux (USA, Canada, France) dont ils sont devenus citoyens (cf. http://nhandan.com.vn/baothoinay/baothoinay-kinhte/item/38394702-on-dinh-nguon-luc-kieu-hoi.html ). Composée pour la plupart des ressortissants de l’ancienne république du Sud-Vietnam et de leurs descendants, cette communauté est fortement anti-communiste, même si nombre d’entre eux comme beaucoup de membres de la jeune génération préfèrent oublier le passé pour mieux jouir de leur nouvelle vie occidentale. Comptant sur cette plage de non activistes opportunistes, le pouvoir vietnamien prend dès 1994 une batterie de mesures destinées autant à les faire revenir en touristes (ces dernières années au nombre de 400.000 à 500.000 par an) ou en investisseurs qu’à neutraliser leur hostilité, les retourner en faveur du régime et exploiter leur position et influence, afin « que notre gouvernement puisse les utiliser comme des têtes de pont à l’étranger », politique explicitée dans l’arrêté n°36 /NQ-TW du Bureau politique du 26/3/2004 (cf. http://nguoiviethaingoai.org/4_8.html ). Parallèlement à des dispositions juridiques permettant aux citoyens étrangers d’origine vietnamienne de revenir s’installer au pays, d’y travailler, d’être exemptés de visa, d’avoir les mêmes droits que les citoyens, des suppôts du régime, anciennement ou récemment émigrés, sont chargés à la fois de noyauter les groupements et associations des Vietnamiens libres ou nationalistes (par opposition aux communistes soumis à la Chine) pour y semer la zizanie et de créer des structures concurrentes dans un but de propagande en s’alliant avec des sympathisants de la gauche locale.  

Pour approcher les Vietnamiens d’outre-mer et susciter leur adhésion, ces organisations d’inspiration gouvernementale s’avancent masquées, se disent souvent apolitiques, font appel au patriotisme ou à l’attachement des exilés envers le pays de leurs ancêtres tout en gommant les aspects dictatoriaux du Vietnam pour le présenter comme un pays en développement normal. Elles n’annoncent jamais leur couleur mais se cachent sous des appellations neutres ou des objectifs nobles pour mieux tromper leur monde : Solidarité, Association des étudiants vietnamiens… Malgré les budgets conséquents qui leur sont attribués, le succès n’est guère au rendez-vous. Depuis l’ouverture du Vietnam aux exilés, sur 4,5 millions seuls 3000 Vietnamiens à passeport étranger, dont environ 400 « intellectuels et experts », sont revenus (au rythme de 200-300 par an) s’installer au pays, apportant avec eux 2 à 4,2 (selon les sources) milliards USD 70% desquels servent à investir dans de petites entreprises et 22% dans l’immobilier, le reste étant distribué à leurs proches (cf. http://www.sggp.org.vn/kieu-hoi-doi-dao-567780.html et https://www.voatiengviet.com/a/ha-noi-tim-cach-chieu-du-kieu-bao-vn/3655470.html ). La grande majorité des Vietnamiens d’outre-mer boycotte ces agences gouvernementales, optant sans le dire à l’instar de la plupart de leurs compatriotes d’Australie (au nombre d’environ 300.000) pour la politique des « trois non » : pas de contact, pas de dialogue, pas de compromission et de réconciliation avec le parti communiste vietnamien (cf. http://vietinfo.eu/viet-nam-que-huong/quan-he-uc-viet-va-chinh-sach-%E2%80%9C3-khong%E2%80%9D-cua-cong-dong-nguoi-viet-hai-ngoai.html).

