Les pluies diluviennes qui tombent sur le Vietnam depuis juin et atteignent ces jours-ci (10-14/10) un niveau record, ne cessent d’occasionner sporadiquement des inondations dévastatrices dans tout le pays, qu’aggrave le déversement concomitant des eaux des centaines de stations hydro-électriques, en particulier des énormes centrales chinoises en amont des fleuves vietnamiens, dont les flots soudainement volumineux s’abattent sur les barrages locaux, lesquels se protègent en déversant eux-mêmes les eaux de leurs bassins hydrauliques.

A la catastrophe naturelle annuelle s’ajoute ainsi depuis une dizaine d’années une calamité d’origine humaine : l’ouverture des vannes hydrauliques en période des grosses pluies, justifiée par la crainte de rupture des barrages sous la pression de la masse aquatique, crainte assez compréhensible quand on sait qu’ils ont été construits pour la plupart par des Chinois selon la technologie chinoise, considérée comme obsolète. Seulement, au lieu d’ouvrir régulièrement les vannes et de régler les débits d’eau en prévoyance des intempéries, les responsables des barrages préfèrent déverser leurs eaux en trombe, sans se concerter et sans préavis à la population, de préférence la nuit, et pire encore, au moment des fortes crues (il faut aussi rappeler que, par contre, ils refusent d’ouvrir les vannes en période sèche pour soutenir les paysans et pisciculteurs en mal d’eau). Ce qui provoque la rupture des digues (exemple, celle de la digue de Chương Mỹ dans la périphérie de Hanoï le 12/10, à cause du déversement des eaux du grand barrage de Hòa Bình) et augmente les ravages. A croire que leur but caché est de nuire le plus possible aux habitants, surtout quand derrière les barrages se pointe l’ombre de la Chine détentrice ou créditrice du capital servant à les construire.

La gravité croissante des inondations s’explique encore par l’incompétence et la cupidité des dirigeants communistes : Ils ont procédé à la quasi complète déforestation du pays (il y a eu reforestation mais il faut du temps pour que les plants, de variété ordinaire et non plus précieuse, grandissent) pas tant pour le développement de l’industrie et l’agriculture que pour leur profit personnel : chaque projet d’usine et surtout de station hydroélectrique sert de prétexte à la concession de dizaines à de milliers d’hectares de terrain comprenant d’inestimables forêts centenaires voire millénaires vouées à la destruction pour le plus grand profit des concessionnaires et des apparatchiks au pouvoir qui se partagent le revenu de la vente des bois (aux Chinois).

Ils ont parsemé les cours d’eau du Sud d’un réseau serré de digues sous prétexte de protéger la pisciculture, bloquant ainsi l’écoulement naturel du Mékong dans la multitude des arroyos du delta pour y renouveler l’eau, y déposer les alluvions et contribuer ainsi à l’auto-régulation du fleuve comme à la limitation des crues.

Ils ont permis le développement des villes sans se soucier de l’infrastructure pour l’évacuation des eaux (Hanoï n’a pas de tout-à-l’égout et à Saigon les canalisations prévues en 1870 pour une petite ville sont détériorées et non remplacées), faisant même combler étangs et lacs, canaux et arroyos qui s’en chargeaient en absence ou en complément d’égouts pour construire par-dessus. Le résultat est qu’en saison des pluies, la moindre averse prolongée oblige les Hanoïens comme les Saïgonnais à patauger dans l’eau sale, qui monte jusqu’à un mètre en période de crue. Tandis que l’argent donné et prêté par les organismes internationaux pour bâtir l’infrastructure a été surtout utilisé pour ériger des monuments inutiles et des édifices de prestige (dont il est facile de gonfler le prix pour détourner la différence avec le prix réel).

A cause des inondations, quand ils ne périssent pas (on compte déjà 65 morts, 35 disparus et 30 blessés du 10 au 14/10 à 17h), les habitants des régions touchées perdent non seulement leurs maisons et leurs biens (durant ces quelques jours, 200 maisons ont été détruites, 31000 maisons envahies par les flots), mais aussi leurs moyens de vivre (les cultures dans les rizières et les plantations sont compromises, et les élevages mis à mal : par exemple, à Yên Định, Thanh Hóa, des 6000 porcs d’une ferme seuls 200 ont échappé à la noyade). Et les dégâts risquent de s’étendre avec la tempête n°11 ou Khanoun venant de la Mer orientale attendue à partir du 17/10. Comme si les inondations ne suffisent pas, les usines chinoises en profitent pour rejeter leurs déchets chimiques dans la nature, ce qui explique que de milliers de poissons meurent en certains endroits, alors que par ailleurs, les poissons d’élevage s’échappent des rivières débordantes pour nager dans les villes.

Les victimes des catastrophes au Vietnam ne sont jamais indemnisées et peu assistées. A chaque fois, les autorités font appel à la solidarité publique mais l’argent recueilli est rarement distribué. Il est à noter que seuls les organismes reconnus par l’Etat peuvent se mêler de secours aux démunis, particuliers et autres qui veulent leur venir en aide doivent obtenir le permis des autorités sous peine d’être aussitôt en butte aux tracasseries de la police, voire jetés en prison pour « crime de sauver les gens » en quelque sorte. Les familles tombées dans la misère, livrées à elles-mêmes, sont obligées de laisser leurs enfants s’expatrier comme travailleurs prolétaires, ou de quitter leur terre au grand bénéfice des Chinois qui s’en approprient en la leur rachetant directement ou par l’entremise des dirigeants locaux. D’ailleurs, dans sa volonté de disposer de toute une partie du Centre-Vietnam pour agrandir leur concession Formosa, les Chinois font tout pour décourager ses habitants afin qu’ils partent (en période de grosses pluies, le grand barrage de Hố Hô qui surplombe la région vide systématiquement et sans préavis son lac de retenue d’eau pour détruire leurs maisons et tuer leurs bêtes et plants). Manque de bol pour eux, les catholiques qui y demeurent en grand nombre sont des récalcitrants qui s’obstinent à rester dans leurs paroisses et bravent la police aux ordres des politiques prochinois pour réclamer justice lors de manifestations régulières. Leur courage commence à réveiller la conscience de leurs compatriotes des autres provinces. Puisse-t-il servir de mèche à un soulèvement général !  

Quelques vidéos relatifs aux inondations d’octobre :

Le Vietnam sous l’eau https://www.youtube.com/watch?v=qMz2Alml_X8   et https://www.youtube.com/watch?v=bWoJE8xhWuc       

Saigon sous les eaux au bout de quelques heures de pluie  https://www.youtube.com/watch?v=InbnMM692vo&t=2s