Par Dang Phuong Nghi

Les pays occidentaux dont principalement les Etats-Unis (en 1971) qui, à la suite de la France gaulliste (en 1964), nouèrent des relations diplomatiques avec la Chine populaire et lui donnèrent un brevet de respectabilité au point de l’admettre à l’ONU au détriment de Taiwan, avec en plus un poste permanent au Conseil de sécurité (octobre 1971), et donc un droit de véto sur toutes les résolutions de l’ONU, ont-ils conscience d’avoir pactisé avec un prédateur auquel ils offrent l’immunité tout en se liant les mains ?

Ce n’était pas faute d’avertissements de la part de personnes lucides rejetées comme rétrogrades, tel John Foster Dulles qui ne pouvait concevoir que la paix mondiale puisse être protégée par « une nation qui a été convaincue d’agression et qui continue à encourager l’emploi de la force en violation des principes de l’ONU ».

Dans les années 1960-1970, les exactions du pouvoir communiste chinois étaient bien connues, commises aussi bien contre les peuples étrangers tombés sous ses griffes (comme le génocide du peuple tibétain) que contre ses propres citoyens (par exemple lors du Grand Bond en Avant et de la campagne des Cent Fleurs qui causèrent de 40 à 60 millions de morts), mais les esprits sensibles qui vitupéraient alors contre l’impérialisme américain ne trouvèrent rien à redire contre la reconnaissance en fanfare dun régime déjà deux fois plus criminel que celui des nazis, qui continue d’ailleurs sans état d’âme de tricher, de piller, d’opprimer et de tuer selon ses besoins.

Pire encore, depuis l’admission de la Chine dans le concert des nations, les capitalistes des pays libres, appâtés par une main-d’œuvre à bas prix et un marché potentiel d’1,37 milliard de consommateurs (comme si le milliard d’esclaves sur lesquels repose le capitalisme communiste peut et veut se payer les produits occidentaux !) y ont délocalisé à tout va leurs usines, quitte à transférer aux Chinois leur savoir-faire, résultat de dizaines d’années de recherche et d’investissement, que Pékin sut exiger d’eux en contrepartie de leur présence sur son sol.

Alors que pour n’importe quel pays voulant se développer, l’accumulation du capital est le facteur le plus dur à réaliser, sans se fatiguer des années durant, la Chine disposa d’un coup d’une manne de milliards de dollars apportée volontairement par les capitalistes étrangers, manne qu’elle sut utiliser pour prendre son essor et devenir au bout de trente ans une puissance économique et militaire de premier plan.

Dans les années 1980-1990, les entreprises délocalisatrices justifiaient la fermeture de leurs usines au profit des Chinois en déclarant ne déléguer la production à l’étranger que pour mieux se concentrer sur la matière grise c’est-à-dire la recherche et le développement.

Mais avec le temps elles se sont aperçues que les améliorations des produits ne pouvaient se détacher du processus de production, et la pression chinoise aidant, nombre d’entre elles ont fini par délocaliser même leur service de recherche en Chine (selon le China Science and Technology Statistics de juillet 2004, on y comptait « 128 institutions de R&D créées par 63 entreprises multinationales » dont 44 d’origine américaine et 43 européenne), condamnant à terme leur pays d’origine à la désindustrialisation et au chômage de masse, pour le plus grand bénéfice des Chinois qu’ils contribuent à enrichir et à former au détriment de leurs compatriotes (pour autant que le mot patrie ait un sens quelconque pour les dirigeants des multinationales !).

L’ironie est que ces managers qui se ruent en Chine en vue d’écouler leurs produits sur un immense marché n’ont fait qu’ouvrir leurs pays à l’envahissement de produits chinois.

Quant à vendre leurs produits en Chine, ils y arrivent certes au début, mais dès que les Chinois ont assimilé leur technologie, les facilités d’installation disparaissent et les barrières s’élèvent et l’entreprise « cocue » finit par se retirer du pays (cas par exemple de Yahoo, Sullair, Zodiac…), mais pour une relocalisation, vingt d’autres continuent à succomber au miroir aux alouettes chinois.

Et plus les Chinois s’enrichissent en même temps que les Occidentaux se dépouillent, plus ces derniers s’aplatissent devant l’arrogance chinoise au point de se constituer en lobby pour faire capoter toute mesure défavorable à la Chine.

