par Phạm Tín An Ninh
Pour clore le dossier « The Vietnam War », nous donnons ici la traduction de la critique la plus juste et la plus objective selon nous de cette série documentaire.
La série documentaire The Vietnam War, réalisée par Ken Burns et Lynn Norvick, actuellement [novembre 2017] diffusée largement sur la télévision NRK (Norvège), a reçu des louanges de la part d’un bon nombre de media gauchistes norvégiens. Cette série, présentée aussi aux Etats-Unis le mois dernier sur le réseau PBS, a suscité une vague de polémique avec beaucoup plus de blâmes que de compliments, de la part autant des Américains que des Vietnamiens.
Comparé avec « Ten thousand days war » de Michael Maclear, “The Vietnam War” est reconnu meilleur mais reste un mauvais film. Les réalisateurs continuent de suivre le sentier des préjugés des media américains. Alors que la majorité des personnes concernées, qui ont pris part à cette guerre et en subissent les conséquences, perçoivent aisément la partialité, l’inexactitude du film, depuis les pensées, les documents, les images jusqu’aux interviews et aux objectifs de la réalisation.
1/- Tout d’abord, il faut savoir qui est Ken Burns, le réalisateur de The Vietnam war ?
Durant la guerre du Vietnam, Ken Burns était un membre efficace du mouvement pacifiste. C’est un homme de gauche (liberal), ardent défenseur du parti démocrate.
Avec une telle personnalité, il est naturel que Ken Burns porte un lourd préjugé sur la guerre du Vietnam. Ce sont les pacifistes comme lui qui ont fabriqué ce jugement assez répandu : « la guerre du Vietnam n’est pas perdue au Vietnam mais aux Etats-Unis ».
2/- The Vietnam war se base sur quels documents et quelles images, fournis par qui ?
Naturellement, le film repose pour la plupart sur des documents et images des Etats-Unis et du Vietnam communiste. On sait que les gouvernements communistes ne respectent jamais la vérité, de sorte que tous les documents et images qu’ils fournissent semblent les avantager. La République du Vietnam n’existe plus, toutes ses archives ont été dispersées ou détruites, elle n’a plus de voix pour témoigner que le droit est de son côté, bien qu’elle ait été la force principale dans la guerre et que ce soit elle qui en ait supporté le plus de séquelles.
3/- The Vietnam war a interviewé qui ?
Il y a trois catégories d’interviewés :
– Des Américains, un certain nombre d’anciens combattants au Vietnam, des fonctionnaires du gouvernement, des journalistes, des personnes ayant leur époux et/ou enfants morts au Vietnam et aussi des membres clés du mouvement pacifiste d’alors.
– Des Vietnamiens du Vietnam. Quasiment tous sont des officiers de haut rang, des écrivains et journalistes au service du régime communiste. Tout le monde comprend que lorsque des cinéastes veulent prendre contact avec eux, ils doivent passer par les autorités vietnamiennes pour l’arrangement et le choix des rencontres, au moins ils doivent en obtenir l’autorisation, et bien sûr, ils doivent dire des choses utiles à la propagande du régime.
– Des Vietnamiens du Sud (de la République du Vietnam) vivant aux Etats-Unis, comprenant un certain nombre d’anciens officiers et agents diplomatiques et quelques personnes ayant réussi en Amérique.