Parmi les exilés, le pouvoir cible surtout les 500.000 intellectuels, experts et entrepreneurs, c’est-à-dire tous ceux ayant réussi en matière culturelle, scientifique et économique dont le ralliement lui apporterait indirectement de la notoriété, un appoint de matière grise et, ce qu’il convoite le plus, des contributions financières (pour rembourser ses dettes et continuer à payer son énorme appareil répressif). Extrapolant à partir des 10 milliards USD envoyés par an, il estime les revenus des Vietnamiens d’outre-mer à au moins dix fois plus (50 milliards USD), fortune dont l’élite détient forcément la plus forte part et dont il veut tirer profit, ce qu’avoue sans ambages le premier ministre Nguyễn Xuân Phúc en appelant les Vietnamiens de l’étranger à «chercher diverses sources pécuniaires dans leur communauté pour envoyer plus d‘argent au Vietnam » lors d’une réunion avec 100 Vietnamiens de l’étranger revenus fêter le Tết 2019 (cf. https://www.sbtn.tv/thu-tuong-csvn-mong-nguoi-viet-hai-ngoai-tim-nhieu-nguon-tien-khac-nhau-de-gui-ve-nuoc/). Le pouvoir enrobe cependant cette soif d’argent sous le besoin de développement du pays, au nom duquel il demande l’appui des personnalités d’influence étrangères d’origine vietnamienne ou non. D’où ces colloques et conférences sur les thèmes de développement organisés à grands frais, souvent avec des subventions de l’ONU (ceux des programmes Tokten et Umbrella), où des spécialistes sont invités à donner leur avis, avec pour résultats des rapports et actes aussitôt mis au panier, les conseils prodigués n’étant jamais suivis sauf si les projets recommandés sont pris à charge par un pays ou un organisme participant.

Le fait est que toutes les propositions pour une gestion efficiente des ressources, l’amélioration des services, ou une réforme du système se heurtent aux pratiques du régime et à son idéologie. Les dirigeants communistes dont le seul souci est la pérennité du Parti ne peuvent que rejeter toutes les mesures risquant d’affaiblir leur pouvoir même au prix de l’enfoncement de leur pays dans la misère et dans la sujétion à l’ennemi héréditaire. Pour empêcher l’effondrement économique et prolonger leur survie, ils ne peuvent compter que sur l’accroissement des investissements étrangers (autres que Chinois lesquels n’investissent et ne prêtent que pour mieux asservir et détruire) et des subsides des exilés. Ce qui explique leurs efforts pour faire croire à leur nationalisme (id est leur indépendance par rapport à la Chine) et à la bonne santé de l’économie nationale en vue de rassurer les éventuels investisseurs (en particulier ceux qui se détournent de la Chine à cause de sa politique prédatrice), ainsi qu’à leur sincère préoccupation pour le bien du pays afin de se concilier les Vietnamiens d’outre-mer.

Dans la réalité, les seules entreprises étrangères qui trouvent leur avantage en délocalisant au Vietnam sont les grandes compagnies internationales qui cherchent à minimiser leurs coûts salariaux lesquels constituent autrement 50% de leurs frais généraux. Le gouvernement vietnamien, incapable de procurer du travail à ses citoyens, déroule le tapis rouge pour retenir les gros employeurs, non seulement en maintenant le bas niveau des salaires, mais encore en les exemptant de taxes et d’impôts. Les petits et moyens entrepreneurs, négligés par l’Etat, qui jouissent de moins d’avantages fiscaux, sont à la merci des apparatchiks locaux ; ils peuvent jouir d’une certaine tranquillité tant qu’ils sont des gagne-petit et servent de publicité pour le régime, mais dès qu’ils prospèrent, soit ils s’entendent avec les autorités en payant des pots-de-vin conséquents, soit ils finissent par se faire voler leur affaire et plier bagage. Les entrepreneurs d’origine vietnamienne floués retournent en général au pays dont ils sont citoyens en gardant le profil bas par crainte de moquerie à propos de leur naïveté, à l’exception de Trịnh Vĩnh Bình dont les déboires, assez représentatifs sont devenus célèbres grâce à sa réaction audacieuse :  Hollandais d’origine vietnamienne revenu investir avec succès au Vietnam en 1987 dès l’ouverture du pays, il se vit arrêté une dizaine d’années après pour des motifs infondés, dépouillé de son usine, ses terrains et immeubles, puis condamné en 1999 à 11 ans de prison sur instigation des dirigeants locaux (à Vũng Tàu où s’est développée son entreprise d’exportation de crevettes) ;  évadé de prison à l’aide de l’achat de ses geôliers, il fit traîner en 2003-2006 le gouvernement vietnamien devant le tribunal d’arbitrage international de Stockholm obligeant la partie adverse à un compromis constitué par la restitution de ses biens en plus d’un dédommagement de 15 millions USD. Cet engagement n’étant pas observé malgré ses relances, il intenta en 2015 contre le gouvernement vietnamien une nouvelle action auprès du tribunal d’arbitrage international, et le procès tenu à Paris en août 2017 vient d’aboutir à un verdict rendu le 10/4/2019 qui contraint le Vietnam à lui payer 38,51 millions USD pour les pertes et le préjudice subis en plus des 7,9 millions de prise en charge des frais de justice.