Dans la logique du libéralisme, mondialisation et libre-échange ne peuvent qu’être bénéfiques pour tous. Il en est ainsi si les participants sont de bonne foi et appliquent la même règle du jeu. Or, de tous les pays, la Chine est actuellement le partenaire le plus malfaisant, irrespectueux des règles et normes internationales, brutal et corrupteur, au régime politique le plus barbare, prompt à liquider toutes les têtes même pas dissidentes mais simplement différentes, capable de faire broyer sous les chars de jeunes manifestants à Tiananmen, d’éventrer des millions de falungong pour prélever leurs organes destinés à leur trafic infâme mais rentable (cf. Marianne,19/8/2016, https://www.marianne.net/monde/la-chine-championne-du-trafic-dorganes-sur-, deprisonniers-recoit-le-congres-de-la-transplantation), de projeter l’extermination des peuples entiers comme le peuple tibétain et actuellement le peuple vietnamien, allié des pires Etats de la planète qu’il protège par son veto contre toute sanction de l’ONU (cas de l’Iran des mollahs et du Soudan massacreur du Darfour).

Alors que la Chine engrange milliards sur milliards de dollars US et étend son influence sur le monde entier, l’OMC sous influence du lobby chinois continue de lui accorder le statut de pays en voie de développement avec des dérogations en matière commerciale et monétaire qui pénalisent les pays libres.

Heureusement qu’avec les procédures anti-dumping l’Union européenne ne lui reconnaît pas (encore) le statut d’économie de marché à la différence de plus de 80 autres pays (dont la Suisse et l’Australie) peu enclins à mécontenter le mastodonte chinois qu’ils savent pourtant dirigiste et tricheur.

Avec les produits chinois qui déferleront encore plus chez eux, leurs citoyens pourront certes consommer à plus bas prix, mais s’exposeront aussi à des dangers mortels. Car la malhonnêteté règne dans l’entreprenariat chinois, où pour augmenter leurs profits, producteurs et marchands n’hésitent pas à recourir à des produits chimiques interdits et cancérigènes à très forte dose, empoisonnant jusqu’aux produits alimentaires (cf. http://www.ladepeche.fr/article/2008/11/27/499554-les-produits-alimentaires-chinois-qui-font-peur.html,  http://www.epochtimes.fr/des-produits-chimiques-toxiques-trouves-dans-des-vetements-pour-enfants-fabriques-en-chine-, http://www.alnas.fr/actualite/alimentation-sante/article/sante-10-aliments-en-provenance-de . D’après un rapport de la Commission européenne en 2016, 62% des produits dangereux arrivés en Europe viennent de Chine. Les contrôles, quand ils existent, sont difficiles et ne peuvent être systématiques).

Au lieu d’utiliser ses 3000 milliards de réserves de devises (chiffre de février 2017) pour réparer les dégâts environnementaux et soulager la vie des centaines de millions de victimes résultant de leur politique d’industrialisation à marche forcée, les dirigeants chinois, remplis de suffisance et d’appétit de puissance, préfèrent s’en servir pour réaliser leur ambition d’hégémonie mondiale.

Conscients de leur retard scientifique par rapport aux pays avancés, ils rachètent les entreprises occidentales en difficulté et les actions des entreprises florissantes pour s’emparer de leurs savoir-faire (cf. la mise en garde de la chancelière Merkel le29/6/2017 http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2017/06/29/97002-20170629FILWWW00089-merkel-met-en-garde-contre-l-expansionnisme-ec ). Quand ils n’y arrivent pas, ils n’hésitent pas à pratiquer la ruse et le vol (cf. http://www.vanityfair.fr/actualites/international/articles/comment-la-chine-vole-nos-secrets/15833 ).

Pour approvisionner leurs usines et si possible s’assurer un monopole, la Chine cherche à faire main basse sur toutes les ressources naturelles de la planète grâce à son portefeuille bien garni et à la complicité de gouvernants et individus avides et corrompus de tous les pays.

Dans la foulée elle achète des millions d’hectares de terres cultivables sur les cinq continents (même en France où 1700 ha du département de l’Indre sont devenues chinoises) http://www.leparisien.fr/espace-premium/fait-du-jour/10-millions-d-hectares-de-terres-cultivees-hors-de-leurs-frontieres-30-06-2016-5926767.php , non pas pour nourrir ses habitants en manque de provisions comme le répètent à l’envie les media, mais pour produire des aliments relativement sains pour les 400 millions de cadres et d’affidés du régime, le milliard d’esclaves devant se contenter des aliments empoisonnés produits en Chine même, l’excédent étant exporté (à se rappeler que la Chine est depuis 2015 le 1er pays exportateur de produits agricoles) aux dépens des diables et barbares (qualificatifs communément usités) étrangers.