Cependant, dans tout le film n’importe qui peut voir qu’ils parlent très peu. Quelques courtes phrases. Naturellement, les réalisateurs n’ont pas cherché à les interviewer pour ne leur poser qu’une ou deux brèves questions, sûrement leurs paroles ont été coupées pour ne laisser que quelques phrases utiles au point de vue des cinéastes. Exception est faite pour Mme Dương Văn Mai Elliot, personnage qui apparaît le plus souvent et qui parle le plus longtemps. C’est un écrivain, auteur de l’ouvrage « The secret willow », livre ayant concouru au prix Pulitzer et prenant comme sujet quatre générations d’une famille vietnamienne. Originaire du Nord, dont le père travaillait pour la France, elle émigra en 1954 dans le Sud avec toute sa famille, hormis sa sœur aînée restée avec son époux partisan. En 1960, elle obtint une bourse pour étudier les affaires étrangères aux Etats-Unis. En 1964, à l’âge de 23 ans, elle se maria avec un Américain de même métier qu’elle et tous les deux travaillèrent pour la Rand Corporation à Saïgon de 1964 à 1967. Avec un tel cursus, elle doit bien connaître la situation politique et militaire au Nord-Vietnam avant 1954 comme celle du Sud-Vietnam après. Cependant, à partir du milieu des années 1960, il semble qu’elle regarde la guerre du Vietnam sous le prisme américain.
Un autre personnage particulier est le magistrat Phan Quang Tuệ. C’est le fils aîné de Phan Quang Đán, le fondateur du parti Démocratie libre, opposant farouche au gouvernement Ngô Đình Diệm, qui participa au coup d’état avorté du 11-11-1960 (en tant que membre politique et conseiller) et fut pour cela arrêté puis emprisonné. Sous la deuxième république, Phan Quang Đán se porta candidat aux élections au poste de vice-président en tandem avec (le candidat président) Phan Khắc Sửu, mais fut battu par le couple Nguyễn Văn Thiệu – Nguyễn Cao Kỳ. Pour cette raison, dans The Vietnam war, son fils Phan Quang Tuệ fait des déclarations négatives pleine de rancoeur sur le régime Ngô Đình Diệm et les gouvernements sud-vietnamiens suivants, au lieu de parler avec la conscience d’un intellectuel.
4/- L’inexactitude commence avec le qualificatif donné à la guerre. Ken Burns l’appelle « guerre civile ». Ce n’est pas adéquat. S’il en est ainsi, il n’y aurait pas 58.220 Américains morts au Vietnam. C’est à cause de cette distorsion (dans la dénomination) que dans tout le film on invoque rarement les pays communistes, en particulier l’URSS et la Chine qui ont toujours été les « patrons » des communistes vietnamiens et les ont aidés de toutes leurs forces afin d’apporter la victoire au Nord-Vietnam. Cependant que les Etats-Unis qui considèrent le Sud comme l’avant-poste du Monde libre, se sont précipités au Vietnam dans le but d’empêcher la vague rouge de déferler dans le Sud-est asiatique. En outre, l’armée du Sud-Vietnam (République du Vietnam) n’a jamais poussé ses troupes au Nord, se contentant de défendre le Sud pour y construire un régime libre et démocratique, non communiste. Quant à ce qu’on appelle Front de libération nationale, ce ne sont que des bandes de communistes infiltrés, laissés au Sud après 1954 ou arrivés clandestinement plus tard du Nord, une entité créée par les communistes du Nord pour tromper l’opinion internationale.
5/- L’attitude « paternaliste » des Américains avec leurs alliés a conduit à la défaite au Sud-Vietnam. Aucun dirigeant et aucun citoyen vietnamien du Sud ne voulaient de la présence de l’armée américaine sur son pays. ? Le président Ngô Đình Diệm avait maintes fois rejeté l’idée formulée depuis le président J.F. Kennedy de faire intervenir les troupes américaines, et c’est ce refus qui a abouti à la mort tragique de M. Diệm et son frère le 1/11/1963. (Les Etats-Unis envoyèrent l’ambassadeur Cabot-Lodge au Vietnam dans le but de fomenter un coup d’Etat, et avec le colonel de la CIA Lucien Conein, l’ambassadeur siégeait au repaire de Dương Văn Minh et des généraux traîtres, à l’Etat-major de l’armée républicaine, afin de superviser directement et de suivre le coup d’Etat).