A part les Chinois qui considèrent déjà le Vietnam comme une province sujette (la propagande de Pékin l’enseigne ainsi à ses citoyens) et y investissent à tout va, achetant et rachetant tout ce qu’ils peuvent, au point que la Chine devient officiellement (officieusement on la crédite de la possession de 80% des entreprises et au moins de la moitié de l’immobilier du pays) depuis ce premier trimestre 2019 le 1er investisseur du pays (cf. https://congthuong.vn/trung-quoc-la-nha-dau-tu-nuoc-ngoai-lon-nhat-trong-quy-i2019-tai-viet-nam-118253.html ), les entrepreneurs étrangers au Vietnam originaires ou non du pays, autres que les profiteurs de main d’œuvre à bon marché, qui s’attendent, sur la foi des avis optimistes du FMI ou de la Banque mondiale comme de la propagande du Parti, à faire de bonnes affaires dans un pays « normal » à fort potentiel, déchantent tôt ou tard, à force d’être confrontés à la corruption généralisée, à l‘inconsistance juridique, à la bureaucratie tatillonne et à un environnement de plus en plus pollué.  Signe de la débandade généralisée : le retrait des grandes banques internationales du Vietnam depuis 2012 (avec intensification en 2017) sous la forme de vente de leur part d’actions dans les banques vietnamiennes pour un total correspondant à 400 millions USD , alarmées par le montant des créances douteuses de ces dernières ((600.000 milliards VND ou environ 27 milliards USD, auxquels il faut ajouter 300.000 milliards VND confiés à la société vietnamienne de gestion d’actifs ou VAMC (Vietnam asset management company), créée par l’Etat pour soulager les banques, ce qui les fait monter à 40 milliards USD – cf. https://www.nguoi-viet.com/binh-luan/ngan-hang-ngoai-quoc-rut-von-khoi-viet-nam-vi-bat-chinh-tri/ )) et par le vote le 15/1/2018 d’une loi sur la restructuration des banques qui permet la banqueroute sans garantie de l’Etat. Ainsi, à l’instar de la Standard Chartered (de Grande-Bretagne et Hong Kong), de la HSBC (Hong Kong and Singapore banking corporation), de la CBA (Commonweath bank of Australia), de l’ANZ (Australia and New Zealand banking group), le 26/12/2017, après 10 ans de présence au Vietnam, BNP-Paribas l’a quitté en se débarrassant de ses 17 millions d’actions – équivalant à 18,68% du capital – de l’OCB (Orient commercial bank / Ngân hàng đông phương).

Quant aux intellectuels ayant réussi dans le monde académique et scientifique que le régime s’évertue à attirer dans les filets de propagande de ses associations pour qu’ils reviennent faire profiter étudiants, chercheurs et cadres vietnamiens de leur matière grise et leur réseau professionnel, rares sont ceux qui répondent positivement à cet appel. Des 200 qui reviennent chaque année, la plupart ne reste que pour des périodes limitées, ceux qui se réinstallent pour de bon au Vietnam se comptent sur les doigts de la main. Ces derniers, touchés par l’appel à leur patriotisme et assez naïfs pour faire confiance aux promesses de Hanoï, veulent aider leurs compatriotes en servant dans l’enseignement et parfois l’administration. Pétris d’idéalisme, ils ont quitté une position enviée, bien rémunérée, afin de venir travailler au Vietnam comme professeurs ou administrateurs pour un salaire dix fois moindre. Mais leur bonne volonté et leur « sacrifice » s’avèrent vains. Malgré les déclarations d’amour des gouvernants à leur égard, leur présence n’est pas vraiment souhaitée par les autorités et leurs collègues locaux, les premières parce qu’elles redoutent l’influence sur les étudiants et leur entourage de leur esprit libéré sinon libéral acquis durant leur séjour et leurs études dans les pays démocratiques, et les seconds parce qu’ils jalousent leur chance et leur succès et les voient souvent comme des rivaux. En vivant en permanence au pays, à moins de se rendre volontairement sourds, aveugles et muets devant la réalité sociale et trahir ainsi autant le peuple qu’ils veulent aider que leur qualité d’intellectuels, ils ne peuvent que constater les injustices régnantes et l’inanité de leurs efforts d’amélioration du secteur dont ils s’occupent. Mais gare à eux s’ils se mettent à agir selon leur conscience, c’est-à-dire au moins dénoncer les faits négatifs dans leur métier et transmettre des notions de liberté et de démocratie à leurs étudiants. Aussitôt, ils se voient virés de leur poste et obligés de repartir d’où ils sont venus. Tels sont les deux cas typiques suivants, parmi les plus récents : 