Avec les pays développés ou démocratiques, les acquisitions chinoises restent discrètes dans la mesure où, pour exploiter les ressources et entreprises achetées, les nouveaux propriétaires chinois emploient de la main d’œuvre locale et gardent une partie de l’ancien personnel ; mais dans les pays où règne la corruption, ils ne se gênent pas pour pratiquer la colonisation de peuplement en faisant venir la main-d’œuvre directement de Chine au lieu de donner de l’emploi aux autochtones (ex. du Congo http://www.demainlenouveaucongobrazzaville.org/article-26660609.html ). Ces millions de travailleurs Chinois et leur famille non comptabilisés comme immigrants puisqu’ils sont en principe résidents temporaires le deviendront de fait avec le temps et viendront s’ajouter à la diaspora chinoise dont Pékin veut multiplier le nombre autant pour lever la pression démographique en Chine que pour disposer d’une cinquième colonne plus considérable à l’étranger.

Forte de sa puissance économique, pour contrer l’influence des Etats-Unis, la Chine bâtit depuis 2013 une « diplomatie de la route de la soie » appelée « une ceinture, une route » qui consiste à rendre dépendants d’elle 68 pays se trouvant sur une ligne la reliant par voie de terre et de mer à l’Europe (https://benillouche.blogspot.fr/2017/02/la-route-de-la-soie-par-dov-zerah.html). A la fois intimidés et séduits par la perspective de gros investissements, certains de ces pays sont déjà tombés dans son giron (comme le Pakistan alléché depuis 2015 par les avantages éventuels d’un investissement de 46 milliards pour la construction d’un corridor sino-pakistanais qui permettra aux Chinois de rallier directement l’océan indien, ou la Somalie qui vient de céder à la Chine 364 km² à Djibouti pour y installer sa première base militaire hors d’Asie) ou se montrent au moins conciliants comme l’Australie qui s’est sentie obligée de lui accorder des privilèges excessifs pour les entreprises chinoises sur son territoire.

A l’expansion économique correspond un essor militaire sans précédent. En quelques décennies la Chine s’est hissée au rang de 2e puissance militaire avec le plus grand nombre d’effectifs (plus de 2 millions) et un budget (actuellement de 140 milliards d’euros) qui ne cesse d’augmenter. Prête à un affrontement avec les Etats-Unis, elle met en place un plan quinquennal (2016-2020) de modernisation de l’armée pour la doter des armes et d’équipements les plus sophistiqués. Assurée de la supériorité de ses forces terrestres (qui possèdent la plus grande quantité de chars et de pièces d’artillerie), à défaut d’égaler l’aviation américaine, elle se dote d’un nombre impressionnant de missiles (avec de 1600 à 1800 têtes nucléaires selon le général russe Victor Iessine), profitant du fait qu’elle n’a pas signé les accords Salt de limitation des armes stratégiques que Russes et Américains doivent respecter.

Parmi les missiles, deux modèles ont été conçus exprès pour attaquer navires et porte-avions, le CM 302 présenté en 2016 et le DF21D lancé en 2015. Avec eux, la Chine peut, malgré son infériorité actuelle dans le domaine maritime, menacer la flotte américaine et repousser les Etats-Unis hors de la Mer orientale dont elle prétend faire sa chasse gardée. Car dans l’esprit des dirigeants chinois, l’hégémonie mondiale passe d’abord par la maîtrise des mers, c’est-à-dire le contrôle des voies maritimes et puisque la Chine est en Asie, il lui faut absolument exercer la domination sur la principale liaison entre l’Occident et l’Asie qui passe par le sud de la mer orientale. Et c’est là qu’intervient le Vietnam, à la fois verrou et porte d’accès à la suprématie.

Car le Vietnam, outre ses richesses naturelles qui n’ont cessé d’exciter la convoitise chinoise depuis des millénaires, occupe de par sa géographie une position stratégique unique qui amplifie le désir de Pékin de s’emparer du pays. C’est au large des îles Paracel et Spratly sises sur le plateau continental vietnamien et gouvernées officiellement par le Vietnam depuis le 18e siècle que passent tous les navires venant de l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient en direction de l’Asie de l’Est et vice-versa.