Le Président Diệm s’est toujours opposé à l’intervention des troupes américaines au Vietnam, parce que, à son point de vue, elle ferait perdre toute légitimité à la lutte de la population vietnamienne pour la défense de sa liberté, et donnerait un prétexte à l’URSS et à la Chine d’entrer dans la danse, d’assister le Nord et de lui ordonner de pousser son armée à l’attaque du Sud-Vietnam.
Il faut se rappeler que la jeune république de Ngô Đình Diệm a été érigée au Sud après le Traité de Genève de 1954 sur les tas de cendres et rebuts des factions violentes laissées par les Français, et a dû même temps s’occuper de l’installation de plus d’un million de réfugiés venus du Nord pour échapper aux communistes. Et pourtant ce fut le plus bel âge d’or que la population du Sud-Vietnam connut, l’éducation, l’économie et même la défense nationale se développant de façon harmonieuse. Avec la politique des Hameaux stratégiques, le gouvernement Ngô Đình Diệm put détruire et quasiment éliminer presque toutes les bandes des infiltrés que les communistes avaient laissé au Sud Vietnam après le traité de Genève.
Et peut-être M. Diệm est-il le seul chef de l’Etat dans le monde à gracier les trois personnes qui ont attenté à sa vie : Hà Thúc Ký, Phạm Phú Quốc et Hà Minh Trí (qui rata son assassinat à Ban Mê Thuột).
Comparé à Hồ Chí Minh, Ngô Đình Diệm dix mille fois plus patriote, plus soucieux du peuple et plus vertueux. Il vivait dans le célibat et menait une vie ascétique, alors que Hồ Chí Minh se dénommait l’« Oncle » de tout le peuple, obligeait tout le monde à le louer et à l’adorer, cependant qu’il vivait avec plusieurs femmes, dont l’épouse d’un de ses camarades, et ordonna le meurtre d’une jeune femme qui avait un enfant de lui et voulait voir leur liaison officialisée. Un de ses crimes typiques eut lieu lors de son lancement de la campagne de Réforme agraire : il fit tuer de façon barbare de dizaines de milliers de citoyens innocents, l’une des premières victimes étant Mme Nguyễn Thị Năm, une bienfaitrice qui l’avait secouru avec ses camarades de haut rang et avait beaucoup aidé son organisation.
Mais dans l’épisode 1 de The Vietnam war, le cinéaste a fait le panégyrique de Hồ Chí Minh et sali de manière malveillante jusqu’à la caricature l’image de M. Ngô Đình Diệm. Les Américains ont profité de quelques différends avec le Bouddhisme pour prendre contact secrètement avec un certain nombre de bonzes extrémistes et les soutenir, créant ainsi une situation continuellement instable au Sud-Vietnam. Dans la réalité, après la perte du Sud, il a été révélé que nombre d’étudiants bouddhistes qui prenaient la tête de la lutte contre Ngô Đình Diệm étaient des membres du parti communiste ou collaboraient avec eux, tels Hoàng Phủ Ngọc Tường, Hoàng Phủ Ngọc Phan, Nguyễn Đắc Xuân, Nguyễn thị Đoan Trinh… à Huế, Đỗ Trung Hiếu, Dỗ Hữu Ưng, Lê Hiếu Đằng, Lê Văn Nuôi, Huỳnh Tấn Mẫm… à Saïgon. (Après la chute du régime Ngô Đình Diệm, alors qu’ils ne pouvaient plus arguer d’une « répression du bouddhisme », ces défenseurs auto-proclamés du bouddhisme continuèrent à s’opposer aux gouvernements postérieurs, provoquant l’instabilité dans tout le pays, en particulier à Huế, dans le Centre-Vietnam.)
Les Américains agissaient ainsi dans le but de justifier leur envoi des troupes au Vietnam, tout comme leur orchestration du renversement et du meurtre de Ngô Đình Diệm, l’homme qui s’était toujours élevé contre l’intervention des troupes américaines et ne demandait qu’une aide pendant la période de construction de la jeune république. De plus, quoique riche et puissante, l’armée américaine n’est pas adaptée au type de guerre au Vietnam, qui prend en majorité à l’époque la forme de la guérilla.