Trương Nguyện Thành, de nationalité américaine, professeur de chimie à l’université d’Utah de 1992 à 2002, après de nombreux brefs séjours au Vietnam pour s’occuper de la création et de la direction de l’Institut des sciences et mathématiques de Saïgon sur invitation de la municipalité de la ville (2007-2017), est revenu s’y installer en permanence pour exercer la fonction de vice-président de l’université privée Hoa Sen en fin 2016. Au bout d’un an, comme convenu, il a été élevé au poste de président par le Conseil d’administration de l’établissement en mai 2018, mais le ministère de l’éducation y a mis son veto en invoquant la disposition 2a de l’article 20 de la loi sur les universités qui exige du candidat une expérience de 5 ans dans une fonction administrative similaire, condition que ne remplit pas l’intéressé. Dépité, M. Thành a regagné les Etats-Unis poursuivre ses recherches à l’université d’Utah. Pour les initiés, le prétexte utilisé par le ministère n’est qu’un paravent – la nomination de sa prédécesseuse, peu qualifiée académiquement et ne répondant pas plus à la condition susdite, n’a soulevé aucune objection ministérielle – pour dissimuler les vraies raisons de l’éviction du professeur : dans la querelle de pouvoir entre les actionnaires de l’université, il est la bête noire des conservateurs en phase avec les cadres du ministère ; ses manières anticonformistes et ses discours réformistes en faveur de la créativité ne correspondent pas à la première exigence de la même disposition légale à savoir «  être pourvu des qualités politiques » c’est-à-dire être docile à l’égard du Parti en s’adaptant au système (cf. http://www.viet-studies.net/QuachHaoNhien_VuTruongNguyenThanh.html).

Le centralien français Lê Nguyễn Minh Quang a décidé aussi en 2016 de quitter son poste de Directeur général de l‘entreprise française Bachy Soletanche Vietnam afin de devenir Directeur du Service administratif du chemin de fer urbain de Saïgon (MAUR ou Management authority urban railways), chargé de la construction du métro de la ville dont la première étape est la ligne Bến Thành – Suối Tiên (19,7 km). Plus de deux ans après, en début de janvier 2019, voilà qu’il est débarqué brutalement de son poste avec des poursuites en perspective pour avoir pris l’initiative de réduire l’épaisseur du mur diaphragme de 2m à 1,5m – sans impact sur la sécurité selon lui – pour raison d’économie d’argent et de temps. Son évincement entre en fait dans le cadre d’un règlement de compte entre communistes du nord partisans de la politique fortement prochinoise et les communistes du sud plus méfiants envers Pékin, ce qui explique leur réticence à confier la maîtrise d’œuvre des grands projets au Sud aux Chinois comme c’est l’usage au Nord. Le projet du métro lancé en 2007, financé en grande partie par un prêt APD du Japon et par suite confié pour la réalisation à des entreprises japonaises, devait coûter au départ 17.399 milliards VND (780 millions USD), mais en 2011 des lenteurs et ajustements et certainement aussi des malversations ont fait monter la somme à 47.235 milliards VND (2 milliards USD) que ratifient le président du Comité populaire de Hochiminhville Lê Hoàng Quân et le Vice-directeur du MAUR en même temps Secrétaire délégué du Parti au sein de ce service Hoàng Như Cương. Or, la loi vietnamienne oblige tous les projets dépassant 30.000 milliards VND (1,5 milliards USD) à être soumis à l’approbation du premier ministre. Saisissant ce vice de procédure, le pouvoir central refuse de débloquer une somme redevable aux entreprises de construction (110 millions USD) pour venir en aide à la municipalité de Saïgon à court d’argent – ce qui provoque la colère de l’ambassadeur du Japon – tout en procédant à une enquête gouvernementale sur la gestion du métro. Par peur des sanctions ou ennuis, 52 des 173 cadres gestionnaires et spécialistes (dont M. Quang) donnent leur démission, le dénommé Hoàng Như Cương s’enfuyant même aux Etats-Unis. Le refus de Hanoï de payer pour Saïgon obéit-il à une pression de Pékin ? Toujours est-il que, profitant du mécontentement du Japon, la Chine se met aussitôt sur les rangs, proclamant déjà dans ses journaux sa reprise du projet. Pour ne pas laisser le champ libre à la Chine, le Japon a mis de l’eau dans son vin (cf. https://www.rfa.org/vietnamese/news/blog/metro-benthanh-suoitien-replace-japan-by-china-12312018214442.html ).