Asseoir sa souveraineté sur les deux archipels c’est pouvoir contrôler une voie maritime par où transitent des marchandises estimées à 5000 milliards euros/an, sans compter que ces îles sont entourées d’eaux très poissonneuses et abritent sous elles d’énormes gisements d’hydrocarbures (de 1% à 25% des réserves mondiales selon les estimations). Profitant de l’affaiblissement du Vietnam pendant la guerre civile nord-sud et pendant la guerre avec elle-même, la Chine s’empara en 1974 des Paracels qu’elle occupa entièrement et en 1988 des Spratly dont elle occupa une grande partie. Sachant ces occupations illégales, elle cherche à imposer une ligne de délimitation de ses eaux territoriales englobant les deux archipels appelée ligne des neuf points ou ligne U que contestent tous ses voisins. Depuis 2014 elle fait construire des îles artificielles dans les Spratly pour relier les petites îles ensemble et y installer une base militaire avec piste d’aviation et logements.

De facto la Chine fait déjà la loi en mer orientale, les pays de la région n’étant pas de taille à s’opposer à ses manigances. Ce qu’elle vise c’est d’en être le souverain de jure. Et pour cela il lui faut la reconnaissance de sa souveraineté sur les archipels par le seul pays qui peut y prétendre à bon droit, à savoir le Vietnam. En 1958, elle a déjà obtenu de Hồ Chí Minh une cession implicite des Paracels et Spratly via une lettre diplomatique reconnaissant la délimitation des eaux fixée par la Chine signée par son premier ministre Phạm Văn Đồng. Le problème est qu’il ne s’agit que d’une cession implicite rédigée en plus en termes plutôt vagues, et surtout le document n’a aucune valeur juridique car à l’époque Hanoi n’avait aucun droit sur ces archipels qui relevaient du pouvoir de Saigon.

En 1990, la chute de l’URSS et la pression militaire chinoise poussèrent les dirigeants de Hanoi à se rendre pieds et poings liés à Pékin au point de signer des accords secrets (par peur des réactions du peuple vietnamien) pour une annexion progressive du Vietnam à la Chine devant être effective en 2020. C’est ainsi que depuis lors, avec l’appui du pouvoir de Hanoi, les Chinois se sont appropriés au fil des temps de toutes les ressources du Vietnam et de ses meilleures terres, en premier des Paracels et Spratly dont ils interdisent l’approche aux pêcheurs Vietnamiens. Vis-à-vis de la population tenue dans l’ignorance et abêtie par la propagande, le pouvoir se contente de nier ou minimiser la situation, tout en se livrant à une féroce répression des patriotes opposés à la Chine. Bien qu’ils soient entièrement inféodés à Pékin, tant qu’ils sont au pouvoir, pour l’opinion nationale et internationale, les dictateurs de Hanoi rechignent à déclarer publiquement leur soumission à la Chine, en particularité la transmission de souveraineté sur les îles à l’empire, au grand mécontentement de ce dernier.

Cette réticence de Hanoi joue en faveur du monde libre, mais elle ne durera pas car 2020 approche et Pékin a déjà avancé tous ses pions pour faire du Vietnam une province chinoise. Le seul moyen pour tous les pays qui refusent l’hégémonie du Golem qu’ils ont eux-mêmes engendré est d’empêcher cette annexion programmée, c’est-à-dire d’aider le peuple vietnamien à se soulever contre le régime communiste pour instaurer un nouveau pouvoir nationaliste qui saura dénoncer les accords illicites et lutter contre vents et marées pour son indépendance. La Chine sera obligée de recourir à sa force armée, mais elle aura montré son réel visage et l’opinion internationale alertée se mettra derrière les gouvernements prêts à abattre le Golem.

Sur l’impérialisme chinois consulter en plus : https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article37117 ; http://www.bertrand-renouvin.fr/resister-a-limperialisme-chinois/ ; https://www.letemps.ch/opinions/2016/10/30/menace-chinoise-se-precise

Un exemple de manipulation chinoise pour s’emparer des terres d’un pays développé :    http://www.web-agri.fr/observatoire_marches/article/comment-la-chine-manipule-le-cours-mondial-du-lait-1929-119608.html