Un autre fait arrogant et « anti-politique » bizarre est que, dès l’entrée massive des troupes au Vietnam, les Américains se mirent à considérer évidemment la guerre comme la leur. Dans toutes les négociations et signatures de traité, ils se mettent au même rang que le Nord-Vietnam et placent le Sud-Vietnam à égalité avec le Front de libération du Sud. Alors que tout le monde sait que ce Front n’est qu’un groupe de larbins créé par Hanoï pour leurrer les instances internationales. (Juste après l’occupation du Sud-Vietnam, les communistes déclarèrent le décès du Front de libération du Sud, aucun des membres du gouvernement de ce Front ne reçut un poste important et tous furent éliminés progressivement de l’appareil dirigeant). Particularité encore pire, le Traité de Paris signé le 27/1/1973 fut l’objet d’une imposition flagrante qui permit aux Etats-Unis de se laver les mains lorsque les communistes du Nord-Vietnam le violèrent ouvertement.
6/- The Vietnam war est trop injuste envers l’armée sud-vietnamienne, une armée contrainte au suicide, qui ne peut plus s’exprimer. Alors que les Américains comptent 58.220 soldats morts au Vietnam, on dénombre plus de 320.000 soldats morts et plus de 1.200.000 blessés dans l’armée de la république vietnamienne. Lors du Tết Mậu Thân en 1968, lorsque les communistes du Nord-Vietnam lancèrent plusieurs divisions à l’attaque de nombreuses villes du Sud-Vietnam, l’armée de la république du Vietnam combattit courageusement et brisa la visée de l’adversaire, causant de graves pertes aux communistes nordistes. Les gens n’ont pas compris pour quelle raison, dans les premiers jours de la bataille de Mậu Thân, en de nombreux endroits, les Américains ne participèrent pas aux combats. Et bien que les communistes du Nord aient violé la trêve du Jour de l’an en lançant une attaque générale par surprise sur plusieurs grandes villes, ils n’ont pas été capables de s’emparer d’une seule ville. Seule Huế dut soutenir un combat de 26 jours, et les communistes du Nord-Vietnam y tuèrent sauvagement 6700 habitants innocents. Comme progrès par rapport à de nombreux films antérieurs, The Vietnam war a furtivement évoqué ce crime, mais ne mentionne qu’environ 2800 victimes, assertion accompagnée d’une confirmation et faible justification d’un ex-soldat communiste.
En été 1972, les communistes vietnamiens envahirent le Sud-Vietnam avec une force militaire puissante, comprenant tanks et canons modernes fournis par les Russes, qui partit du Nord par le Laos ; plusieurs divisions aguerries attaquèrent Quảng Trị, Kontum et An Lộc. A cette époque, les unités combattantes américaines avaient déjà quitté le Vietnam, seule, l’armée républicaine vietnamienne se défendit férocement, remportant des victoires célèbres, conservant ces villes et provoquant de lourdes pertes à l’adversaire. A cette époque les Américains avaient aussi baissé fortement leur aide au Sud-Vietnam. (A noter ce fait supplémentaire : l’armée de la république vietnamienne a toujours reçu une aide en armes et équipements bien moins efficaces comparés aux armes et équipements des communistes du Nord fournis par le camp socialiste). Une question est à poser : Lors de l’été 1972, les forces républicaines ont remporté de grandes victoires à Kontum, An Lôc et même Quảng Trị, mais The Vietnam war ne les a pas signalées ; à la place on a vu l’image d’une troupe appartenant à la division 3BB se retirant de Quảng Trị.
Une telle guerre, avec de tels hauts faits et tant de sacrifices, et dans The Vietnam war, toute une armée du Sud est quasiment réduite à une ombre évanescente, laquelle, si elle est évoquée, se résume à quelques images négatives.