Par idéologie, angélisme ou simplement intérêt, les Vietnamiens qui rentrent au Vietnam actuel se voilent l’esprit sur la situation dramatique du pays sous l’emprise de deux pouvoirs totalitaires aussi féroces que mensongers, celles de Hanoï et de Pékin son patron. Les dirigeants communistes vietnamiens sont tellement englués dans leurs compromissions et leurs combines pour s’enrichir et se maintenir aux commandes qu’ils ne changeront jamais d’eux-mêmes le système et empêcheront toujours toute velléité de réforme structurelle, de changement de pensée et de comportement. Ils n’ont rien à faire des intellectuels de l’étranger imbus de leur savoir qui se mêlent de perturber le statu quo. Quel besoin le régime a-t-il des individus de talent étrangers quand ils se font proposeurs de réformes et d’améliorations, alors que les préconiseurs de changement, tous de dangereux fauteurs de troubles avec leur discours sur la liberté, le patriotisme et la démocratie regorgent déjà dans le pays même, où il n’y a pas assez de prison pour les enfermer tous ? L’exemple de Trần Huỳnh Duy Thức (cf. https://tranhuynhduythucofficial.wordpress.com/tieng-viet/tieu-su/ ), ingénieur et entrepreneur de la trempe des Bill Gates si on l’avait laissé faire, précurseur de l’industrie informatique au Vietnam avec sa compagnie EIS (Electronic information system) et de la téléphonie sur internet avec sa compagnie OCI (One connection inc.) dotée de filiales à Singapour et en Californie, qui croupit en prison depuis 2010 pour avoir osé prôner des réformes économiques libérales, devrait pourtant faire réfléchir les VGL ralliés au régime. Derrière le motif politique invoqué pour justifier la peine de 16 ans d’enfermement à son égard, ces intellectuels ne discernent-ils donc pas la jalousie des autorités devant toute supériorité, intelligence et pensée indépendante qui constituent une menace mortelle pour tout pouvoir basé sur l’ignorance et l’abrutissement de ses citoyens tel le pouvoir communiste ? Raison pour laquelle les inventeurs lui portent ombrage et ne sont guère encouragés. Tel est le cas de Trần Quốc Hải ou Hai Lúa paysan imaginatif et féru d’inventions, habitant de la commune de Suối Dây, district de Tân Châu, province Tây Ninh, qui défraie la chronique : constructeur de nombreuses machines agricoles et d’hélicoptère téléguidé pour la pulvérisation dans les champs, dédaigné par les autorités locales et interdit même de continuer ses essais d’hélicoptère, engagé par contre par l’armée cambodgienne d’abord pour développer la culture du manioc avec une machine de son cru, il réussit à réparer pour elle 11 tanks russes que les ingénieurs russes, polonais et aussi vietnamiens ont été incapables de remettre en état et même à lui construire un tank de bien meilleure qualité, à la suite de quoi il a été décoré et promu en 2014, avec son fils et assistant, général de corps d’armée par le roi du Cambodge (cf. https://viettimes.vn/hai-lua-viet-che-tao-xe-boc-thep-nguoi-campuchia-ne-phuc-236036.h

L’invitation à revenir contribuer au développement du Vietnam adressée aux VGL par le gouvernement vietnamien n’est donc en réalité qu’une « invitation du bout de langue » utilisée hypocritement au Vietnam envers les indésirables. Des intellectuels dignes de ce nom devraient se montrer sagaces et ne pas se laisser abuser par les flatteries et mensonges. Qu’ils se renseignent auprès des divers media officiels et officieux afin de s’éclairer sur la situation réelle du pays ! Ils comprendront alors que tant que sévit le régime actuel, ils ne peuvent en rien contribuer au développement du pays de leurs ancêtres et influer sur le sort de son malheureux peuple. S’ils ont vraiment à cœur l’intérêt de leurs anciens compatriotes, qu’ils les aident plutôt à prendre conscience de leurs droits et à dépasser leur peur des répressions pour se lever contre le régime et sauver le Vietnam de la mainmise chinoise ! Et qu’ils gardent leur argent pour l’après-communisme, quand il faudra reconstruire tout ce que près d’un siècle de dictature basse et incompétente a détruit !