– The Vietnam war n’a cité que quelques batailles où l’armée de la république vietnamienne a malheureusement subi de grandes pertes, telles les batailles de Ấp Bắc, Bình Giã…, mais n’a pas du tout mentionné les grandes victoires remportées vaillamment par les forces républicaines dans des combats féroces comme celles d’An Lộc, Kontum, Quảng Trị… ou Tống Lê Chân (un avant-poste près de la frontière cambodgienne, gardé seulement par un bataillon, celui du 92 BĐQ/BP, assiégé et bombardé jour et nuit par les forces communistes à la hauteur parfois d’un régiment. Malgré des mois sans ravitaillement et sans évacuation des blessés, le bataillon TĐ 92/BĐQ a vaillamment combattu pendant 510 jours – du 10/5/11972 au 11/4/1974 -, ce fait aussi bien le Comité des Nations unies que le Comité international le savent). Un autre fait d’armes particulier est pleinement reconnu dans les livres d’histoire de la guerre américaine et dans les mémoires du général Westmoreland : Le régiment 37 BĐQ de la république vietnamienne fut envoyé en appui aux forces américaines pour la défense de l’axe nord-est de l’aéroport de Khe Sanh ; bien qu’il fût continuellement attaqué et bombardé par une force puissante communiste, et qu’il y eût des jours où il n’était pas ravitaillé, cette unité combattit courageusement jusqu’à la mort pendant 70 jours et nuits (du 21/2/1968 au 8/4/1968), sauvegardant solidement la ligne de défense et protégeant l’aéroport de Khe Sanh, un point important pour la sécurité d’une base américaine célèbre au Vietnam.
– Particulièrement pour la bataille de Ấp Bắc, en effet l’unité sud-vietnamienne n’a pas pu l’emporter sur le terrain pour de nombreuses raisons (parmi lesquelles une erreur américaine), mais ce n’est pas seulement aujourd’hui, dans The Vietnam war, que les réalisateurs gonflent les pertes du Sud-Vietnam et ne parlent pas des pertes de son adversaire. Le reporter de guerre Neil Sheehan, auteur de « The bright shining lie », qui suivait le corps blindé commandé par le capitaine Lý Tòng Bá, a commis beaucoup d’exagérations et d’inexactitudes dans ce livre. Plus tard, l’ex-général Lý Tòng Bá le rencontra aux Etats-Unis et le critiqua à ce sujet, ce qui le poussa à écrire l’article « After the war over » qu’il envoya au général comme une sorte de demande de pardon pour les faussetés écrites sur la bataille de Ấp Bắc. John Paul Vann, alors colonel conseiller à la division 7 BB, eut aussi des jugements et déclarations erronés sur la bataille de Ấp Bắc et sur le capitaine Bá ; plus tard, en 1972, lorsqu’il devint conseiller au IIe corps d’armée et suscita avec le général Lý Bá Tòng la victoire de Kontum, il s’excusa officiellement auprès du général pour ses jugements inexacts de naguère au sujet de la bataille de Ấp Bắc.
Il existe des opinions selon lesquelles les Américains ont créé exprès une image défaitiste de l’armée républicaine dans la bataille Ấp Bắc pour avoir un motif de faire venir leurs troupes au Vietnam.
Dans le film, interviewé, Tom Valley, un marine américain qui participa à la guerre du Vietnam, s’écrie tristement : « Les Américains reconnaissent rarement leur vaillance (des forces républicaines). Nous nous montrons méprisants envers eux, nous exagérons leurs faiblesses, uniquement pour nous vanter de nos talents ». Cette parole est sincère, mais n’est juste qu’à moitié.
– The Vietnam war a volontairement montré un nombre de photos de propagande ultra connues dans le but de porter ombrage au Sud-Vietnam. La petite Kim Phúc, brûlée au napalm à Trảng Bàng, Tây Ninh, le 8/6/1972, illustre toute une campagne de dénigrement : elle s’est réfugiée plus tard au Canada. Quant au cas du général de la police Nguyễn Ngọc Loan qui exécuta le communiste Bảy Lốp après que ce dernier eût massacré sauvagement toute une famille depuis une vieille femme jusqu’aux jeunes enfants : Du moment que ce communiste ne porte pas d’uniforme et aucun papier, on ne peut dire que c’est un prisonnier de guerre qui doit être jugé d’après la loi sur les prisonniers de guerre. Il a été jugé comme un terroriste dangereux et cruel. Le général Loan a obtenu un non-lieu d’un tribunal américain pour ce motif.
Le reporter Eddie Adams, le photographe qui prit cette photo de l’exécution et en obtint le prix Pulitzer, a cherché la famille du général Loan pour lui demander son pardon ; apprenant son décès, il a tenu à assister à son enterrement, y a éclaté en sanglots en prononçant son oraison funèbre dans laquelle on relève ce paragraphe : « Vous êtes un héros. Toute l’Amérique devrait vous pleurer. Je déteste vous voir partir ainsi. Sans que les gens sachent quoi que ce soit sur vous ». Sur la couronne apportée par Eddie Adams a été agraphée une carte de visite avec cette note manuscrite : « Général, je suis tellement… désolé. Les larmes remplissent mes yeux ». L’oraison funèbre d’Eddie Adams a été publiée après dans l’hebdomadaire Times le 27/7/1998.
Aujourd’hui, The Vietnam war a planté d’autres clous immérités sur le cercueil d’une personne décédée, humiliée et abattue à cause d’une photographie ne montrant qu’une pat de vérité, uniquement parce qu’il est originaire du Sud-Vietnam ! Cependant, dans tous les dix épisodes d’une durée de 18 heures, on ne voit guère d’image des communistes vietnamiens bombardant l’école primaire de Cai Lậy le 9/3/1974, faisant 32 morts et 55 blessés chez les écoliers. On ne voit aussi guère le spectacle de 2000 habitants fuyant leurs villages occupés par les communistes avec leurs ballots d’affaires personnelles en direction de la liberté, poursuivis par les bombardements communistes qui les massacrent et les laissent gisant pêle-mêle sur les 9km de route (route nationale 1 de la province de Quảng Trị) baptisée par les journalistes « Boulevard de la terreur ». Une image spéciale, que les media américains évoquent encore à ce jour, est celle d’une petite fille de 4 mois tétant sa mère morte depuis plusieurs jours ; elle fut sauvée par un marine de l’armée républicaine qui la confia à un orphelinat. Plus tard, la petite fut adoptée par un sergent américain, emmenée aux Etats-Unis à la fin de 1972, et devint un haut gradé de l’armée américaine : colonel Kimberly M. Mitchell ! Les Américains ont fait l’éloge de ce colonel de la marine d’origine vietnamienne, mais dans The Vietnam war, nulle mention du Boulevard de la terreur !
Lorsque The Vietnam war a été terminé et présenté aux Etats-Unis, non seulement le Premier ministre, mais aussi le Président et même le Secrétaire général du Parti Nguyễn Phú Trọng ont été accueillis à la Maison blanche, le Vietnam a été entièrement dégagé par les Etats-Unis de l’embargo sur les armes, a connu une normalisation complète et est devenu un partenaire stratégique des Etats-Unis. Pendant ce temps, au Vietnam, le cimetière militaire de Biên Hòa où sont enterrés plus de 16.000 soldats sud-vietnamiens tombés au combat, continue d’être dévasté, de tomber en ruine, et de voir les proches des défunts interdits d’y faire des réparations ; et les anciens combattants sud-vietnamiens continuent d’être flétris, discriminés et maltraités.
The Vietnam war, avec sa partialité et son hypocrisie, ne fait que creuser plus profondément la blessure non guérie d’un pays ravagé par la guerre, en particulier celle des soldats malchanceux du Sud-Vietnam, pourtant des alliés et amis des Etats-Unis !